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publication 23 avril 2019

Exploiter les technologies numériques pour renforcer durablement le système alimentaire mondial

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LES POINTS MARQUANTS

  • La réalisation des Objectifs de développement durable passe par l'amélioration du système alimentaire mondial.
  • En exploitant le potentiel du numérique au profit des agriculteurs comme de celui de l’agro-industrie, il est possible d’améliorer l'efficacité du système alimentaire à la fois dans les zones rurales et urbaines.
  • L’utilisation des technologies digitales peut permettre de réduire les coûts, améliorer l'accès à l’information, aux connaissances et aux marchés, et aider les agriculteurs à prendre des décisions avec plus de précision.

Les modes actuels de production et de consommation alimentaires ne sont pas durables. Notre système agricole est la principale cause de la déforestation et du recul de la biodiversité. Il est également à l’origine d’un quart de la pollution due aux gaz à effet de serre.

De plus, les 500 millions de petits agriculteurs à travers le monde qui assurent 80 % de la production alimentaire appartiennent aux catégories de population qui souffrent le plus de pauvreté et de malnutrition. Et la situation risque de s’aggraver : le changement climatique pourrait faire basculer plus de 100 millions d’habitants dans l'extrême pauvreté d’ici à 2030, en raison principalement de ses effets sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Il sera par conséquent indispensable d’améliorer l'efficacité du système alimentaire pour parvenir à nourrir durablement les quelque 10 milliards d’habitants que comptera la planète en 2050, tout en augmentant les revenus des agriculteurs, en les protégeant des dérèglements du climat et en les aidant à réussir.

D’où l’importance capitale des technologies numériques, qui offrent désormais la possibilité de renforcer considérablement les chaînes de valeur alimentaires. Ces innovations concernent aussi bien les technologies qui rendent les systèmes agricoles plus économes en ressources et plus résilients au climat, à l’instar de l’agriculture de précision, de l’ingénierie génétique et des techniques phytosanitaires biologiques, que les technologies qui améliorent la traçabilité des denrées du producteur au consommateur.

Comment améliorer le système alimentaire en exploitant tout le potentiel des technologies numériques ? Un rapport intitulé en anglais Harnessing Digital Technologies to Improve Food System Outcomes (a) se penche sur cette question, en montrant notamment comment les innovations digitales peuvent renforcer la transparence des chaînes de valeur agricoles, promouvoir une agriculture plus intelligente et optimiser les services publics. La publication éclaire aussi les écueils liés aux technologies numériques, à savoir une concentration excessive des prestataires de services, une mauvaise gouvernance des données et le risque d’exclusion. Enfin, elle propose une série d’axes d'action publique pour tirer parti des retombées de l’extension des réseaux mobiles dans les zones rurales.

Ce qu’il faut retenir

  • Les technologies numériques peuvent faciliter le rapprochement des vendeurs et des acheteurs et réduire considérablement les coûts ; faire baisser les inégalités dans l'accès à l’information, aux connaissances, aux technologies et aux marchés ; aider les agriculteurs à faire preuve de plus de précision dans leurs prises de décision en matière de gestion des ressources, grâce à des outils qui permettent de fournir, traiter et analyser un plus grand nombre de données plus rapidement ; et accroître la compétitivité des petits producteurs en réduisant les économies d'échelle dans l’agriculture.
  • On constate déjà les effets de l'intégration de technologies numériques diverses dans le système alimentaire : des consommateurs et des producteurs mieux informés, des pratiques agricoles plus intelligentes et des services publics qui fonctionnent mieux. Ces outils vont du plus simple, comme des vidéos pour diffuser des conseils auprès des agriculteurs en mode déconnecté, au plus complexe, avec des systèmes appliquant la technologie des registres distribués à la traçabilité des chaînes de valeur et des exemples de développement de l’agriculture de précision.
  • Le degré d'adoption de ces nouvelles technologies varie cependant beaucoup d’un pays à l’autre, les économies à faible revenu étant actuellement à la traîne. Pour intensifier ces usages, il faudra agir sur des facteurs liés à l’offre, dont notamment une présence insuffisante des réseaux mobiles et une offre d’applications numériques limitée dans les zones rurales. Il faudra aussi pallier aux manques du côté de la demande, et améliorer pour cela les compétences et les connaissances, la confiance et l'accessibilité financière, tout en remédiant à l’absence d’investissements complémentaires.
  • Par ailleurs, si les technologies digitales recèlent un potentiel considérable, leur adoption s’accompagne d’un certain nombre de risques : concentration excessive des prestataires de services, manque de confidentialité des données et pertes d’emplois dans certaines activités, ou encore failles de cybersécurité. Pour y remédier, les pouvoirs publics doivent s’efforcer de limiter les barrières à l'entrée de nouveaux opérateurs ; assurer une bonne gouvernance des données ; apporter un soutien ciblé aux petits agriculteurs, aux jeunes, aux femmes et aux autres groupes vulnérables ; et soutenir la formation professionnelle.
  • En conclusion, bien qu’elles ouvrent des perspectives importantes, les technologies numériques ne doivent pas être considérées comme la panacée. Il est en effet tout aussi essentiel d’investir dans le réseau routier, dans un accès fiable à l'électricité, dans des installations de stockage des récoltes et dans l'amélioration des chaînes logistiques reliant les agriculteurs aux marchés. De même, l'amélioration du climat de l’investissement et des politiques publiques entraînera une hausse de la demande de technologies numériques.