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Fiches de résultats04 mars 2025

Du champ au marché : le rôle des plateformes numériques dans le succès de l’agriculture ouest-africaine

The World Bank

Projet intégré de transformation numérique des régions rurales au Bénin (bénéficiaires). Crédit : Banque mondiale.

Zoom sur les résultats

  • Le projet pour l’e-agriculture en Côte d'Ivoire a amélioré l'accès au marché et à l'information avec la création d'une plateforme commerciale numérique. Entre 2018 et 2023, il a bénéficié à plus de 400 000 personnes travaillant dans les chaînes de valeur agricoles ciblées. 
  • Ce projet a en outre permis la création de plus de 43 000 comptes d'argent mobile, l'établissement de 187 points de vente proposant des cartes SIM et des services d'argent mobile et l’achat de plus de 53 000 cartes SIM par ses bénéficiaires.
  • Au Bénin, le projet intégré de transformation numérique des régions rurales a bénéficié à ce jour à plus de 103 000 personnes. Il a permis le développement de plateformes numériques élargissant l'accès à l'information, facilitant l'accès aux machines agricoles et améliorent la prise de décision au niveau de l'exploitation. 
  • Avec le projet d'accélération de la transformation numérique au Cameroun (PATNUC), plus de 9 000 producteurs sont désormais inscrits à un système de bons d’achat électroniques. Depuis avril 2024, ce sont près de 4 000 producteurs qui bénéficient de subventions pour l'achat d'engrais et de semences.

Les plateformes numériques offrent des solutions aux agriculteurs d'Afrique de l'Ouest en leur donnant accès à des informations en temps réel, en facilitant les liens avec les marchés et en améliorant l'accès aux services financiers. Elles permettent de combler le déficit d'information, de réduire les coûts de transaction et d'améliorer l'efficacité des chaînes de valeur agricoles, avec à la clé, une augmentation de la productivité et une amélioration de l'accès aux marchés pour les petits exploitants. Les investissements dans les plateformes, ainsi que dans d'autres domaines du numérique tels que l'infrastructure et les compétences, sont en phase avec les priorités de la Banque mondiale pour l’Afrique de l'Ouest et du Centre sur la période 2021-2025. En Côte d'Ivoire, par exemple, grâce au projet pour des solutions numériques en faveur du désenclavement des zones rurales et pour l'e-agriculture (PSNDEA), financé par la Banque mondiale, plus de 221 000 personnes ont désormais accès à l’internet, et plus de 43 000 d'entre elles ont créé un compte d'argent mobile entre 2018 et 2023. Le PSNDEA a permis à plus de 400 000 personnes travaillant dans les chaînes de valeur agricoles de bénéficier d'un meilleur accès aux marchés grâce à Agristore, une plateforme numérique développée dans le cadre du projet. De même, au Bénin, le projet intégré de transformation numérique des régions rurales (PITN2R) a déployé, entre 2020 et 2024, des plateformes offrant des services de conseil personnalisé en matière de cultures, de gestion des machines agricoles et de suivi des exploitations à partir de données géolocalisées, avec plus de 103 000 utilisateurs inscrits, dont près de 31 000 femmes. Enfin, le projet d’accélération de la transformation numérique au Cameroun (PATNUC) a mis au point et testé un système de bons d’achat électroniques, auquel se sont inscrits plus de 9 000 producteurs depuis avril 2024.

Défi

Alors que l'agriculture est un secteur vital en Afrique de l'Ouest, le manque d'accès à l'information et le sous-développement des infrastructures compliquent la tâche des producteurs. Ces difficultés entravent la productivité et l'accès au marché, en particulier pour les petits exploitants, qui sont les principaux acteurs de ce secteur dans la région. En Côte d'Ivoire, en 2018, 73 % de la population n'avait pas accès au haut débit mobile et n'était toujours pas connectée à l’internet. En outre, l'écart de couverture entre les zones urbaines et les zones rurales était important : la plupart des habitants en milieu rural ne disposaient pas d'une connexion internet et avaient peu accès aux informations et aux services. Les petits agriculteurs peinaient à accéder aux marchés et à répondre à la demande en termes de volume et de qualité du fait de leur accès limité à des informations en temps réel, ce qui nuisait à l’efficacité des chaînes de valeur agricoles. Au Bénin également, les agriculteurs rencontraient des problèmes : difficultés d’accès aux marchés en raison de la médiocrité des infrastructures, informations insuffisantes et peu fiables sur les semences, les outils et les récoltes. En outre, 62 % de la population n'avait pas accès aux services financiers. Au Cameroun, le secteur agricole souffre d’un manque de productivité, synonyme d'inefficacité et de faibles rendements. En cause, un recours insuffisant à la mécanisation, aux intrants et à l'irrigation, ainsi que des coûts de transaction élevés et des asymétries d'information tout au long de la chaîne de valeur.

Démarche

La promotion des opportunités du numérique est l'un des leviers de la transformation de l'économie et d’une croissance inclusive en Afrique de l'Ouest et du Centre. Pour cette région, les solutions digitales offrent une voie prometteuse permettant de soutenir la prestation de services efficaces et inclusifs et d'accroître la connectivité haut débit afin de booster les créations d’emplois et d'autonomiser les populations. En particulier, dans la stratégie pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, la transformation numérique est considérée comme un outil essentiel pour accroître la productivité de l’agriculture, améliorer l'accès aux marchés et renforcer la résilience de ce secteur.

  1. En Côte d'Ivoire, le projet pour l’e-agriculture visait à améliorer l'accès aux services numériques pour les habitants des zones rurales en élargissant l'accès à la connectivité internet. En collaboration avec le ministère de la Communication, de l'Économie numérique et des Postes, ce projet a fourni des subventions à moindre coût qui ont été attribuées dans le cadre d'un appel d'offres à des opérateurs privés dans les zones rurales présentant un déficit de couverture, mais également une faible rentabilité commerciale. Il s'est appuyé sur le financement de la Banque mondiale pour mobiliser des capitaux privés en accordant des subventions à effet catalyseur au secteur privé.
  2. Cette opération visait aussi à améliorer l'accès des agriculteurs aux marchés grâce à des plateformes numériques. En collaboration avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et son Agence nationale de développement rural, le site web Agristore.ci et son application mobile ont été mis au point et déployés dans le but d'aider les agriculteurs à commercialiser leurs produits et de mettre en relation fournisseurs et acheteurs.
  3. Au Bénin, le projet intégré de transformation numérique des régions rurales ambitionne de tirer parti des solutions numériques pour améliorer l'efficacité des chaînes de valeur, l'inclusion financière et l'accès aux marchés. Il a permis la mise au point d'une plateforme de conseils en e-agriculture, d'une plateforme numérique pour la gestion des machines et équipements agricoles, et d'une plateforme de gestion pour les producteurs dans des filières ciblées, qui intègre des données géolocalisées pour suivre l'évolution des exploitations enregistrées. Ces solutions ont amélioré la prise de décision au niveau de l'exploitation.
  4. Le projet d'accélération de la transformation numérique au Cameroun entend encourager le recours aux solutions agricoles numériques en expérimentant un système de bons d’achat électroniques et en élaborant des systèmes d'aide à la décision guidée par les données. Une plateforme de bons d’achats électroniques visant à faciliter l'accès aux intrants agricoles a été mise au point et testée. Elle a bénéficié à plus de 3 000 producteurs en 2024. En outre, un premier concours d'innovation a été organisé dans le cadre du projet. Dix solutions numériques ont été sélectionnées et récompensées ; elles seront mises en œuvre à grande échelle pour faire face aux principaux enjeux de l'agriculture camerounaise.

Résultats

Dans le cadre de multiples projets menés en Côte d'Ivoire, au Bénin et au Cameroun, plus de 733 000 personnes bénéficient directement de l'expansion des infrastructures numériques, de l'amélioration des chaînes de valeur agricoles et de services de conseils numériques. L'ensemble de ces initiatives contribuent à accroître la connectivité internet, à améliorer l'accès au marché et à faciliter l'inclusion financière numérique, en particulier au sein des communautés rurales et chez les femmes.

Côte d’Ivoire (2018-2023)

  1. Le déploiement d'une infrastructure mobile haut débit, rendu possible par le financement de la Banque mondiale, a permis à plus de 221 000 habitants en milieu rural d'accéder à l’internet, ce qui a amélioré leur accès à l'information et à des services essentiels. En outre, grâce à ce projet, plus de 43 000 comptes d'argent mobile ont été créés, 187 commerçants proposant des cartes SIM et des services d'argent mobile se sont établis, et plus de 53 000 cartes SIM ont été achetées.
  2. Le projet a bénéficié à plus de 400 000 personnes travaillant dans des filières agricoles, dont 58,9 % de femmes. Il a amélioré l'accès au marché et à l'information en proposant aux bénéficiaires une plateforme commerciale numérique, Agristore.ci, qui a été développée et lancée dans le cadre du projet. À la fin du projet, cette plateforme avait enregistré plus de 160 000 visites et plus de 36 000 listes de ventes, ce qui témoigne d'une forte utilisation.
  3. En outre, grâce au projet, un observatoire agricole a été créé au sein de l'Agence nationale pour le développement rural. Cet observatoire s’est révélé indispensable pour fournir des services de conseil agricole en temps réel aux petits exploitants dans les zones couvertes par le projet, avec à la clé une hausse de la productivité. Il proposait des services de conseil agricole numériques et des conseils agrométéorologiques par différents canaux : SMS, applications mobiles, services web et centre d'appel. Pendant la durée du projet, l'observatoire a envoyé plus de 11 millions de messages contenant des conseils agricoles, 44 % de ces messages étant destinés à des femmes.

The World Bank
En haut à gauche : Atelier de renforcement des capacités organisé par le projet (Côte d'Ivoire) | A droite : Site radio construit grâce au financement du projet | En bas à gauche : Publicité d'Agristore, la plateforme de marché numérique développée grâce au financement du projet (Côte d'Ivoire).

Bénin (2020-2025 ; clôture du projet prévue en juin 2025)

Plus de 103 000 personnes, dont près de 31 000 femmes, se sont inscrites sur les plateformes numériques développées grâce au financement de la Banque mondiale, qui ont pour but d'élargir l'accès à l'information, de faciliter l'accès aux machines agricoles et d'améliorer la prise de décision au sein des exploitations.

Cameroun (2022-2027 ; clôture du projet prévue en mars 2027)

En décembre 2024, plus de 9 000 producteurs étaient inscrits sur une plateforme de bons d’achat électroniques, et près de 4 000 personnes ont ainsi pu bénéficier de subventions pour l'achat d'engrais et de semences depuis avril 2024. D'ici décembre 2025, environ 16 000 producteurs devraient recevoir des subventions.

Témoignages

L'application de conseil électronique nous aide à apprendre les techniques de production de légumes, à partager les épidémies de maladie et à obtenir des solutions dans les langues locales, tandis que l'application de gestion de la ferme nous permet d'enregistrer les flux de trésorerie.
Cisou Bédari
Cisou Bédari
Maraîcher, Commune de Malanville (Bénin)

Données clés

Résultats de l%27enquête de satisfaction auprès des utilisateurs de la plateforme Agristore

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

En Côte d'Ivoire, le projet pour l’e-agriculture a été financé par un crédit de l’IDA de 52,2 millions d'euros (57,4 millions de dollars), dont 8,5 millions de dollars ont été consacrés à des interventions destinées à améliorer l'accès aux services, aux informations agricoles et aux marchés. Au Bénin, sur un crédit de 100 millions de dollars de l'IDA alloué au projet intégré de transformation numérique des régions rurales, environ 10 millions ont été consacrés au développement de plateformes numériques visant à accroître la productivité agricole. Le projet d'accélération de la transformation numérique au Cameroun a été financé par un crédit de l’IDA d’un montant de 100 millions de dollars, dont 30 millions destinés à faciliter les solutions numériques basées sur les données dans l'agriculture.

Partenariats

Le soutien aux solutions d'agriculture numérique nécessite des partenariats et une collaboration étroite avec les acteurs gouvernementaux en charge du secteur de l'économie numérique/des technologies de l'information et de la communication (TIC) ainsi que de l'agriculture et du développement rural. 

  • En Côte d'Ivoire, les principaux partenaires de mise en œuvre (pour les interventions concernées) étaient le ministère de la Communication, de l'Économie numérique et des Postes, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, l'Agence nationale de développement rural et l’Office d'aide à la commercialisation des produits vivriers. 
  • Au Bénin, la Banque mondiale a travaillé avec le ministère de l'Économie numérique en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche et la Fédération des unions de producteurs agricoles du Bénin.
  • Au Cameroun, les principaux partenaires de mise en œuvre sont le ministère des Postes et Télécommunications et le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. 

Perspectives 

Pour obtenir un impact à long terme, il est essentiel que les solutions agricoles numériques soient durables et que les clients et les partenaires s'approprient véritablement les produits. En Côte d'Ivoire, la durabilité de l'infrastructure numérique et de la connectivité dans les zones rurales est garantie par une obligation contractuelle mise en œuvre par le régulateur du secteur. L'opérateur, propriétaire de l'infrastructure, est tenu de fournir des services de qualité adéquate pendant au moins 10 ans après la clôture du projet, soit jusqu'en 2033. La plateforme d'agriculture numérique, Agristore, continuera à fonctionner en raison du niveau élevé d'utilisation et de satisfaction des bénéficiaires. L'infrastructure numérique ainsi mise en place est également utilisée par d'autres programmes liés à l'agriculture. Le projet de développement du secteur agroalimentaire en Côte d'Ivoire permettra d'intensifier l'utilisation de la plateforme et d'augmenter le nombre d'utilisateurs et sa couverture géographique, garantissant ainsi la viabilité de la plateforme. 

Pour le Bénin et le Cameroun, les projets sont toujours en cours (clôture prévue respectivement en juin 2025 et mars 2027). Ils s'attacheront, d’ici là, à soutenir le développement des plateformes afin d'intensifier les activités de communication auprès des agriculteurs. Au Cameroun, le projet vise à tirer parti des partenariats entre les promoteurs de solutions numériques innovantes dans l'agriculture et les organisations de producteurs afin de rendre l'impact plus durable.