Ousmane Diouf, chef adjoint du poste de Bakel, au Sénégal (projet OMVS). Crédit photo : Nathan Ochole / Banque mondiale.
Zoom sur les résultats
La construction d'une ligne de transport de 225 kilovolts (kV) sur 1 303 km reliant le réseau ivoirien à ceux du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée facilite les échanges d’électricité et permet de fournir une électricité abordable, renouvelable et abondante à environ 2,8 millions d’habitants dans ces trois pays. Cette initiative contribue également à ramener les émissions de gaz à effet de serre (GES) à environ 13,8 millions de tonnes de CO2.
Une nouvelle ligne de transport de 225 kV, longue de 228 km, reliant Kayes au Mali et Tambacounda au Sénégal, améliore considérablement l'approvisionnement et l'accès à l'électricité pour 404 000 personnes au Mali, en Mauritanie et au Sénégal.
Les initiatives d’interconnexion de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG) améliorent l'accès à une électricité propre, moins coûteuse et plus fiable pour plus de 2,5 millions de ménages et d'entreprises, soit 15 millions de bénéficiaires dans les quatre pays concernés (Guinée, Guinée-Bissau, Sénégal et Gambie).
La construction d'une ligne de transport de 330/225 kV longue de 913 km reliant le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Nigéria dans le cadre du projet d’interconnexion Dorsale Nord devrait permettre de fournir 600 MW d'électricité abordable, renouvelable et abondante au Niger, au Burkina Faso, au Bénin et au Togo, et d’électrifier les zones rurales au profit d’environ 1,2 million de personnes au Niger et au Burkina Faso.
Les pays africains coopèrent pour créer des marchés plus vastes et bénéficier d'économies d'échelle. Dans le secteur de l'énergie, la volonté politique, l'amélioration de la réglementation et les financements public-privé améliorent l'accès à l'électricité et son expansion sur tout le continent. La Banque mondiale, par l'intermédiaire de l'Association internationale de développement (IDA), sa branche dédiée aux pays à faible revenu, promeut la coopération régionale aux côtés de pays africains, des organisations régionales et d'autres partenaires de développement. Le programme d’appui au Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA, plus connu sous son acronyme anglais WAPP, pour West African Power Pool) est une initiative clé qui contribue à renforcer l'approvisionnement en électricité dans 14 pays, au bénéfice de 57 % de la population de la sous-région (soit plus de 244 millions de personnes). Parmi les autres initiatives récemment achevées ou en cours de réalisation pour atteindre l'accès universel à l'électricité d'ici 2030 figurent le projet d'interconnexion des réseaux électriques de la Côte d'Ivoire, du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée (CLSG), le projet d'interconnexion Dorsale Nord, le projet d'extension du réseau de transport électrique de l'Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et le projet d'interconnexion de l'Organisation de mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG).
Défi
L'accès universel à l'électricité est un enjeu mondial et une priorité absolue en Afrique subsaharienne. En Afrique de l'Ouest et du Centre, seulement 52 % de la population avait accès à l'électricité en 2020. Les principaux obstacles résident dans l'insuffisance de l'approvisionnement en électricité liée à de faibles capacités institutionnelles, dans l'inefficacité des marchés de l'électricité et des compagnies d'électricité, ainsi que dans le coût élevé de la production d'électricité dû notamment à la prédominance de la production thermique à partir de pétrole, de charbon et d'autres combustibles. Ces problèmes entravent la fourniture de services sociaux, le fonctionnement des entreprises, la production de revenus et la transformation économique de la région.
Démarche
La stratégie du Groupe de la Banque mondiale en faveur de l'intégration régionale dans le secteur de l'énergie en Afrique soutient la mise en place de marchés régionaux de l'électricité (« pools énergétiques ») plus efficients et résilients et s’inscrit dans le cadre du schéma directeur du Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (WAPP). Ce schéma directeur couvre l'ensemble de la sous-région (du Nigéria au Sénégal) et comprend des projets régionaux prioritaires de production et d'interconnexion électrique. Le programme de la Banque mondiale participe à la préparation et à la mise en œuvre d'un petit nombre d'entre eux (Dorsale Nord, CLSG, OMVS et OMVG). Les principaux avantages des pools régionaux sont les suivants :
Réduction des coûts d'approvisionnement en électricité : Les pools régionaux facilitent les échanges entre pays, ce qui permet à des sources de production meilleur marché de se substituer à des sources de production plus coûteuses ;
Amélioration de la sécurité de l'approvisionnement : les pools régionaux relient un ensemble plus large de ressources de production diverses ;
Réalisation d'économies d'échelle, en particulier dans le domaine de la production d'énergie renouvelable : les pools régionaux permettent de mettre en place des centrales électriques de plus grande taille, qui seraient surdimensionnées pour les petits marchés nationaux d’Afrique de l'Ouest, notamment dans l’hydroélectricité et le solaire photovoltaïque.
Le Groupe de la Banque mondiale s'emploie à concrétiser les avantages de ces pools régionaux en investissant dans la production d'électricité et dans les interconnexions entre pays, et en soutenant l'harmonisation des politiques et de la réglementation afin de faciliter le commerce transfrontalier de l'électricité. Ces efforts permettent de réduire les coûts, d'améliorer la rentabilité des systèmes et de renforcer la résilience. Selon un rapport, l'intégration régionale du secteur de l'énergie pourrait permettre aux pays africains d'économiser 40 milliards de dollars en dépenses d'investissement1, ce qui témoigne des avantages considérables de l'intégration des réseaux électriques nationaux dans des pools énergétiques régionaux. Le Groupe de la Banque mondiale soutient également le développement des énergies renouvelables en renforçant les capacités techniques pour des projets d'hydroélectricité et d'énergie solaire à grande échelle et leur intégration dans les réseaux régionaux.
Résultats
Grâce au soutien apporté par le Groupe de la Banque mondiale au WAPP, plus de 4 000 km de lignes de transport 225-330 kV ont été construits et mis en service, reliant les pays d'Afrique subsaharienne, depuis le Sénégal jusqu'au Nigéria. En octobre 2024, plus de 18 millions de personnes en bénéficiaient. Entre 2012 et 2024, quatre projets prioritaires figurant dans le schéma directeur du WAPP ont reçu une aide de l'IDA, ce qui a eu un impact significatif. Ces projets améliorent collectivement l'accès à l'électricité, répondent aux défis énergétiques actuels et aux perspectives de croissance future, et soutiennent le marché régional de l'électricité en Afrique de l'Ouest.
Achevé en 2022, le CLSG a permis la construction de 1 303 km de lignes électriques de 225 kV et de 11 sous-stations, facilitant ainsi les échanges transfrontaliers et élargissant l'accès à une électricité abordable dans les quatre pays concernés. Les importations rendues possibles grâce à cette interconnexion permettent au Libéria et à la Sierra Leone de satisfaire une demande croissante tout en remplaçant une production thermique au coût élevé, ce qui a une incidence positive sur la situation budgétaire des deux pays. En 2023, on estimait à 2,8 millions de personnes le nombre de bénéficiaires directs du CLSG. Grâce à ses exportations d'énergie hydroélectrique propre, la Côte d'Ivoire a vu ses recettes augmenter.
L'achèvement d'une ligne de transport de 225 kV longue de 228 km reliant Kayes au Mali et Tambacounda au Sénégal dans le cadre du projet d’extension OMVS a considérablement amélioré les réseaux d'électricité dans les pays participants, en particulier au Sénégal. Ce projet a permis d'augmenter la part d'énergie propre dans les pays de l'OMVS, de promouvoir les échanges d'énergie entre les pays et d'assurer la distribution des quotas des entités nationales d'électricité à partir de trois centrales électriques. Les coupures de courant ont diminué de 30 % en moyenne, les importations annuelles d'énergie hydroélectrique du Sénégal en provenance du Mali ont augmenté et les émissions de GES ont reculé, avec environ 3 millions de tonnes de CO2 évitées. En outre, ce projet favorise l'autonomisation économique féminine, bénéficiant à environ 4 000 femmes dans 18 municipalités, et améliore les moyens de subsistance d'environ 400 000 personnes.
Le projet d'interconnexion OMVG a déployé 1 677 km de lignes de 225 kV dans les pays de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Guinée (OMVG) et favorise les échanges transfrontaliers d'électricité tout en renforçant la sécurité énergétique dans 12 pays. Il établit un réseau de transport régional complet et facilite la réalisation de grands projets de production d'énergie hydroélectrique. Ainsi, la Guinée-Bissau est passée d'une dépendance totale à la location de groupes électrogènes coûteux fonctionnant au fioul lourd à une électricité 100 % hydroélectrique importée de Guinée. Le Sénégal exporte désormais de l'électricité vers la Gambie et la Guinée-Bissau et en importe de Guinée dans le cadre de contrats d'échanges d'électricité bilatéraux. L'interconnexion permet une capacité totale d'échanges d'électricité de 800 MW, soit huit fois la charge de pointe actuelle de la Gambie, ce qui améliore la fiabilité du service pour plus de 2,5 millions de ménages et d'entreprises.
La principale composante du projet d'interconnexion Dorsale Nord, à savoir la construction d'une ligne de transport de 330/225 kV sur 913 km et de sept sous-stations, permettra de réduire de 40 % les coûts de gros de l'électricité et d'électrifier des centaines de milliers de foyers, d’établissements scolaires, d’hôpitaux et d’entreprises. En octobre 2024, le projet avait permis de fournir de l'électricité à plus de 30 000 personnes dans les zones rurales du Burkina Faso, dont 15 000 femmes. Le projet, qui prévoit de desservir 1,2 million de nouveaux bénéficiaires ruraux au Niger et au Burkina Faso, s'inscrit dans le cadre d'efforts plus vastes visant à renforcer l'électrification rurale dans ces régions. La ligne de transport est achevée à 38,5 % et sept postes électriques ont été construits. De plus, une interconnexion de 117 km au Bénin vient d’être achevée, qui permet aux pays allant du Nigéria à l'est jusqu'à la Côte d'Ivoire à l'ouest d'échanger jusqu'à 500 MW d'électricité.
Témoignages
Sadio Seye dans son usine. Crédit photo : Nathan Ochole / Banque mondiale.
En 2022, nous avons eu recours aux groupes électrogènes pendant 70 heures seulement dans les cinq usines de Sodefitex. Jusqu'à présent, en 2023, nous n'avons pas eu à en utiliser un seul. C'est une source de fierté et de soulagement, car nous nous apprêtions à demander à notre conseil d'administration un gros investissement pour acheter de nouveaux groupes électrogènes.
Sadio Seye,
directeur d’exploitation de la Sodefitex, Tambacounda, Sénégal
Données clés
Carte des projets d'interconnexion du Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain.
Contribution du Groupe de la Banque mondiale
La Banque mondiale, par l’intermédiaire de l'IDA, a financé ces quatre projets majeurs à hauteur de plus de 1,1 milliard de dollars.
Partenariats
La Banque mondiale collabore avec les gouvernements nationaux et de multiples partenaires de développement pour financer des projets énergétiques régionaux en Afrique de l'Ouest. Les principaux partenaires qui apportent leur contribution sous forme de cofinancement, de financement parallèle et d’assistance technique sont la Banque africaine de développement, la Banque européenne d'investissement, la Banque de développement KfW, l'Agence française de développement, l'Union européenne, la Banque ouest-africaine de développement et la Banque islamique de développement. La Banque mondiale travaille en coordination avec des organisations régionales telles que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEAO), l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG). En outre, le secteur privé, par la réalisation de travaux de génie civil et l'assistance technique (maîtres d'œuvre ou sociétés d'ingénierie engagés par l'entité chargée de la mise en œuvre du projet), joue un rôle crucial dans l'alignement de ces projets sur les objectifs régionaux en matière d'énergie et pose les bases d'une future intégration du marché de l'électricité.
Perspectives
Le projet d’interconnexion CLSG s'inscrit dans une perspective de long terme, avec des actifs conçus pour durer plus de 50 ans. Le nombre de bénéficiaires devrait augmenter de manière significative à mesure que les opérateurs nationaux intensifieront leurs efforts d'électrification autour des postes du CLSG. L'interconnexion prévoit, dès le départ, un deuxième circuit pour couvrir la croissance future de la demande. Le réseau interconnecté de l'OMVS est le pool électrique infrarégional le plus avancé d'Afrique de l'Ouest et continue de se développer malgré des difficultés. Les échanges d'électricité entre les États membres devraient progresser, d'après les prévisions effectuées par les entreprises nationales d'électricité. Le projet OMVG touche à sa fin et se concentre sur la mise en service des systèmes et l'intégration dans le vaste réseau WAPP afin d'en maximiser les effets bénéfiques. Le projet Dorsale Nord offre de nombreux avantages à long terme, les projets d'électrification en cours devant permettre d'élargir l'accès pour les ménages et les entreprises. Ses résultats encourageants renforceront la coopération régionale et ouvriront la voie à l'intégration future des énergies renouvelables. Le renforcement du marché et du réseau électrique régional incitera le secteur privé à investir dans la production d'énergie solaire à grande échelle et à faible coût, ce qui offrira des possibilités d'exportation transfrontalières.
Ligne haute tension de 225 kV desservant Tambacounda, au Sénégal. Crédit photo : Nathan Ochole / Banque mondiale.
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