Principales réalisations
- Réduction des risques : Financement et mise en œuvre de plus de 230 projets de réduction des risques de catastrophe, représentant 304 millions de dollars. Les projets déjà achevés, d’un montant de 76,6 millions de dollars, ont touché environ 400 000 bénéficiaires directs et plus de 33 millions de bénéficiaires indirects à travers le pays.
- Renforcement institutionnel : Création et mise en service d’une nouvelle Direction de la gestion des risques naturels et adoption de la première stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe du Maroc (2021-2030).
- Protection financière : Mise en place d’un système de financement des risques de catastrophe mixte novateur, qui couvre l’ensemble de la population marocaine au moyen d’un régime d'assurance privé et d’un fonds public de solidarité. Déboursement de 300 millions de dollars après le tremblement de terre d’Al Haouz en 2023.
- Préparation aux catastrophes : Système d’alerte précoce des risques d’inondation opérationnel dans quatre provinces pilotes, bénéficiant directement à environ 240 000 personnes.
- Compréhension des risques : Meilleure compréhension des risques de catastrophe grâce à une évaluation nationale des risques multi-aléas et à l’élaboration de deux diagnostics et stratégies de résilience urbaine au niveau local.
Défi
Le Maroc fait partie des pays de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) qui sont les plus exposés aux risques géologiques et climatiques. Il est particulièrement vulnérable aux tremblements de terre, aux inondations, aux glissements de terrain et aux sécheresses. Le séisme d’Al Haouz, en septembre 2023, illustre la gravité de ces risques : il a touché au moins 300 000 personnes, détruit 60 000 bâtiments et causé près de 3 000 décès. Selon les estimations de la Banque mondiale, les catastrophes naturelles coûtent au Maroc plus de 575 millions de dollars par an. L’urbanisation et le changement climatique vont exacerber ces risques, sous l’effet notamment d’une intensification de la fréquence et de la gravité des aléas hydrométéorologiques.
Démarche
La Banque mondiale soutient depuis 15 ans les efforts déployés par le gouvernement marocain pour renforcer la résilience du pays face aux risques de catastrophe et climatiques. Dans le cadre de plusieurs opérations et activités d’assistance technique, elle a accompagné un changement d’approche dans la politique gouvernementale qui met moins l’accent sur la réponse d’urgence ex-post pour au contraire privilégier une vision plus intégrée de la gestion des risques de catastrophe, fortement axée sur la réduction des risques ex-ante et sur la préparation financière. Trois opérations de la Banque mondiale, représentant un montant total de 580 millions de dollars, ont soutenu des réformes institutionnelles, le renforcement des capacités, des investissements dans la réduction des risques et la mise en place d’un régime complet de financement et d’assurance contre les risques de catastrophe. Ces opérations ont été complétées par une série d’activités d’assistance technique portant sur des questions telles que la résilience urbaine, la résilience des infrastructures critiques, le renforcement de l’environnement réglementaire de la construction et le financement des risques de catastrophe.
Résultats
Au cours des 15 dernières années, la Banque mondiale a aidé le gouvernement marocain à transformer fondamentalement son système de gestion et de financement des risques de catastrophe, pour passer d’une approche réactive (ex-post) axée sur la réponse aux situations d’urgence à une approche préventive (ex-ante) axée sur le renforcement de la résilience. Cette évolution profite à l’ensemble de la population marocaine. Les résultats obtenus concernent cinq domaines principaux :
- Réduction des risques de catastrophe. Entre 2016 et 2024, la Banque mondiale a soutenu le financement et la mise en œuvre de plus de 230 projets de réduction des risques de catastrophe, pour un montant total de 304 millions de dollars. Cet appui s'est inscrit dans le cadre de la refonte du Fonds de lutte contre les catastrophes naturelles (FLCN), qui est passé d'un mécanisme d'intervention d'urgence à un fonds national de résilience. Les projets concernent notamment des investissements dans la protection contre les inondations, les systèmes d’alerte précoce et la cartographie des risques de catastrophe. Les projets achevés ont eu un impact positif sur environ 400 000 bénéficiaires directs et plus de 33 millions de bénéficiaires indirects à travers le pays.
- Renforcement institutionnel. En 2020, le gouvernement marocain a créé une nouvelle Direction de la gestion des risques naturels (DGRN) au sein du ministère de l’Intérieur, instaurant des responsabilités clairement définies. Les capacités institutionnelles ont été progressivement renforcées et la DGRN emploie aujourd’hui plus de 80 personnes à temps plein. En 2021, le gouvernement a adopté sa première stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe (2021-2030). Cette stratégie a donné lieu à un plan d'action prioritaire (2021-2023) et à un plan d'action opérationnel (2021-2026) qui englobe 18 programmes et 57 projets en cours d’exécution (par exemple, campagnes de sensibilisation aux catastrophes, soutien aux investissements public-privé dans la réduction des risques, renforcement de la résilience des réseaux publics critiques, etc.).
- Protection financière. En 2016, le gouvernement a adopté un régime d’assurance innovant pour la couverture des conséquences d'évènements catastrophiques (loi n° 110-14), qui est entré en vigueur en janvier 2020. Cette loi a mis en place un système assurantiel privé qui couvre plus de 17 millions de personnes. Pour compléter ce dispositif, le gouvernement a également créé un dispositif public — le Fonds de solidarité contre les évènements catastrophiques (FSEC) —, conçu pour couvrir la population non assurée, et notamment les ménages pauvres et vulnérables n'ayant pas les moyens de se procurer une assurance privée. Les opérations et les réserves du FSEC ont été financées par une taxe parafiscale sur les contrats privés d’assurance non-vie, qui a permis de collecter plus de 90 millions de dollars sur les années civiles 2020 à 2023. À la suite du tremblement de terre d’Al Haouz survenu le 8 septembre 2023, le FSEC a débloqué environ 300 millions de dollars pour couvrir les pertes éligibles à indemnisation, dont 275 millions de dollars provenaient de réassurances souscrites en 2020 et renouvelées en 2023.
- Préparation aux catastrophes. Un nouveau système d’alerte précoce, baptisé Vigirisque Inondations, est mis en œuvre depuis 2023 dans quatre zones pilotes (Mohammedia, région du Gharb, vallée de l’Ourika et province de Guelmim), au profit d'environ 240 000 bénéficiaires. Le système de protection civile n’a cessé de renforcer ses ressources humaines grâce à l’amélioration de la formation et de l’éducation, et à l’augmentation des effectifs. Enfin, un projet de directive nationale et un guide pratique visant à renforcer la résilience des infrastructures et des services essentiels ont été élaborés dans le cadre d’une collaboration interministérielle associant plus de 30 institutions gouvernementales.
- Compréhension des risques. En 2012, le Maroc a développé un modèle d’analyse probabiliste des risques de catastrophe naturelle (MnhPRA), qui permet d’estimer l’impact économique des séismes, inondations, tsunamis, sécheresses et glissements de terrain. Depuis 2021, le FSEC mène des efforts supplémentaires de modélisation des risques de catastrophe pour estimer les coûts financiers des tremblements de terre, des inondations et des glissements de terrain. Le gouvernement a également expérimenté l'élaboration de diagnostics et stratégies de résilience urbaine pour les villes de Fès et Mohammedia/Ain Harrouda, cette approche pouvant être reproduite dans d’autres municipalités. L’Observatoire national des risques, mis en place au sein de la DGRN, est actuellement renforcé en vue de le rendre pleinement opérationnel.
Données clés
Note : Taux de change au 1er avril 2024 : 1 USD = 0,099 MAD