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Fiches de résultats15 avril 2024

Améliorer les liaisons de transport pour des chaînes alimentaires plus résilientes

The World Bank

Vue aérienne d’un navire chargeant des céréales destinées à l’exportation.

Eduard Valentinov/Shutterstock

Malgré une production alimentaire record, la faim gagne du terrain dans le monde, et l’insécurité alimentaire reste particulièrement grave dans les régions fragiles et mal desservies en raison du coût élevé du transport. La logistique peut représenter jusqu’à la moitié du prix des produits alimentaires à la livraison. La Banque mondiale aide les pays à remédier aux vulnérabilités de leurs chaînes d’approvisionnement alimentaire et à mettre en place des réseaux de transport solides. Les projets financés par la Banque mondiale dans les domaines de la logistique régionale, des réseaux de transport intégrés et du désenclavement des zones rurales permettent de renforcer les chaînes d’approvisionnement alimentaire au profit de ceux qui en ont le plus besoin, avec à la clé une plus grande sécurité alimentaire et des prix moins volatils.

Principales réalisations

  • Entre 2010 et 2018, 53 millions de personnes vivant à proximité de l’axe de transport et de commerce Abidjan-Lagos ont bénéficié de la réduction des temps de trajet et de la facilitation de la circulation des personnes et des biens le long de ce corridor.
  • Entre 2008 et 2016, 1,5 million de Nigérians ont eu accès à une route praticable en toute saison à une distance de deux kilomètres, ce qui a amélioré l’accès aux marchés et aux services et permis aux agriculteurs de vendre leurs produits à des prix plus élevés.
  • Entre 2012 et 2016, au Soudan du Sud, l'accès à des services et marchés essentiels toute l’année a été étendu à près de 100 000 habitants des zones rurales, dont 48 % de femmes.
  • Le temps de passage à la frontière de Raxaul-Birgunj, entre l’Inde et le Népal, a été réduit de 62 %, pour passer de 2,3 à 0,87 jour entre 2013 et 2021.
  • Les coûts pour les poids lourds circulant sur l’axe routier Osh-Batken-Isfana entre la République kirghize et le Tadjikistan ont diminué de 20 % entre 2014 et 2019.

Défi

Les progrès sont largement insuffisants pour atteindre l’Objectif de développement durable (ODD) no 2, qui vise à éradiquer la faim d’ici à 2030 : en 2023, plus de 250 millions de personnes étaient confrontées à des crises alimentaires. Le coût du transport est un facteur qui influe considérablement sur les prix des denrées et sur la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays les plus pauvres du monde, où les dépenses alimentaires constituent jusqu’à 70 % du budget des ménages. Dans certaines régions d’Afrique, le coût de transport local peut représenter jusqu’à 50 % du prix des produits alimentaires. Dans de nombreux pays en développement, l’insuffisance des infrastructures tout au long de la chaîne d’approvisionnement et l’inefficacité des services de transport se traduisent par des coûts de transport élevés et des délais importants, de fortes fluctuations dans les prix alimentaires, des pénuries et des pertes post-récolte. Comme le souligne le World Resources Institute (a), en Afrique subsaharienne, la valeur des pertes après récolte enregistrées chaque année pour les seules céréales est supérieure à celle de l’aide alimentaire reçue au cours de la dernière décennie et égale à la valeur annuelle des importations de céréales.

En outre, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, qu’elles aient été causées par la pandémie de COVID-19 ou qu’elles soient imputables aux conflits et aux effets du changement climatique, peuvent engendrer un ensemble complexe de difficultés qui augmentent le coût du transport des produits alimentaires, en affectant toute la chaîne logistique, des producteurs aux consommateurs, et avec des répercussions qui s’étendent au monde entier. L’invasion de l’Ukraine par la Russie au début de l’année 2022 a exacerbé les tensions qui pesaient déjà sur l’approvisionnement alimentaire à la suite de la pandémie. L’invasion a interrompu les exportations céréalières de l’Ukraine pendant un certain temps et a conduit à la recherche de circuits alternatifs pour se reconnecter aux marchés mondiaux. Les effets conjugués de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine ont entraîné une augmentation de 56 % de l’indice FAO des prix alimentaires entre février 2020 et mars 2022, année où il a atteint un niveau record. L’indice a depuis reflué, même si, en février 2024, il était encore supérieur de 10 % à son niveau de février 2020 (en termes réels).

Démarche

Les projets financés par la Banque mondiale dans le secteur des transports visent à améliorer l’accès aux intrants agricoles et aux produits alimentaires, à réduire les coûts de transport, à réduire les délais et les coûts des échanges transfrontaliers, et à faciliter le transport des denrées et des intrants aussi bien à l’intérieur qu’entre les pays et les régions. Ils sont conçus pour aider les pays à maintenir et à renforcer leurs liens avec les marchés locaux et internationaux, ce qui est essentiel pour assurer l’accès aux intrants, garantir la disponibilité d’aliments, stabiliser les prix, limiter les pertes après récolte et remédier aux privations en cas de pénurie ou de perturbation importante des systèmes alimentaires. 

Le soutien de la Banque mondiale permet aux pays de développer leurs infrastructures de transport en créant notamment des réseaux résilients dans les zones rurales et à l'échelle régionale. Adaptées aux besoins de chaque contexte, les opérations associent généralement le développement d’infrastructures (ports, routes, chemins de fer, aéroports et postes-frontières) et des réformes de la politique publique et de la réglementation. Cette approche vise à assurer aux agriculteurs un meilleur accès aux intrants agricoles et à garantir à la population une plus grande sécurité alimentaire grâce à la disponibilité de produits frais, diversifiés et abordables. La baisse des coûts de transport conduit également à une réduction du gaspillage alimentaire et favorise le développement économique en général.

Les routes étaient très mauvaises avec des conditions très difficiles. Il y avait des tracasseries administratives de toutes sortes — douanes, police, gendarmerie — qui m’obligeaient à m’arrêter plusieurs fois. Il pouvait me falloir plus d’une semaine pour aller de Lomé à Ouagadougou, soit environ 950 kilomètres que je fais maintenant en moins de deux jours.
Image
Massata Cissé
Conductrice de poids lourds burkinabé qui sillonne les routes d’Afrique de l’Ouest

Résultats

Les projets de transport ont contribué à améliorer la sécurité alimentaire de multiples manières, avec des efforts et des résultats particulièrement remarquables dans deux domaines : les améliorations du réseau routier dans les zones rurales qui renforcent la sécurité alimentaire à l’intérieur des pays, d’une part, et, d’autre part, les mesures visant à faciliter les échanges et à améliorer la connectivité entre les pays.

Les projets de développement des routes de desserte rurales financés par la Banque mondiale ont contribué à renforcer la sécurité alimentaire grâce à un meilleur accès aux marchés et services agricoles :

  • Le deuxième projet relatif à l’accès et à la mobilité dans les zones rurales du Nigéria (RAMP-2), mis en œuvre entre 2008 et 2016 dans l’État de Kaduna, au centre-nord du pays, s’est attaché à remettre en état et étendre le réseau routier. Environ 1,5 million de personnes ont ainsi pu avoir accès à une route praticable en toute saison à moins de 2 km, ce qui a amélioré l’accès aux marchés et aux services et permis aux agriculteurs de vendre leurs produits à des prix plus élevés. Le projet a également contribué à réduire les coûts et la durée moyenne de transport, avec à la clé une hausse de 31 % du volume de produits agricoles transportés. Il a permis d’accroître la productivité agricole et de renforcer les capacités institutionnelles, ce qui a contribué à accroître la sécurité alimentaire et à améliorer la nutrition des populations rurales.
  • Le projet de développement des routes rurales au Soudan du Sud, mis en œuvre entre 2012 et 2016, a amélioré les liaisons routières et l’accès aux services agricoles pour les habitants de zones à fort potentiel agricole. Le projet a permis plusieurs avancées notables : i) près de 100 000 habitants des zones rurales, dont 48 % de femmes, ont directement profité du projet, en bénéficiant d’un accès en toute saison aux principaux services et marchés ; ii) 39 centres agricoles sont mieux desservis, et iii) la durée moyenne des trajets a diminué de deux tiers environ, pour passer de quelque trois heures à une heure seulement sur les axes Maggwi-Labone et Yei-New Lasu. La réduction du temps de trajet s’est traduite par une baisse des coûts de transport, grâce à laquelle les ménages ruraux ont pu accroître leurs revenus et leurs économies.

Les projets financés par la Banque mondiale ont contribué à améliorer la connectivité régionale, renforcer la résilience des systèmes de logistique alimentaire et réduire les délais et les coûts des échanges transfrontaliers :

  • Le projet de facilitation du commerce et des transports sur l'axe Abidjan-Lagos (phases 1 et 2), mis en œuvre entre 2010 et 2018, a contribué à réduire les goulets d'étranglement dans les ports et sur les routes le long de ce corridor grâce à des mesures de facilitation des échanges et à l’amélioration des infrastructures. Environ 53 millions de personnes (dont 33 % de femmes) vivant à proximité du corridor ont bénéficié des activités du projet grâce à la réduction de la durée des trajets et à une circulation plus fluide des personnes et des marchandises le long du corridor. Le projet a permis de réduire considérablement le temps d’attente des navires pour le déchargement de leur cargaison : ces délais ont été réduits de 14 à 11 jours à Abidjan, en Côte d’Ivoire, soit une baisse de 21 % ; de 18 à 9 jours à Lomé, au Togo (-50 %) ; et de 19 à 14 jours à Cotonou, en Bénin (-26 %). Ces améliorations ont contribué à accroître la compétitivité des ports situés le long du corridor Abidjan-Lagos. Le projet a également permis de réduire considérablement la durée des trajets et le passage des marchandises aux frontières de 47 %.
  • Le projet régional de commerce et de transport Népal-Inde, mis en œuvre entre 2013 et 2021, a contribué à réduire les temps de transport et les coûts logistiques le long du corridor Katmandou-Kolkata grâce à l’amélioration des infrastructures, au renforcement des capacités des laboratoires nationaux et à la simplification des transactions commerciales. Le temps de passage à la frontière de Raxaul-Birgunj a été réduit de 2,3 à 0,87 jour entre 2013 et 2021. Le projet a également contribué à la réalisation d’un bâtiment sanitaire et phytosanitaire à Katmandou, qui a permis de remédier aux retards d’expédition, aux coûts élevés et aux pertes dus à l’absence de laboratoires dotés d’une accréditation internationale pour l’analyse des produits agricoles destinés au commerce. La durée des formalités réglementaires pour les activités d’importation, d’exportation et de transit entre les deux pays a été réduite de 4,8 à 2,5 jours, soit une réduction de 2,3 jours, ce qui correspond à la moitié environ de la durée de conservation des légumineuses fraîches, qui sont l’un des principaux produits d’exportation du Népal vers l’Inde. Ces résultats ont été particulièrement importants pour l’agriculture, en permettant aux agriculteurs de réduire l’ampleur des pertes post-récolte.
  • La première phase du projet de liaisons routières en Asie centrale, mise en œuvre entre 2014 et 2019, a contribué à réduire la durée des trajets et les coûts commerciaux entre la République kirghize et le Tadjikistan en réhabilitant des tronçons prioritaires, en améliorant les opérations routières et en renforçant les pratiques d’entretien de la voirie sur l'axe Osh-Batken-Isfana (OBI). Ces interventions ont permis de réduire le temps de trajet moyen entre Isfana et Kairagach de 11 % environ pour les véhicules utilitaires, de 31 % pour les camionnettes et de 24 % pour les voitures. Les coûts pour les poids lourds circulant sur les tronçons couverts par le projet ont diminué de 20 %, pour passer de 0,52 à 0,42 dollar par véhicule et par kilomètre parcouru.
     

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Entre 2013 et 2023, les prêts de la Banque mondiale alloués à des projets de développement des réseaux routiers dans les zones rurales et des corridors de transport (connectivité régionale, logistique, facilitation des échanges) ont atteint près de 13 milliards de dollars, au profit de 52 opérations couvrant toutes les régions du monde. En outre, le montant des projets de transport et de logistique liés à la sécurité alimentaire qui étaient en préparation au début de l'année 2024 s'élève à 10 milliards de dollars au total.
 

Partenaires

La Banque mondiale est la plus importante source multilatérale de financement pour la réalisation de programmes et projets de transport et de logistique dans le monde entier. Afin de produire des changements et des résultats significatifs dans chaque pays, la Banque mondiale travaille en étroite collaboration avec d’autres banques et organismes de développement : Banque africaine de développement, Banque asiatique de développement (BAsD), Programme alimentaire mondial, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Fonds international de développement agricole des Nations Unies et Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).

La première phase du projet de liaisons routières en Asie centrale est un exemple de la réussite de ces partenariats. La Banque mondiale s'est ainsi associée à plusieurs partenaires pour améliorer les installations aux points de passage frontaliers et construire des liaisons routières complémentaires, dont notamment l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), l’Union européenne, la BAsD, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque islamique de développement et la Banque d’import-export de Chine. Ces partenariats, ainsi que les nouvelles initiatives menées avec la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, témoignent du potentiel de la collaboration pour accroître les ressources et maximiser ainsi l’envergure des interventions et leur impact sur le développement. 
 

Perspectives

Face au défi persistant de l’insécurité alimentaire, la Banque mondiale a intégré cet enjeu parmi ses six programmes sur les défis mondiaux nécessitant une action concertée. Le montant de ses projets en préparation dans les domaines croisés des transports et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle s'élève à environ 2,4 milliards de dollars pour les exercices 2024 et 2025. À l’avenir, la Banque mondiale privilégiera les interventions ayant le plus grand impact et orientera stratégiquement les investissements vers le développement d’infrastructures et de services de logistique qui permettent d’accroître la résilience des systèmes alimentaires grâce au renforcement des réseaux de transport. Le transport continuera de jouer un rôle essentiel pour la productivité, le commerce des denrées alimentaires, ainsi que pour la préparation et la réponse aux chocs.

La Banque mondiale est déterminée à améliorer la sécurité alimentaire de millions de personnes dans le monde, ce qui passe notamment par la nécessité de transformer le système alimentaire afin qu’il contribue à la santé et la prospérité sur une planète vivable. Cette nouvelle approche est centrée sur des interventions intersectorielles essentielles, où le transport joue un rôle clé sur le plan de l’accès aux produits alimentaires et de la logistique. Dans le droit fil de la nouvelle vision et mission de la Banque mondiale, elle s'attache à promouvoir des évaluations systématiques de manière à mieux cibler et étendre les interventions les plus efficaces du point de vue de la sécurité alimentaire.