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Fiches de résultats09 avril 2024

Soutenir en même temps l’éducation et la nutrition des jeunes enfants pour poser les bases d’un avenir prometteur au Sénégal

The World Bank

Khady Coulibaly, enseignante bénévole, au milieu de ses élèves dans une classe préscolaire communautaire.

Crédits photo : Ousseynou Ndiaye, Unité d'exécution du projet, Ministère de la Famille.

Faits marquants

  • La mise en place d’interventions en faveur de la petite enfance a soutenu 14 millions de mères et d’enfants au Sénégal entre 2020 et 2024. 
  • Dans les régions ciblées par le projet, plus de 10 millions d’enfants âgés de 0 à 23 mois bénéficient d’interventions de nutrition et d'éveil vitales entre 2020 et 2024.
  • Les interventions axées sur la petite enfance ont permis de réduire les taux de retard de croissance de 21 à 18 % (2015-2019), tandis que le taux d’enregistrement des naissances a grimpé de 43 à 73 % (2018-2023).
  • Environ 92 300 filles et 94 500 garçons ont bénéficié de services d'éducation améliorés destinés aux jeunes enfants. 
  • Avec l’aide de 900 chefs religieux, le Programme de renforcement de la nutrition, mis en place sous l'égide du Conseil national de développement de la nutrition (CNDN), plaide pour des investissements accrus et un plus grand engagement parental dans le développement de la petite enfance. 
  • Une collaboration multisectorielle associant organismes nationaux, ministères et partenaires techniques a joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre efficace du projet.

La Banque mondiale a soutenu toute une série d’interventions en faveur de la petite enfance au Sénégal, centrées en particulier sur la fourniture de services de nutrition essentiels, qui ont bénéficié à 14 millions de mères et d’enfants. Elle a aidé les autorités du pays à s'attaquer à des problèmes critiques en matière de santé et de nutrition, en permettant ainsi de réduire les taux de retard de croissance de 21 à 18 % entre 2015 et 2019, tout en contribuant à une hausse significative du taux d’enregistrement des naissances, qui est passé de 43 à 73 % entre 2018 et 2023. Le projet a en outre favorisé l’inclusion et l'égalité des sexes : plus de 92 000 filles et de 94 000 garçons ont bénéficié de services d'éducation destinés aux jeunes enfants.

Défi

Au Sénégal, comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, la pauvreté et les inégalités sont des problématiques multiformes qui posent un défi crucial au développement. Le Sénégal se classe actuellement dans le quintile le plus bas de l’indice de développement humain, au 170e rang sur 190 pays1. Alors que 9,2 % de sa population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, il affiche un taux de pauvreté relativement plus bas que ceux de pays voisins comme le Mali (15 %), la Guinée (14 %) et la Guinée Bissau (22 %), mais qui témoigne d’obstacles considérables. Ce sont les zones rurales qui en pâtissent le plus : elles abritent un peu plus de la moitié de la population (53 %), mais comptent 80 % des ménages en situation de pauvreté chronique et vulnérables. Les répercussions de la pauvreté sont particulièrement sévères en ce qui concerne la nutrition, la santé et l’éducation des plus jeunes, sachant que 85 % des ménages les plus pauvres ont des enfants de moins de cinq ans2.

Sur le plan nutritionnel, une proportion importante des nourrissons (64 %) ne sont pas exclusivement nourris au sein et 93 % des jeunes enfants ne bénéficient pas d’une alimentation minimale acceptable, ce qui affecte leur croissance et leurs capacités d'apprentissage. La gravité de la situation met en péril la réalisation par le Sénégal des principaux Objectifs de développement durable (ODD).

Dans le secteur de l’éducation, malgré une augmentation significative de plus de dix points de pourcentage entre les années 2000 et 2020, la proportion d’enfants fréquentant l’école maternelle au Sénégal reste faible par rapport à la moyenne régionale, avec des taux de 18 % pour les filles et 16 % pour les garçons — contre une moyenne de 24 % pour les deux sexes en Afrique de l’Ouest et centrale3. Seule une faible proportion des enfants a donc accès à une éducation préscolaire. Et la plupart d’entre eux sont issus des classes moyennes et supérieures, qui vivent dans les villes et perçoivent les bénéfices d’une éducation précoce pour la réussite de leurs enfants. De plus, en milieu urbain comme en milieu rural, de nombreux parents préfèrent donner une éducation religieuse à leurs enfants dès leur plus jeune âge.

Malgré le rythme soutenu de la croissance économique sénégalaise, constamment supérieure à 6 % par an entre 2014 et 2020, l’instauration d’un développement inclusif reste un défi pour le pays. Et si les dépenses publiques dans les secteurs sociaux atteignent en moyenne 30 %, il apparaît que la croissance économique ne se traduit pas par une prospérité généralisée. La présence d’un cadre institutionnel fragmenté et l’absence d’un leadership fort viennent s’ajouter aux problèmes complexes auxquels se heurte la réalisation d’un développement durable et inclusif au Sénégal. Les difficultés à progresser ont conduit à une collaboration avec de multiples acteurs et une coordination intersectorielle visant à s’attaquer aux problèmes sous-jacents.

Démarche

L’orientation stratégique de la Banque mondiale s’inscrit dans le droit fil du Plan Sénégal émergent du gouvernement et plus particulièrement de son deuxième plan d’action prioritaire (2019-2023). Elle vise à renforcer les institutions et les communautés en mettant l’accent sur les interventions en faveur de la petite enfance, en élargissant l’accès aux services dans les zones rurales et périurbaines marginalisées et en améliorant l’efficacité et la transparence des institutions de gouvernance et des systèmes de protection sociale. Le soutien apporté à ce plan par le projet « Investir dans les premières années du développement humain au Sénégal » (ou PIPADHS) est double : il s'agit d’agir en même temps dans le secteur de l’éducation et dans celui de la nutrition.

Cette opération s’appuie sur une autre initiative de la Banque mondiale, le projet d’investissement dans la santé maternelle, infantile et juvénile (ISMEA). Les équipes des deux projets ont procédé à une répartition des zones géographiques de manière à assurer une couverture étendue, en s’attachant à mettre en œuvre des activités cohérentes de nutrition et d'éveil à l’échelle nationale. Cette approche collaborative a pour objectif d'accroître l’impact et la portée d’initiatives cruciales pour le développement de la petite enfance.

Le Programme de renforcement de la nutrition du CNDN, auquel la Banque mondiale apporte son soutien, constitue la pièce maîtresse de la lutte contre la pauvreté et la malnutrition. À ce titre, il fait partie intégrante du PIPADHS. Ce programme vise à lever les nombreux obstacles que rencontrent les familles, et en particulier les femmes, pour avoir accès à une alimentation de qualité et à des ressources pour répondre aux besoins nutritionnels de leur foyer. En collaboration avec les populations locales et les chefs religieux, le CNDN facilite l’élaboration de solutions les mieux à même d'établir des bases plus solides pour l'avenir des enfants du Sénégal. La participation de plus de 900 chefs religieux joue notamment un rôle capital dans les efforts de promotion des investissements et de l’engagement parental dans le développement de la petite enfance.

Le CNDN a adopté au fil des années une approche multidimensionnelle qui consiste en la mise en œuvre d’actions intersectorielles et innovantes en faveur de l’autonomisation des femmes dans les zones rurales et semi-urbaines aux prises avec des taux élevés d’insécurité alimentaire et de malnutrition aiguë chez les nourrissons. Ces actions, qui soutiennent la nutrition et l'éveil des enfants au cours de la période fondamentale des 1 000 premiers jours de la vie, tirent parti des nouvelles technologies pour renforcer les systèmes existants et promeuvent des pratiques essentielles en matière de santé et de nutrition familiales. Le succès de cette approche novatrice repose sur le rôle et l’autonomisation des femmes, ainsi que sur la priorité accordée aux actifs communautaires.

Le PIPADHS entend également soutenir l'accès à une éducation de qualité. À cette fin, il noue des partenariats innovants avec des écoles coraniques (appelées daaras au Sénégal), selon une démarche qui a fait la preuve de sa grande efficacité. Basés sur la performance, les contrats conclus avec les daaras garantissent l’intégration hebdomadaire d’au moins 10 heures d’apprentissage de qualité et axé sur le jeu, favorisant ainsi le développement cognitif et social des jeunes enfants, ainsi que l'acquisition précoce de compétences en lecture, écriture et calcul qui faciliteront leur développement scolaire ultérieur. Le projet soutient également la création de classes préscolaires communautaires (CPC) et le lancement de l’initiative Read@Home (« Lisons à la maison »). Cette initiative, qui prévoit la distribution de livres d'histoires en arabe, en français et dans sept langues sénégalaises, vise à atteindre 50 % de tous les enfants de moins de six ans dans sept régions du pays, en mettant l'accent sur celles qui accusent les résultats les plus faibles en matière de développement de la petite enfance.

Résultats

Malgré les défis considérables posés par la pandémie de COVID-19 et la restructuration gouvernementale, le projet « Investir dans les premières années du développement humain au Sénégal » (PIPADHS) a enregistré des progrès remarquables et des réalisations tangibles depuis son lancement en 2018.

Au premier rang de ces résultats figure l’impact transformateur du projet pour les plus de 10 millions d’enfants, soit 52 % des enfants âgés de 0 à 23 mois dans les régions ciblées, qui bénéficient désormais d’interventions vitales en matière de nutrition et d'éveil. Ils n'étaient que 19 % en 2018, et cette progression spectaculaire témoigne de la manière dont le projet a réussi à avoir des effets positifs sur un segment important de la population visée.

Cette opération a par ailleurs permis d’améliorer considérablement le taux d’enregistrement des naissances chez les enfants âgés de 0 à 5 ans, qui a grimpé de 43 à 73 %, soit bien au-delà de l’objectif initial de 60 %. L’inscription des enfants dans les registres d'état civil est d’autant plus importante qu’il s’agit d’une condition préalable à leur scolarisation à un âge et un niveau appropriés, ainsi qu’à un soutien nutritionnel mieux ciblé. 

Le PIPADHS a mis également l’accent sur l’inclusion et l'égalité des sexes, en particulier en ce qui concerne l’accès des filles à un apprentissage précoce de qualité. Ses interventions directes ont permis à plus de 92 000 filles et plus de 94 000 garçons de bénéficier de services d'éducation améliorés destinés aux jeunes enfants.

Témoignages de bénéficiaires

The World Bank

Sokhna et son fils, Khalifa Babacar Thiandoum. Village de Thiekene, dans le département de Pout (région de Thiès), au Sénégal.

Crédits photo : Lamine Ndao, Sénégal – Programme national de renforcement de la nutrition (SE-CNDN).

Je pense que ce programme est très utile et bénéfique pour ma famille. Je m’occupe mieux de mon petit dernier, et il se développe mieux que mes premiers enfants. Je le dois à tous les services dont nous bénéficions mon fils et moi, car ils permettent aux enfants de bien grandir, de se développer harmonieusement et d’être plus épanouis. Avec les autres mères de famille, nous n’espérons qu’une chose, que cela puisse continuer ainsi, parce que grâce à ce programme, il n’y a plus de malnutrition dans notre village.
Sokhna Pouye,
Maman d’un petit garçon de deux ans, village de Thiekene, dans le département de Pout (région de Thiès), au Sénégal.

Données clés

Soutenir en même temps l’éducation et la nutrition des jeunes enfants pour poser les bases d’un avenir prometteur au Sénégal

Source : Équipe de suivi et d’évaluation du projet PIPADHS (Banque mondiale).

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Financé par un don de 75 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA), le projet « Investir dans les premières années du développement humain au Sénégal » (PIPADHS) a été conçu comme une initiative globale et complète. Axé sur une action transformatrice, il consacre 37 millions de dollars à la période critique que constituent les 1 000 premiers jours de la vie pour poser les bases de la santé et du développement de l'enfant. Le projet alloue en outre 22 millions de dollars à la promotion d’un apprentissage précoce de qualité. Une autre composante vient compléter ces objectifs principaux, avec une enveloppe de 11 millions de dollars destinée à la protection de l’enfance et au renforcement des systèmes, apportant ainsi résilience et sécurité aux plus vulnérables.

Partenaires

L’approche du projet nécessite une collaboration avec les principales parties prenantes directement impliquées dans sa mise en œuvre, à savoir : le Conseil national de développement de la nutrition (CNDN), le ministère de l'Éducation nationale (MEN), le ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants (MFFPE) et l’Agence nationale de développement de la petite enfance (ANPECTP). Afin de faciliter la coordination, un groupe de travail technique multisectoriel a été mis en place. Il est présidé par le secrétaire général du MFFPE et composé de responsables techniques issus des trois structures de mise en œuvre et de l’unité d’exécution du projet. S’appuyant sur un partenariat de longue date né dans les années 2000, la Banque mondiale collabore étroitement avec le CNDN, et cette coopération a permis au projet d’élargir considérablement les services de la petite enfance, tant sur le plan de la nutrition, que de l’éveil et de la protection. La mise en œuvre du projet bénéficie également de la participation d’autres entités, telles que l’Agence d’enregistrement des naissances, ainsi que de partenaires techniques — Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Save The Children, ChildFund, Associates in Research and Education for Development (ARED), La Lumière et Tostan —, auxquels s’ajoutent diverses organisations non gouvernementales nationales.

La collaboration entre la Banque mondiale et l’UNICEF illustre le large éventail d’activités menées en partenariat avec d’autres organisations. Par exemple, les activités d'éveil des jeunes enfants développées dans le cadre du PIPADHS ont tiré parti d’un programme pilote financé par l’UNICEF. De même, le projet s’est appuyé sur le travail de l’UNICEF avec le ministère de l’Éducation nationale afin d’élaborer un programme d'études et des outils pédagogiques destinés aux écoles coraniques. En outre, des consultations régulières ont été menées avec l’équipe de l’UNICEF, dès la conception du projet et durant son exécution. Cette collaboration intersectorielle harmonieuse, qui a servi de passerelle entre les organismes nationaux et les acteurs locaux et régionaux, est un exemple de mise en œuvre efficace d’un projet. C’est aussi un modèle qui pourrait être reproduit pour des contextes similaires, dans d’autres pays ou régions.

Perspectives

Le gouvernement sénégalais va de l’avant dans sa collaboration avec la Banque mondiale, démontrant ainsi son engagement à bâtir des communautés résilientes. Le projet « Investir dans les premières années du développement humain au Sénégal » (PIPADHS), encore en cours, cherche à améliorer la gestion et l’accessibilité de services essentiels dans les sept régions restantes, au profit de près de 4 millions de personnes, tout en s'efforçant de capitaliser sur les succès déjà obtenus. Les axes stratégiques seront affinés en mettant l’accent sur les activités liées à la garde des enfants, l’éducation, ainsi que la protection sociale dans les projets sur l’enseignement supérieur et la santé. Ces efforts offrent de précieux enseignements quant à l’efficacité de l’approche intersectorielle poursuivie et qui s’illustre notamment par la répartition des zones d’intervention entre deux projets de la Banque mondiale, de manière à assurer une couverture complète — à savoir, le PIPADHS et le projet d’investissement dans la santé maternelle, infantile et juvénile (ISMEA) (relevant du secteur Santé, nutrition et population). 

Forts de cette expérience, de nouveaux projets entrepris dans les secteurs de l’enseignement supérieur et de la santé intègrent des activités portant sur la garde des enfants — dont le projet Espoir-Jeunes, depuis janvier 2024, et le projet pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD), depuis septembre 2023. Les équipes chargées de la protection sociale étudient également comment exploiter les registres sociaux et les transferts monétaires pour renforcer les initiatives de développement de la petite enfance, tout en travaillant en étroite collaboration avec les « mères-leaders ». 

De nombreux pays de la région pourraient, à partir de cette démarche intersectorielle, consolider leurs efforts de développement en intégrant pleinement divers ministères à des projets collaboratifs. De fait, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest adoptent déjà ce modèle. Au Bénin, par exemple, le programme Gbessoke (approuvé en 2023) est une initiative intégrée qui promeut l'accès à toute une gamme de services sociaux afin de soutenir des moyens de subsistance productifs, la résilience et l’amélioration des résultats en matière d’éducation et de santé. Environ 150 000 personnes, soit 61 % des ménages en situation d'extrême pauvreté qui figurent dans le registre social, bénéficieront du programme, qui s’étendra jusqu’à la fin de l'année 2027.

 

1. https://hdr.undp.org/data-center/country-insights#/ranks (a).
2. Situation économique du Sénégal en 2023, Banque mondiale (2023).
3. Données de la Banque mondiale : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.HOU.FEMA.ZS