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Fiches de résultats 13 octobre 2020

Se préparer et faire face aux épidémies

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Un agent du ministère de la Santé revêtu d'une combinaison de protection se prépare à entrer dans une maison à Freetown (Sierra Leone), 2016. Photo © Dominic Chavez/Banque mondiale


Les pays africains qui participent au programme REDISSE étaient bien préparés pour réagir rapidement et efficacement à la pandémie de COVID-19. Avant même la crise sanitaire, le programme améliorait les moyens de surveillance et de préparation aux épidémies. Lorsque la menace de la COVID-19 a commencé à s'intensifier, il a fourni plus de 200 millions de dollars pour appuyer la riposte déployée dans 13 pays d'Afrique de l'Ouest et centrale.

Défi

L'épidémie d'Ebola de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest a mis en évidence la nécessité de développer des systèmes de santé plus solides, une mobilisation multisectorielle et la collaboration entre pays voisins pour prévenir, détecter et combattre le risque de maladies émergentes et épidémiques. Elle a submergé les systèmes de santé publique en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, entraînant une escalade rapide et une propagation géographique de l'épidémie ainsi que la perturbation de soins essentiels, voire vitaux. La Banque mondiale a lancé le programme de renforcement des systèmes régionaux de surveillance des maladies (plus connu sous son acronyme en anglais REDISSE) en 2016 afin de remédier à cette situation et d'aider les pays à se protéger contre les risques d'épidémie dus au virus Ebola et à d'autres agents pathogènes tels que le nouveau coronavirus (COVID-19).  

Démarche

Le programme REDISSE englobe un ensemble de projets interdépendants mis en œuvre entre 2016 et 2019. Il réunit actuellement 16 pays d'Afrique de l'Ouest et centrale, et son action s’articule autour de trois axes : remédier aux faiblesses des systèmes de santé humaine et animale dans le domaine de la veille sanitaire et de la lutte contre les maladies, renforcer les capacités de collaboration intersectorielle et transfrontalière, et apporter une réponse immédiate et efficace aux situations d'urgence.

Les activités menées au titre du programme bénéficient directement à près de 500 millions de personnes vivant dans certains des pays les plus vulnérables du monde. Son financement repose sur des crédits et des dons de l'Association internationale de développement (IDA), des prêts de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) (60 millions de dollars pour l'Angola) et des fonds fiduciaires à donateurs multiples ou uniques. Dans les pays éligibles à l'aide de l'IDA, les gouvernements ont accès aux financements nationaux et régionaux de l'Association, ce qui les incite à investir dans des systèmes modernes de surveillance des maladies, dans les capacités des laboratoires, dans le personnel dédié à la sécurité sanitaire et dans la planification et la préparation aux épidémies.

La démarche régionale préconisée par le programme met l'accent sur l'action collective et la collaboration transfrontalière de manière à partager les informations, harmoniser les politiques et les procédures, et à planifier, mettre en œuvre et évaluer conjointement les activités du programme. Elle encourage également la mutualisation de moyens spécialisés et onéreux, tels que les laboratoires de référence régionaux, les établissements de formation et les stocks d'urgence. Compte tenu du rôle des interrelations homme-animal-écosystème dans l'émergence et la propagation de nouvelles maladies à tendance épidémique, le programme REDISSE prône une approche sanitaire interdisciplinaire et unitaire (« une seule santé ») qui favorise les activités et la collaboration entre de multiples secteurs. Il s'agit d’un programme évolutif qui a bénéficié de l'intégration des enseignements tirés de sa mise en œuvre ainsi que d’un travail analytique plus poussé.

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Des techniciens de laboratoire manipulent un prélèvement, Libéria (2016). Source : Dominic Chavez/Banque mondiale

Résultats

Le programme REDISSE englobe quatre projets régionaux réunissant au total 16 pays participants et deux institutions régionales en Afrique de l'Ouest et centrale. Tous ses projets contribuent à la sécurité sanitaire régionale et aux capacités nationales de prévention, de détection et de réponse aux épidémies.

Le programme a fait progresser la sécurité sanitaire en Afrique de l'Ouest et il est en passe de produire ses effets en Afrique centrale. À l'échelle de l'Afrique de l'Ouest, il a permis d'obtenir les résultats suivants :

  • des pays ont conclu des accords sur les politiques, les stratégies et les protocoles relatifs aux normes de laboratoire (2017), au transport des spécimens biologiques (2018), et aux politiques régionales sur la mise en œuvre, la biosécurité, la bioinformatique et la biosûreté (2019) ;
  • une plateforme unitaire a été créée pour promouvoir la collaboration intersectorielle, et une feuille de route pour la mise en œuvre de cette approche a été adoptée par les ministres de la santé, de l'agriculture et de l'élevage, et de l'environnement en 2017 ;
  • un réseau de 15 laboratoires régionaux de référence pour la santé humaine et animale a été mis sur pied en octobre 2016 ; 
  • un programme de formation à l'épidémiologie de terrain et aux techniques de laboratoire a été mis en place en 2018 et plus de 100 étudiants reçoivent une formation de niveau master dans des institutions régionales. La première promotion de 50 étudiants sera diplômée en 2020 ;
  • entre 2017 et 2019, 47 centres de surveillance épidémiologique (CES) ont été créés au niveau des districts et 53 CES supplémentaires sont en cours d'installation (sur les 147 prévus) ;
  • un réseau régional de biobanques et un stock régional d'équipements de protection individuelle, de médicaments et de vaccins pour la lutte contre les épidémies ont été mis en place en 2018 en Côte d'Ivoire.

Le programme REDISSE a également renforcé les systèmes de veille sanitaire et d'intervention dans les pays participants. Les trois premiers pays à avoir rejoint le programme (Guinée, Sénégal et Sierra Leone) font état de progrès substantiels entre 2017 et 2019 sur plusieurs indicateurs clés.

Les pays s’attachent à :

  • intégrer et moderniser leurs systèmes de surveillance des maladies ;
  • renforcer les capacités de recherche et de diagnostic des laboratoires ;
  • se doter durablement d'un personnel dédié à la sécurité sanitaire ;
  • mettre en place des systèmes d’intervention en cas de situation d'urgence ;
  • renforcer les institutions nationales de santé publique ;
  • répondre en temps réel aux urgences de santé publique, dont la COVID-19.

Le programme REDISSE a en effet permis aux pays participants d'accéder très tôt et sans délai au soutien de la Banque mondiale pour se préparer et faire face à la pandémie, tandis que des financements complémentaires spécifiques à chaque pays ont été mobilisés dans le cadre du mécanisme d’aide accélérée COVID mis en place par la Banque. Actuellement, le programme REDISSE apporte son soutien :

  • à la surveillance de l'épidémie de COVID-19 ;
  • au dépistage aux points de passage des frontières ;
  • aux tests et diagnostics en laboratoire ;
  • à la prévention et à la lutte contre les infections ;
  • à la prise en charge des patients infectés, notamment la fourniture des matériels et équipements essentiels ;
  • à la communication sur les risques.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

La contribution du Groupe de la Banque mondiale au programme REDISSE s'élève à 657 millions de dollars, dont 597 millions de dons et de crédits de l'IDA et 60 millions provenant de la BIRD. Depuis février 2020, environ un tiers de la contribution de la Banque (210 millions de dollars) a été alloué à la lutte contre le nouveau coronavirus. En outre, le programme a bénéficié de 9,95 millions de dollars de fonds fiduciaires exécutés par la Banque mondiale et de 13,13 millions de dollars de fonds fiduciaires exécutés par les bénéficiaires pour financer des activités régionales pilotées par l'Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS).

Partenaires

Les partenaires financiers et techniques du programme sont les suivants : Fondation Bill et Melinda Gates (0,96 million de dollars), Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis, Connecting Organizations for Regional Disease Surveillance Network, Affaires mondiales Canada (13,13 millions de dollars pour établir 147 CES), Resolve to Save Lives (2,16 millions de dollars), République populaire de Chine (0,75 million de dollars pour la Sierra Leone) et Ebola Emergency Response Trust Fund (Russie, Royaume-Uni, Norvège, Pays-Bas, Danemark et Japon).

Les partenaires d’exécution qui reçoivent des dons de l'IDA régionaux sont l'OOAS (20 millions de dollars de l'IDA + 13,13 millions de dollars) et la Communauté économique des États d'Afrique centrale (10 millions de dollars). Ils coordonnent le programme et gèrent des contrats de sous-traitance avec les universités du Ghana et de Ouagadougou (formation avancée en épidémiologie), l'Organisation mondiale de la santé animale et les Centres régionaux de santé animale de Bamako et de Ndjamena (« Une seule santé »), le Centre de coopération internationale en santé et développement et la Fondation Mérieux (CES et capacités de laboratoire) et le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Afrique (suivi et évaluation du programme).

Le programme REDISSE encourage également l'échange d'informations et la collaboration avec d'autres partenaires donateurs contribuant au programme de sécurité sanitaire dans la région — Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), Public Health England et Agence japonaise de coopération internationale (JICA). 

Perspectives

Le programme en est encore aux premiers stades de sa mise en œuvre. Pourtant, l'épuisement rapide de ses ressources pour financer la riposte à la COVID-19 menace la poursuite d'un investissement vigilant et réfléchi dans les systèmes de surveillance et de lutte contre les maladies, ainsi que la réalisation des objectifs de développement du programme à moyen terme. Les pays participants sont à la recherche de financements supplémentaires et la demande d'investissements de la part de la Banque mondiale dans des opérations « de type REDISSE » devrait augmenter en Afrique et dans d'autres régions. Au cours de l'exercice 2021, l'équipe responsable du programme fera en sorte de reconstituer ses ressources et de restructurer ses projets en fonction des besoins, en intégrant les leçons tirées tant de la mise en œuvre quotidienne des activités que de la réponse à la crise COVID-19. En outre, des travaux de recherche sur les aspects genrés de la sécurité sanitaire et de la réponse aux épidémies est lancée afin d'améliorer le modèle de mise en œuvre du programme et d'orienter les investissements futurs.

Bénéficiaires

ImagePrès de 500 millions de personnes en Afrique de l'Ouest et centrale bénéficient du programme REDISSE, qui s’attache à renforcer les institutions nationales et régionales pour prévenir, détecter et répondre efficacement aux risques de maladies chez l’homme et l’animal. Par exemple, les laboratoires ont pu étendre et améliorer les tests, le contrôle de la qualité, la biosécurité et la sûreté biologique. « Nous avons pu améliorer nos systèmes de surveillance pour un grand nombre de maladies et dans l’ensemble du Sénégal », a déclaré le Dr Alpha Sall, directeur général de l'Institut Pasteur de Dakar. « Les équipements fournis nous permettront d'assurer des dépistages rapides et d'améliorer notre capacité à mobiliser des ressources et à réagir aux épidémies de maladies comme le coronavirus. »

Depuis 2017, la Banque mondiale apporte son soutien au Centre nigérian de contrôle des maladies (NCDC) pour renforcer la capacité du Nigéria à détecter rapidement et répondre aux épidémies afin d'en limiter les conséquences et d'en prévenir la propagation. Le Dr Oladejo, directeur de la préparation et de la réponse aux urgences sanitaires au NCDC, témoigne : « Quand le coronavirus a fait son apparition, nous avons créé un groupe de travail technique pour nous préparer. Tous les partenaires ont été associés et nous nous sommes penchés sur l’état des infrastructures et des stocks de médicaments, ainsi que sur les points d'entrée d'où les cas suspects viendraient le plus probablement. Le premier cas suspect s'est déclaré dès février, et nous avons rapidement lancé notre centre d’opérations d'urgence. Nous avons finalisé notre plan d'intervention et l'avons suivi à la lettre pour nous assurer de ne rien laisser au hasard. La Banque mondiale, l'UNICEF, l'OMS et le NCDC ont travaillé la main dans la main pour y parvenir ».