Défi
Dans les années 90, les dépenses de santé en Turquie ne représentaient que 3,8 % du PIB, soit un taux bien inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE (7,4 % du PIB). En outre, les dispositifs d’assurance maladie étaient inéquitables et éparpillés. La Turquie avait aussi le plus faible nombre de médecins et d’infirmières par habitant en Europe et l’un des ratios infirmiers/médecins les plus bas. Cette situation entraînait des inégalités dans les prestations de santé et dans l’accès aux services sanitaires entre zones rurales et urbaines, en particulier entre les régions moins favorisées de l’est du pays et les régions occidentales plus développées. Outre ces défaillances systémiques, la Turquie connaissait (et connaît encore) une progression des maladies non transmissibles telles que le cancer, les pathologies cardiovasculaires et le diabète, l’ensemble de ces enjeux étant par ailleurs amplifiés par le vieillissement de la population.
Démarche
Afin de remédier à ces difficultés, la Banque mondiale soutient depuis 2003 la mise en œuvre du Programme de transformation de la santé (a) de la Turquie, au travers notamment de deux prêts-programmes évolutifs. Elle a également apporté une assistance technique et partagé l’expérience d’autres pays lors de la création du système de médecine familiale, ce qui a facilité la mise en place de centres de santé de proximité pour les soins primaires. L’appui technique de la Banque a aussi porté sur la définition de la loi de 2008 sur la sécurité sociale et l’assurance maladie universelle, qui a unifié les systèmes de sécurité sociale du pays et rendu les services de santé accessibles à tous. La Turquie a par ailleurs mis en œuvre un système d’acheteur unique : la Sécurité sociale assume désormais l’entière responsabilité de tous les mécanismes liés au financement de la santé, qu’il s’agisse de la collecte des recettes, de la mise en commun des ressources et des dépenses ou de l’achat des biens et services nécessaires. Les différentes réformes entreprises ont fait l’objet d’un suivi et d’une évaluation d’ensemble qui mettait en particulier l’accent sur les résultats et la pérennité du système. Les connaissances et l’expérience de la Banque mondiale ont permis d’apporter une aide efficace au gouvernement turc dans la préparation et la mise en œuvre de ces réformes du système de santé.
Résultats
La couverture maladie universelle a contribué à l’amélioration des résultats en matière de santé, à une plus grande équité des financements, à une meilleure sécurité financière et à une plus grande satisfaction des usagers :
- L’amélioration des services de santé, notamment de la prévention et de la santé publique, a permis d’allonger l’espérance de vie et d’optimiser la situation sanitaire globale du pays. L’espérance de vie à la naissance se rapproche maintenant du niveau moyen de l’OCDE. Ainsi, un bébé turc né en 2014 a une espérance de vie supérieure de six ans en moyenne à celle d’un bébé né en 2002 (de 71,9 à 77,7 ans).
- Le taux de mortalité des moins de cinq ans a très fortement baissé entre 1993 et 2013 (de 61 à 37 pour 1 000 naissances vivantes), de même que celui de la mortalité infantile qui est passé de 53 à 15 pour 1 000 naissances vivantes.
- La loi de 2008 sur la Sécurité sociale a amélioré l’équité et la viabilité des pensions et elle a contribué à stabiliser les déficits du système de retraite, même s’il faudra encore longtemps pour les résorber.
- Entre 2002 et 2012, le nombre de professionnels de santé a augmenté de 36 %, passant de 295 000 à 460 000.
- Le nombre de consultations externes par habitant a plus que doublé, passant de 3,1 en 2002 à 8,2 en 2013.
- Les dépenses de santé en Turquie ont progressé : elles représentaient 5,4 % du PIB en 2000 et ont atteint 6,7 % en 2011.
- Le reste à charge pour les patients a enregistré une baisse de 47 % entre 1999 et 2012, soit la plus forte réduction parmi tous les pays de l’OCDE.
- 75,9 % des habitants étaient satisfaits des services de santé en 2011, contre 39,5 % seulement en 2003.
- 85 % des habitants du décile le plus pauvre avaient une assurance maladie en 2011, contre 24 % seulement en 2003.