Défi
Située à l’est de la Chine, la province côtière du Shandong affichait en 2009 un couvert forestier de seulement 13,4 % (l’équivalent de 2,54 millions d’hectares de forêts), ce qui la plaçait à la 22e place sur les 31 provinces, municipalités et régions autonomes du pays. Régulièrement victime de sécheresses et d’inondations, le Shandong connaît une érosion et une désertification dangereuses — une situation qui, en plus de rejaillir sur la productivité des terres et les conditions de vie des habitants, contribue à la détérioration continue des ressources naturelles sur de vastes pans du territoire.
Dans les années 90, le Shandong a misé sur les plantations industrielles pour accroître la production de bois. La mono-sylviculture est privilégiée, ce qui a pour conséquences de favoriser la recrudescence des épisodes d’infestation, réduire la productivité et amoindrir la diversité biologique.
Trop dégradées, les collines et les régions côtières ne procurent plus guère de bienfaits environnementaux et économiques. Mais le boisement (ou « afforestation »), qui consiste à planter des arbres sur des terrains qui en étaient auparavant dépourvues, reste une opération éminemment délicate dans ces régions. Les collines sont escarpées, stériles, érodées et arides tandis que les régions côtières, balayées par les vents et fortement exposées à l’air salin, ont des nappes phréatiques peu profondes et connaissent un niveau élevé d’évapotranspiration. Rares sont les arbres et espèces arbustives capables de survivre dans un tel environnement.
Démarche
Le Projet de boisement écologique du Shandong avait pour objectif, dans un premier temps, d’aider les autorités provinciales à procéder à une afforestation d’environ 786 000 hectares de terres au titre du 12e plan quinquennal (2010-15) et, à l’horizon 2020, d’accroître le couvert forestier de la province de 23 %.
Le projet s’est attaché à réintroduire des végétaux dans les zones montagneuses dégradées et à créer une ceinture forestière dans les régions côtières salines, les arbres servant de remparts contre l’érosion et contribuant à préserver la biodiversité, piéger le carbone et renforcer la résilience des forêts au changement climatique.
Le projet a conçu et démontré l’efficacité de modèles de boisement promouvant la conversion des plantations mono-espèces à un système de plantation mixte, en vue d’assurer la reconstitution écologique de terres dégradées. Des variétés non commerciales ont été plantées sur la partie haute des collines, la partie basse étant réservée aux plants commerciaux afin de procurer une nouvelle source de revenu aux communautés locales.
S’appuyant sur une approche de démonstration par la pratique, le projet s’est attelé à convaincre les populations et les autorités de la viabilité des processus d’afforestation pour rétablir l’équilibre écologique dans les zones dégradées. La formation, l’assistance technique, la recherche et la vulgarisation faisaient partie des leviers jugés indispensables pour développer les capacités des agriculteurs à pratiquer le reboisement, les inciter à adopter les nouvelles technologies et accroître leur intérêt pour le projet.
Résultats
Déployé dans 28 comtés de la province du Shandong entre 2010 et 2016, le projet a contribué aux résultats suivants :
- Plantation d’arbres et d’espèces arbustives sur 36 897 hectares de collines fortement dégradées, ce qui a entraîné une augmentation du couvert végétal de 16 % à environ 90 %, réduit l’érosion de 68 %, amélioré la rétention d’eau de 30 % et enrichi la biodiversité de 40 %.
- Plantation d’arbres et d’espèces arbustives sur 30 018 hectares de régions côtières salines, avec pour effets une hausse de la couverture végétale de 7 % à plus de 66 % et une diminution de la salinité du sol de 68 %.
- Plantation de variétés mixtes d’arbres et d’arbustes sur 2 150 kilomètres de canaux et de routes afin d’enrayer l’érosion éolienne.
- Conception et extension de 13 modèles d’afforestation, 12 programmes technologiques et 25 normes et réglementations techniques.
- Augmentation du nombre d’espèces dans les pépinières, de 15 à 50.
- Création de 380 forêts modèles dans neuf comtés.
- Développement de cultures lucratives (arbres fruitiers, noyers, théiers et autres variétés commerciales) et d’activités génératrices de revenus dans les zones côtières (culture de champignons et élevage de volaille) au profit de 26 556 ménages agricoles et création d’emplois locaux à travers la plantation et l’entretien des arbres.
- Formation de tous les agriculteurs et de l’ensemble du personnel participant au projet pour renforcer les capacités techniques de plantation et de gestion des forêts.
- Piégeage de l’équivalent de près de 12 millions de tonnes de dioxyde de carbone sur la durée du projet (30 ans) et collecte de données utiles sur l’analyse coûts-avantages du potentiel de fixation du carbone des zones couvertes par le projet, ce qui a renforcé la capacité de la province du Shandong à participer au marché émergent du carbone en Chine.