Le défi
État enclavé et entouré de voisins instables, la RCA est l’un des pays les plus pauvres et fragiles du monde. Le conflit récent a mis à terre une économie déjà mal en point, délité le tissu social et entraîné une situation dévastatrice sur le plan humanitaire, sécuritaire et des droits humains. Au plus fort de la crise, en janvier 2014, près d’un quart des Centrafricains avaient fui leur foyer, avec pratiquement 1 million de déplacés à l’intérieur du pays et plus de 200 000 réfugiés dans les pays voisins. Cette même année, le revenu national brut par habitant a chuté à 600 dollars tandis que la parité de pouvoir d’achat renouait avec les niveaux catastrophiques des années 90. La plupart des infrastructures, y compris les écoles et les dispensaires, ont été détruites et le versement des salaires des fonctionnaires suspendu pendant pratiquement toute l’année 2013, perturbant profondément les services publics. Le gouvernement, extrêmement dépendant de l’aide, n’a pas pu assurer les services les plus essentiels ni garantir la sécurité des citoyens, ce qui est venu affaiblir le contrat social déjà bien malmené entre la population et l’État. Les abondantes ressources naturelles du pays (forêts, or et diamants notamment) sont pour l’essentiel aux mains de groupes armés qui contrôlent une bonne partie du territoire, ce qui alimente l’insécurité et l’instabilité. Les autorités doivent relever un défi immense : stabiliser le pays tout en investissant dans des mesures de redressement rapide mais aussi dans des efforts durables de construction de la paix pour sortir du piège de la fragilité.
La démarche
Une note sur l’action menée en RCA a été présentée au Conseil des administrateurs de la Banque mondiale en juillet 2015. Ce document décrit la poursuite des activités engagées face à la crise et les mesures envisagées pour accompagner le relèvement et le développement du pays sur une période de 18 mois (juillet 2015 à fin 2016). La stratégie se décline en deux phases : il s’agit, dans un premier temps, d’appuyer la stabilisation de la RCA en accompagnant les initiatives internationales visant à rompre le cycle des violences et à maintenir la confiance dans une transition fragile. Dans un deuxième temps, la Banque mondiale soutiendra le redressement initial et le développement. Jusqu’ici, les activités se sont concentrées sur la première phase de la stratégie, et notamment sur la restauration des fonctions gouvernementales de base ainsi que sur le soutien aux moyens de subsistance et aux services sociaux essentiels. Elles visent avant tout à remédier aux principaux facteurs qui alimentent les conflits et à restaurer la confiance envers les institutions publiques, en permettant par la suite d’apporter un soutien budgétaire externe à un gouvernement assez mal armé en la matière.