Promouvoir une croissance sans exclus et l’accès aux services de base à Madagascar
Le défi
Madagascar compte parmi les pays les plus pauvres de la planète. En 2012, 78 % de ses 23,6 millions d’habitants vivaient avec moins de 1,90 dollar par jour et 90 % avec moins de 3,10 dollars par jour. Les Malgaches sont en moyenne 42 % plus pauvres aujourd’hui qu’il y a cinquante ans. Plus de 80 % de la population pauvre de l’île vit de l’agriculture. Elle est tout particulièrement exposée aux catastrophes naturelles telles que les inondations, les glissements de terrain et l’érosion. C’est à Madagascar que se produit la majorité des cyclones qui frappent le continent africain, et l’île figure sur la liste des dix pays qui seront sans doute les plus touchés par le changement climatique.
Alors que dans les années 2000 Madagascar avait accompli un certain nombre de progrès dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, la crise politique des années 2009-2014 a porté un coup dur à ces avancées. Aujourd’hui, ses résultats en matière d’éducation, de santé, de nutrition et d’accès à l’eau sont parmi les plus faibles du monde.
Le pays doit également faire face à des difficultés économiques considérables, malgré la biodiversité et les richesses naturelles sans équivalent dont il dispose. Au moment de la crise politique, la stabilité macroéconomique de l’île a été maintenue au prix d’une réduction drastique des dépenses et des investissements publics. Cette baisse des investissements et la détérioration des services publics ont en outre été accentuées par le faible niveau du taux de recouvrement fiscal (10 % du PIB) et l’arrêt presque total des financements extérieurs, alors que les aides internationales représentaient 40 % du budget national de Madagascar. La croissance, qui s’élevait à 7,4 % en moyenne entre 2003 et 2008, a chuté pour se stabiliser en moyenne à un taux annuel de 1,8 % de 2010 à 2013. À cela vient s’ajouter une croissance démographique élevée (2,9 %) qui a ramené le revenu par habitant en 2012 à son niveau de 2003.
La démarche
Devant la situation de fragilité du pays, la Banque mondiale a adapté son action pendant la période de crise. Elle a entrepris une série d’analyses pour identifier les sources de cette fragilité et ses effets sur la pauvreté et le développement humain. Les conclusions de ces travaux l’ont amenée à se focaliser sur deux axes d’intervention : 1) travailler avec les riziculteurs pauvres pour augmenter leur production et améliorer leur accès aux marchés, et 2) soutenir directement les catégories les plus pauvres de la population en leur garantissant un accès aux services de base et en expérimentant un programme de protection sociale. La Banque a privilégié une démarche multisectorielle, qui a notamment donné lieu à des interventions de proximité intégrées dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la nutrition dans le sud du pays, où se concentre la pauvreté.
C’est à partir de cette stratégie que la Banque mondiale a défini les bases de son engagement accru à Madagascar depuis la fin de la crise, en 2014. Cette stratégie est désormais mise en œuvre à une plus grande échelle et elle est davantage encadrée par les pouvoirs publics. Depuis la sortie de la crise, la Banque est en mesure de collaborer plus efficacement avec le secteur public, en travaillant par exemple sur des aspects clés tels que la gestion des finances publiques ou la décentralisation, autant d’éléments nécessaires pour la durabilité financière et institutionnelle des programmes de développement.