Défis
Le séisme du 12 janvier 2010 a représenté une catastrophe urbaine de grande ampleur, en particulier pour Port-au-Prince et les villes avoisinantes. Selon le rapport d'évaluation des besoins post-catastrophe (PDNA), environ 115 000 maisons ont été totalement détruites, et plus de 170 000 ont été endommagées, contraignant 1,3 million d'individus à se réfugier dans 891 camps temporaires. Après le séisme, l'un des besoins les plus urgents a été d'aider ces populations à quitter les camps pour retourner dans leurs quartiers d'origine en toute sécurité. Ce processus était également essentiel pour garantir la stabilité politique et sociale, compte tenu du contexte de fragilité qui règne dans le pays.
Les effets dévastateurs du séisme ont été aggravés par la densité de Port-au-Prince et sa vulnérabilité à une multitude de risques naturels ainsi que par l'absence de politique d'urbanisation, de planification urbaine, et de réglementations en matière de construction et d’utilisation du sol.
L'application du principe « reconstruire en mieux » était d’autant plus complexe dans un contexte où les capacités des collectivités municipales étaient limitées, et où il n’y avait pas d’organisme central pour résoudre les problèmes de logement, ni de stratégie claire pour accroître la disponibilité de terrains à bâtir dans les zones urbaines.
Solution
La Banque mondiale aide les résidents de certaines zones gravement touchées de Port-au-Prince à revenir dans des quartiers plus sûrs, à commencer la réparation ou la reconstruction de leurs maisons, et à retrouver des moyens de subsistance.
En raison de la complexité du régime foncier et des défis que pose la construction in situ de nouveaux logements dans cet environnement dense et fortement exposé aux catastrophes naturelles, la priorité est donnée à l'amélioration des infrastructures de base des quartiers : les interventions - réalisés à l’échelle des pâtés de maisons- permettent d’accroitre un parc immobilier locatif inférieur à la demande. La rénovation des infrastructures de quartier couvre notamment les aspects suivants : éclairage public, stations de traitement de l'eau et kiosques de distribution d’eau, construction de bâtiments publics, et réhabilitation et bétonnage des routes, des rues et des allées.
De plus, comme 70 % des sinistrés étaient locataires avant le séisme, le projet a également piloté le premier programme de subvention au loyer en Haïti afin d'aider les personnes déplacées à quitter les camps pour s'installer dans des logements en location dans les différents quartiers de la capitale. Le succès de cette approche a incité l'État à étendre considérablement ce mécanisme en mettant en place lui-même un projet à plus grande échelle pour aider les gens à quitter les camps et retourner dans les quartiers.
Résultats
Voici certains des principaux résultats obtenus :
- 8 700 personnes sont retournées habiter dans des quartiers plus sûrs, avec différentes options d’aide au logement : une subvention au loyer s'ils étaient locataires, ou la réparation ou la reconstruction de leur maison s'ils étaient propriétaires.
- 124 000 personnes bénéficient de projets de réhabilitation à l'échelle communautaire, notamment en matière d'infrastructures et de services de base.
- Des « centres communautaires pour la reconstruction » ouverts à tous les résidents ont été créés dans l'ensemble des quartiers couverts par le projet afin d’offrir à la population un lieu de conseil et d’information unique en matière de réparation et reconstruction des logements, de nouvelles normes de construction, et de hiérarchisation des améliorations à apporter aux infrastructures communautaires.
La toute première politique du logement a été élaborée en mai 2013 et validée par le Gouvernement en octobre 2013, témoignant du renforcement du leadership des pouvoirs publics et de leur capacité à garantir que la modernisation des quartiers et la rénovation des logements s'effectuent dans les meilleures conditions.
Contribution du Groupe de la Banque mondiale
Ce don de l'IDA a permis à la Banque de mobiliser 65 millions de dollars du Fonds de Reconstruction d'Haïti (FRH) pour étendre à d'autres quartiers les activités menées dans le cadre du projet. En octobre 2010, la Banque a fourni 30 millions de dollars supplémentaires pour financer les activités de reconstruction de logements du projet PRODEPUR. En outre, la Banque mondiale a mobilisé d'autres financements par le biais du Fonds japonais pour le développement social afin d'appuyer des activités de type « argent contre travail » pour assurer le déblaiement des débris. Le Fonds fiduciaire espagnol pour l’Amérique latine et les Caraïbes (SFLAC) et le Fonds de développement institutionnel (IDF) ont financé l'élaboration de la première politique du logement en Haïti et la préparation des lignes directrices de la reconstruction, ainsi que le renforcement des capacités à la fois du nouvel organisme en charge de la politique du logement et des autres institutions urbaines et de logement. La Banque coordonne un groupe de donateurs œuvrant pour le logement dans les quartiers défavorisés et apporte son soutien à la « table sectorielle sur le logement » gérée par l'État.
Perspectives
Compte tenu de la réussite du programme et des besoins immenses qui persistent sur le terrain, il est envisagé à l'heure actuelle de lui consacrer des ressources supplémentaires.
Bénéficiaires
Le programme bénéficiera à 270 000 personnes par le biais de l'amélioration des infrastructures de quartiers et du programme de subvention au loyer.