Défi
Les années de troubles civils et de conflit interne qu’a connues le Liban entre 1975 et 1990 ont dévasté les infrastructures du pays et détérioré la fourniture des services de base, avec un impact particulièrement lourd sur les municipalités et, notamment, au niveau de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement. Faute d’investissements d’entretien, la voirie ainsi que les réseaux de drainage et de distribution d’eau se trouvaient dans un état de délabrement avancé. Peu après la guerre civile, et afin de reconstruire l’économie du pays, le gouvernement libanais a lancé un vaste programme national de redressement d’urgence mettant l’accent sur l’infrastructure régionale. En 1993, il a créé le ministère des Affaires municipales et rurales, et financé des opérations municipales par le biais du Fonds municipal indépendant. En dépit de ces initiatives, les transferts aux municipalités sont demeurés imprévisibles, tandis que leur base de ressources institutionnelles et financières restait faible. Cette situation a amené les autorisés libanaises à solliciter l’assistance de la Banque mondiale.
Solution
Le projet a porté essentiellement sur la reconstruction des infrastructures publiques prioritaires qui ont été détruites ou endommagées durant les hostilités dans environ 185 municipalités, soit notamment la construction ou la remise en état des artères, trottoirs, murs de soutènement, dispositifs d’éclairage public, réseaux d’eau et d’égouts, ainsi que la restauration des bâtiments municipaux et des équipements de technologie de l’information et de la communication (TIC). Une composante importante du projet a consisté à aider à la construction de nouvelles infrastructures municipales destinées à relancer l’économie locale, notamment à travers le financement de marchés et l’accès aux équipements publics, des programmes d’assainissement de zones à bâtir et l’amélioration de la qualité des services fournis. Enfin, le projet a fourni un appui à la gestion de projet ainsi qu’une assistance technique pour la mise en œuvre des programmes, et il a contribué au renforcement des capacités dans le but d’améliorer la transparence dans la gestion des transferts intergouvernementaux et des flux financiers de l’administration centrale vers les municipalités, notamment par la création d’un « observatoire des municipalités » qui a pour but de constituer une base de connaissances adéquate pour la promotion d’une gestion durable et transparente à cet échelon.
Résultats
Le projet a contribué à la reconstruction et à la relance économique à court et moyen terme et a profité directement à environ de 375 427 personnes en rétablissant les services de base et les opportunités de développement économique. L’assistance technique fournie par le projet a réduit la dépendance des autorités municipales à l’égard des transferts du pouvoir central et renforcé ainsi leur capacité à prendre en charge la poursuite des efforts de redressement. Le soutien apporté à la reconstruction et à la réhabilitation des infrastructures a donné lieu à 440 sous-projets dans 178 municipalités, soit presque autant que l’objectif estimé au stade de l’évaluation (185 municipalités). Le projet a également contribué à restaurer les infrastructures de base dans des délais très rapides, ce qui a consisté à redonner aux villes l’aspect qui était le leur avant le conflit, voire à y améliorer les conditions de vie, à rétablir les systèmes de transport et d’adduction d’eau et à doter les rues d’un éclairage public favorisant la sécurité. Parallèlement, le projet s’est attaché, à travers des ateliers et des séances de formation pratique, à familiariser les municipalités avec les critères techniques, sociaux, environnementaux et économiques qu’il leur faut appliquer pour hiérarchiser leurs besoins. Concrètement, le projet a produit les résultats suivants :
Reconstruction des infrastructures publiques
- Reconstruction de 17 bâtiments municipaux ;
- Remise en état de 175 kilomètres de routes ;
- Installation de 4 684 poteaux électriques ;
- Réparation de 10,7 kilomètres de collecteurs d’eaux pluviales ;
- Rénovation de 48,7 kilomètres de murs de soutènement.
Relance économique et développement au niveau local
Construction de 15 équipements publics dans 15 municipalités.
Renforcement des capacités
- Réalisation de trois études sur les finances municipales ;
- Construction et aménagement d’un observatoire des municipalités.
Contribution du Groupe de la Banque mondiale
Le coût total du projet se chiffrait à 30,1 millions de dollars ; le financement s’est effectué sous la forme d’un don additionnel traité par le biais du Fonds fiduciaire pour le Liban. Ce fonds fiduciaire a été créé par la Banque en septembre 2006, grâce à un transfert de 70 millions de dollars effectué sur l’excédent de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), afin de répondre spécifiquement à la demande d’aide émanant du gouvernement libanais et portant sur les besoins de reconstruction des infrastructures du pays. Lié au projet existant au niveau de sa mise en œuvre, ce don additionnel a été traité comme un projet distinct en raison de la diversité des sources de financement.
Partenaires
Le ministère de l’Intérieur et des Municipalités était l’organisme d’exécution du projet au Liban.
Perspectives
Les études réalisées dans le cadre du projet constituent désormais le cadre stratégique de financement des communes du ministère de l’Intérieur et des Municipalités. De plus, et dans le prolongement direct de ce projet, le gouvernement libanais travaille à la mise en place d’un programme de gouvernance et de développement local doté d’un financement de 20 millions d’euros de l’Union européenne.
Bénéficiaires
Le projet a profité aux résidents de 178 municipalités qui, dans leur grande majorité, n’avaient pas bénéficié d’investissements locaux dans le domaine des infrastructures et services essentiels durant le conflit et ne recevaient aucun soutien de la part des autres bailleurs de fonds. La population ciblée a bénéficié directement et indirectement de : i) l’amélioration des infrastructures municipales existantes, des ouvrages de drainage et des voies d’accès aux services essentiels ; ii) la mise en place d’un éclairage public et l’amélioration de la sécurité routière ; et iii) la mise à niveau et la réparation des réseaux d’eau et d’égouts existants afin d’améliorer la fiabilité du service. Le projet a également profité au ministère de l’Intérieur et des Municipalités (MOIM) et aux institutions locales (municipalités) en renforçant leurs capacités dans la gestion de projet et en améliorant leur système de gestion de l’information à travers la création de l’Observatoire des municipalités.