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Inde : une application mobile permet d’indemniser les agriculteurs rapidement

16 avril 2013


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Deux tiers des Indiens dépendent de l’agriculture, le plus souvent pluviale, pour vivre. D’où l’importance d’un programme d’assurance bien conçu pour les protéger en cas de mauvaises récoltes. Depuis 2012, les courtiers d’assurance peuvent utiliser une application mobile, qui facilite la collecte d’informations fiables en temps voulu sur les rendements obtenus, et proposer ainsi aux agriculteurs des primes moins onéreuses. Cette technologie permet également aux assurés d’être indemnisés plus rapidement et de ne pas se retrouver à court de liquidités lorsque la campagne agricole bat son plein.

Défis

L’Inde (a) s’est dotée du plus vaste programme d’assurance récolte au monde, avec plus de 25 millions d’agriculteurs couverts. Mais ce dispositif achoppe sur deux gros obstacles : les délais de versement des indemnisations et l’absence de couverture assurantielle pour 85 millions de ménages agricoles. En cas de sinistre (faible mousson, attaques de ravageurs ou maladies), les assurés peuvent attendre entre 8 et 12 mois le règlement des dédommagements, ce qui est la négation même d’une assurance. D’autant que ces retards rendent délicat le remboursement des emprunts bancaires souscrits par les agriculteurs pour acheter des semences et des engrais au moment des semailles. Échaudées, les banques rechignent à prêter de nouveau de l’argent aux exploitants pour la campagne suivante, ce qui oblige ces derniers à réduire les surfaces ensemencées ou à se surendetter auprès de prêteurs sur gages. Plusieurs initiatives ont été engagées pour tenter de remédier à ces problèmes, mais elles ont toutes échoué. La multitude de petits agriculteurs rendant quasiment impossible de quantifier le rendement de chaque exploitation, les assureurs font en général pratiquer des coupes témoins pour évaluer la productivité moyenne d’une zone donnée, en moissonnant une partie d’un champ et en pesant ensuite la récolte obtenue. En cas de rendement inférieur à la moyenne historique, ils entérinent les demandes d’indemnisation des agriculteurs de cette zone, sachant que les données tirées de ces coupes témoins sont peu fiables et sujettes à manipulation et mettent un certain temps à parvenir aux courtiers. Face à cette situation et eu égard à l’ampleur des risques, les compagnies d’assurance ont tendance à augmenter les primes. Enfin, les intempéries locales (tempêtes de grêle par exemple) ne touchant parfois que quelques exploitations dans une zone donnée, elles ne sont pas toujours prises en compte, ce qui rend l’acceptation des demandes d’indemnisation des agriculteurs particulièrement difficile.

Solutions

La fiabilité et la rapidité d’obtention des données de productivité étant cruciales pour la réussite du programme d’assurance, des téléphones portables équipés de GPS et dotés d’une fonction vidéo permettent d’enregistrer l’intégralité du processus des coupes témoins. Le travailleur de terrain appointé par le gouvernement pour réaliser ces coupes est tenu de prendre des photos géolocalisées et horodatées depuis son téléphone portable et d’enregistrer en une seule prise vidéo l’intégralité de la coupe. La géolocalisation, avec les coordonnées GPS, et l’horodatage garantissent l’exactitude du positionnement de l’intervenant et la date de l’intervention, ne laissant aucune place à une quelconque manipulation. Une appli mobile sert ensuite à transférer pratiquement en temps réel les données enregistrées (rendement, date, heure, type de récolte, localisation de la coupe témoin, poids, etc.) sur des serveurs adaptés. Ces informations sont ensuite téléchargées sur un site web à des fins de consolidation et d’analyse, contribuant à la constitution d’une base de données des coupes témoins et à l’accélération du processus de traitement et de règlement des demandes d’indemnisation.

Résultats

Les expériences pilotes menées dans les districts d’Ahmednagar (Maharashtra) et de Jalore (Rajasthan) révèlent que le recours à une technologie mobile simple et bon marché profite aux agriculteurs comme aux assureurs :

1.      les assureurs récupèrent des données transparentes, fiables et actualisées sur les récoltes, ce qui limite les risques de fraude et permet de réduire les primes d’assurance ;

2.      ils ont élaboré et mis en place à titre d’essai un programme amélioré d’assurance récolte dans 50 districts (environ 400 000 agriculteurs y auraient participé lors de la première campagne agricole) ;

3.      les agriculteurs assurés bénéficient d’un versement plus rapide de leurs indemnisations. Cette nouvelle technique permet de recevoir une indemnisation provisoire peu de temps après les pertes effectivement subies, ce qui fournit aux 400 000 bénéficiaires un flux de trésorerie indispensable pendant la campagne agricole, le solde étant versé à la fin de la saison. Alors qu’auparavant, l’agriculteur devait attendre plusieurs mois que son dossier soit traité, il peut désormais recevoir de l’argent au bout de quelques jours seulement ;

les organismes publics proposant des produits commerciaux d’assurance récolte liés aux aléas climatiques ont vu leur portefeuille passer à pratiquement 1 million d’agriculteurs, pour un volume de primes annuelles supérieur à 50 millions de dollars (2009-2010).


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La géolocalisation et l’horodatage permettent de certifier la présence en temps voulu et au bon endroit des experts chargés d’estimer les rendements obtenus dans l’exploitation concernée.


Contribution du Groupe de la Banque mondiale

En 2005, le gouvernement indien a sollicité la Banque mondiale pour une assistance technique hors prêts afin de faire évoluer son programme d’assurance récolte, de concevoir des produits commerciaux d’assurance récolte liés au climat et d’étoffer la couverture assurantielle. Dans le cadre de cette opération d’un montant de 1 million de dollars financée par la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement (GFDRR), la Banque mondiale a testé, avec l’Agriculture Insurance Company of India (AICI), l’utilisation de téléphones portables équipés de GPS et dotés d’une fonction vidéo lors de coupes témoins. Cette expérience a été réalisée dans 50 districts pendant trois campagnes agricoles à compter de l’hiver 2010. L’assistance technique hors prêts a aussi permis d’instaurer un dialogue entre le ministère des Finances, le ministère de l’Agriculture et la Commission de la planification autour de l’impact de ce nouveau dispositif d’assurance sur le budget et le bien-être des populations.

Partenaires

Les autorités indiennes s’intéressent depuis longtemps aux dispositifs d’assurance récolte afin d’atténuer les aléas naturels liés à l’activité agricole. Le principal programme d’assurance du pays, le National Agriculture Insurance Scheme (NAIS), est mis en œuvre par l’organisme public d’assurance récolte, l’Agriculture Insurance Company of India (AICI). Lors de la phase 1 (2005), la Direction suisse du développement et de la coopération a entamé un dialogue avec le gouvernement indien autour de l’assurance agricole. Pendant la phase 2 (2005-2007), l’initiative FIRST a assuré l’assistance technique et financière. Pour la phase 3 (2008-2010), l’assistance technique hors prêts financée par la GFDRR a permis l’opérationnalisation de la méthodologie élaborée lors de la phase précédente.

Perspectives                                         

Le gouvernement indien se dit prêt à étendre cette initiative à tout le pays. Face à la complexité d’une campagne de vérification de la productivité de millions de petites parcelles dans tout le pays, le recours à des technologies de télédétection est envisagé afin de privilégier les zones les plus exposées aux mauvaises récoltes. Cette option permettra de mieux indemniser les agriculteurs ayant réellement besoin de cet argent.


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Application mobile pilote pour des coupes témoins






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