Défis
L’eau représente l’un des besoins humains les plus fondamentaux. Elle est indispensable à tous les secteurs de l’économie ou presque, notamment l’agriculture, la production d’énergie, l’industrie et les activités extractives. La gestion de l’eau, qui a une incidence sur la santé, l’égalité des sexes, l’éducation et les moyens de subsistance des populations, est cruciale au développement économique durable et à la réduction de la pauvreté. Or, les ressources hydriques sont soumises à des pressions sans précédent, du fait d’une plus grande consommation liée à la croissance démographique et à des secteurs économiques concurrents, avec pour conséquence des volumes disponibles qui ne peuvent satisfaire les besoins humains ni garantir des débits écologiques pour la bonne santé des écosystèmes. Les eaux souterraines s’épuisent en de nombreux endroits, privant les générations futures et actuelles de réserves qui permettraient de résister à la variabilité accrue du climat.
La dégradation de la qualité de l’eau, résultant d’un large éventail d’activités économiques, réduit la quantité d’eau douce à disposition, appauvrit les sols et altère de nombreux écosystèmes terrestres et marins, et renchérit le coût du traitement de l’eau. Deux milliards et demi de personnes sont toujours privés d’un assainissement fiable et 768 millions d’eau potable, ce qui se traduit par des milliers de décès quotidiens et plusieurs milliards de dollars de pertes économiques annuelles.
De nombreux travaux indiquent que les difficultés iront s’aggravant, sous l’effet du changement climatique, qui s’accompagnera d’une plus grande variabilité hydrologique, avec la survenue plus fréquente de phénomènes météorologiques intenses (sécheresses, inondations, tempêtes violentes…). Les experts estiment que d’ici 2080, 43 à 50 % de la population mondiale vivront dans des pays où l’eau se sera raréfiée, contre 28 % aujourd’hui. Un récent rapport de la Banque mondiale consacré aux enjeux du réchauffement climatique indique que si la température mondiale monte de 4 degrés Celsius, le stress hydrique augmentera dans certaines régions du globe. Le milliard d’habitants vivant dans des bassins tributaires de la mousson et les 500 millions de personnes demeurant dans des deltas sont particulièrement vulnérables. Les pays les plus pauvres, pourtant les moins préparés à cette crise, seront les plus éprouvés.
Les questions de gestion des ressources en eau sont devenues si pressantes que le Forum économique mondial a placé, en 2014 et pour la deuxième année consécutive, la crise de l’eau au premier rang de ses préoccupations. Devant ces évolutions naturelles et socioéconomiques, les pratiques autrefois appliquées à l’eau sont inopérantes. Les pays ne peuvent se développer durablement ou accroître leur résilience au changement climatique sans une gestion intelligente de l’eau qui tient compte de l’épuisement et de l’altération des réserves, ainsi que d’une répartition des ressources soumise à délibération, en fonction des besoins sociaux, environnementaux et économiques des pays.
La crise mondiale de l’eau nécessite des solutions multisectorielles :
- Eau et agriculture : en 2050, pour nourrir une planète de 9 milliards d’habitants, il faudra doubler les volumes d’eau actuels dédiés à l’agriculture. L’irrigation, qui représente près de 70 % des prélèvements et 90 % de la consommation au niveau mondial, est de loin le secteur le plus gourmand en eau.
- Eau et énergie : aujourd’hui, près de 1,2 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité. La part des prélèvements en eau pour la production d’énergie est actuellement estimée à 15 % du total des prélèvements effectués dans le monde. Par ailleurs, alors que les estimations projettent une augmentation de la consommation mondiale d’énergie de 35 % d’ici à 2035, la consommation d’eau par le secteur énergétique risque d’augmenter de 85 %, en dépit d’une exploitation des ressources en eau plus efficace.
- Eau et développement urbain : au cours des 20 prochaines années, la taille des villes des pays en développement doublera, de même que leur demande en approches intégrées pour gérer l’approvisionnement et la qualité de l’eau, l’assainissement, les systèmes de drainage, l’usage récréatif et la gestion des inondations.
- Eau et gestion des risques de catastrophes naturelles : l’incidence des catastrophes naturelles sur le développement socioéconomique est largement imputable à l’eau (a). Les risques liés à l’eau représentent 90 % de l’ensemble des catastrophes naturelles, tandis que leur fréquence et leur intensité vont généralement croissant. En 2010, selon le secrétariat général des Nations Unies, 373 catastrophes naturelles ont fait plus de 296 800 victimes, affecté près de 208 millions de personnes et coûté environ 110 milliards de dollars.
- Eau et assainissement : deux milliards et demi de personnes au moins n’ont toujours pas accès à des installations d’assainissement améliorées et 780 millions de personnes à une eau potable. La fourniture durable de ces services exige une gestion et une planification intégrées, notamment pour sécuriser un approvisionnement en eau de qualité.
La plupart des secteurs économiques (agriculture, énergie, industrie, activités extractives…) affectent à la fois la quantité et la qualité des ressources en eau, ce qui a pour effet de raréfier leur disponibilité. La répartition de ces ressources limitées entre différents secteurs économiques concurrents, conjuguée aux besoins écologiques, va devenir un enjeu croissant pour de nombreux pays. L’absence de mécanismes de répartition appropriés freinera le développement des pays, ce qui entraînera une plus grande inégalité de revenu et des pressions exacerbées sur l’environnement.
Solutions
Du fait de sa capacité à opérer sur différents secteurs et dans nombre de pays, la Banque mondiale se trouve dans une position privilégiée pour aider les communautés à faire face au changement climatique par une gestion intégrée des ressources en eau. La Banque mondiale est l’un des principaux pourvoyeurs de savoir-faire et d’assistance technique dans le domaine de l’eau. Elle est le plus grand bailleur de fonds multilatéral pour ce secteur dans les pays en développement, avec des investissements dans ce domaine qui représentent 18 % de son portefeuille global en 2014 (soit 32 milliards de dollars d’engagements en cours) et sont centrés sur l’objectif de favoriser le partage de la prospérité et la réduction de la pauvreté.