Défis
La population urbaine mondiale devrait doubler sur la période 2000-2030 et compter 2 milliards d’habitants supplémentaires. Les zones urbaines bâties vont s'accroître de 1,2 million de kilomètres carrés, ce qui représente un quasi-triplement en 30 ans. Cette croissance concerne principalement les villes des pays en développement, qui font face à une demande grandissante de services de base, d'infrastructures, d'emplois, de terrains et de logements abordables. Ces besoins doivent être satisfaits, en particulier pour le milliard de citadins pauvres qui vivent souvent dans des quartiers informels, l’enjeu étant de rendre possible un développement plus inclusif tout en prévenant certains des effets négatifs de l'expansion rapide des villes.
Les villes génèrent plus de 80 % du PIB mondial. Si elle est bien maîtrisée, l'urbanisation peut favoriser une croissance durable en renforçant la productivité, en stimulant l'innovation et l’émergence de nouvelles idées, et en générant des économies d'énergie, d'espace et de ressources naturelles.
Les villes représentent près des deux tiers de la consommation totale d'énergie à l'échelle mondiale et environ 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Elles contribuent directement au problème croissant du changement climatique, mais constituent aussi une composante essentielle de toute solution. À mesure que les villes se développent, leur exposition aux risques de catastrophe augmente lui aussi. Près d'un demi-milliard de citadins vivent dans des zones côtières, ce qui les rend plus vulnérables aux ondes de tempête et à l'élévation du niveau de la mer. Les chocs que subissent les systèmes urbains (baisse de l’activité économique, criminalité, problèmes de santé publique, troubles sociaux, etc.) peuvent avoir un impact considérable sur la capacité d'une ville à satisfaire les besoins les plus essentiels de ses citoyens, et même réduire à néant les gains de développement économique accumulés pendant des décennies, en particulier dans les États fragiles de petite taille.
La construction de villes « fonctionnelles », c'est-à-dire écologiques, inclusives, résilientes, compétitives et solides sur le plan de la gouvernance et de la gestion urbaines, passe par d'intenses efforts de coordination des politiques et de choix d'investissement. Cet impératif s'inscrit au cœur des activités de la Banque mondiale, qui s’efforce de consolider une approche programmatique afin de mieux appréhender les défis et opportunités que présente l'urbanisation rapide dans les pays en développement.
Les décisions qui sont prises aujourd'hui en matière d'infrastructures et de politiques urbaines engageront les villes dans des trajectoires de développement qui les conditionneront pendant des décennies. Pour la Banque, c’est le moment de faire en sorte que l'urbanisation suscite une croissance verte et sans exclus, avec un accès pour tous à des services de base fiables et abordables, au logement, aux transports et aux emplois, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie de tous les citoyens, en particulier celle des populations les plus pauvres et les plus vulnérables.
Solutions
La stratégie urbaine de la Banque mondiale vise à doter les municipalités de systèmes suffisamment solides pour faire en sorte que la croissance urbaine contribue à la lutte contre la pauvreté et au partage de la prospérité. En janvier 2013, la Banque a publié un rapport intitulé Aménagement du territoire, planification, transports et financement des villes ; cette publication vise à appuyer le plan d'action pour le développement urbain de la Banque, lequel s'articule autour de cinq axes d'activités prioritaires pour bâtir :
- des villes vertes en leur fournissant une expertise technique et financière afin de les aider à planifier une croissance résiliente aux effets du changement climatique et sobre en carbone ainsi qu'à accéder aux financements nécessaires, à améliorer les systèmes de gestion des déchets solides, et à lutter contre les problèmes liés à la pollution et à l’habitabilité ;
- des villes inclusives en améliorant l'accès aux terrains, aux emplois, aux services de base et aux opportunités économiques, et en intensifiant les efforts de réhabilitation des bidonvilles, de renforcement de la participation de la population locale et de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale urbaines ;
- des villes résilientes en renforçant leur capacité à faire face aux chocs et à mieux gérer les risques climatiques, les risques liés aux catastrophes, les chocs économiques et les conflits sociaux ;
- des villes compétitives qui conjuguent urbanisation et croissance en les aidant à attirer les investissements et à créer des emplois, en améliorant le fonctionnement des marchés fonciers, les interconnexions et la réglementation au niveau infranational, en constituant un environnement propice aux entreprises, et en exploitant de manière plus efficace les biens fonciers et immobiliers ;
- des systèmes urbains et des modes de gouvernance de la ville solides en renforçant les marchés de l'immobilier et du logement, en améliorant les finances et les services municipaux, et en accroissant la capacité des villes à mener à bien des politiques intégrées d'aménagement et de développement du territoire.