Défi
Pour nombre de pays, le secteur minier apparait comme l’un des principaux moteurs du développement économique. Tout indique que les pays peuvent attirer l’investissement privé dans l’exploration et la production minières s’ils se dotent d’une législation moderne et offrent un cadre propice en la matière. Ceci favorise l’augmentation des recettes fiscales, des revenus d’exportation, des possibilités d’emploi, ainsi que le développement des infrastructures, notamment dans les zones rurales, et le transfert de technologie aux pays hôtes. Toutefois, l’extraction des ressources minières n’est pas sans risque et les pays en développement doivent veiller à ce que ce secteur prometteur ne se transforme pas en une « enclave » socio-économique et qu’il ne nuise pas à l’environnement. Ces risques soulèvent l’importance des aspects sociaux et environnementaux liés à l’exploitation minière et requièrent des gouvernements des garanties de bonne gouvernance et de transparence. Les pays comme les communautés et les entreprises qui s’emploient à rechercher des approches responsables vis-à-vis de l’exploitation des ressources minières sont donc appelés à trancher des questions difficiles en termes de risques et d’opportunités.
Solution
Face à ce défi, la démarche adoptée par la Banque mondiale à l’égard de la réforme du secteur minier a considérablement évolué au cours des vingt dernières années. À l’origine, l’accent était mis sur la réforme des politiques, de la législation et des institutions en vue d’accroître l’investissement privé et, partant, les performances économiques qui en résultent. Au milieu des années 90, la nécessité d’améliorer les performances environnementales du secteur a commencé à occuper une place essentielle dans les efforts de réforme. Depuis lors, toutes les activités d’assistance technique dans le secteur minier comportent, si nécessaire, une révision des lois et règlements afin d’assurer que les dispositions relatives à la protection de l’environnement sont bien prises en compte. Puis, au tournant du siècle, le champ des activités de dialogue et d’assistance de la Banque a intégré des questions liées au développement communautaire et régional, dont en particulier l’impact au niveau des femmes et d’autres groupes souvent défavorisés. Enfin, plus récemment, le rôle du secteur minier comme moteur du développement économique est devenu un aspect important de l’assistance fournie par la Banque mondiale. Dans certains pays, le recouvrement, la gestion et l’utilisation adéquats des recettes fiscales provenant de ce secteur sont les principaux facteurs qui impulsent le développement, tandis que dans d’autres, la stratégie de développement doit davantage mettre l’accent sur le secteur minier lui-même en tant qu’élément catalyseur pour amorcer le virage de l’industrialisation. Au vu de ces évolutions, l’appui de la Banque mondiale au secteur minier présente aujourd’hui une démarche plus globale qui embrasse toutes ces étapes du développement du secteur minier.
Les réformes promues par la Banque mondiale accordent une large place aux politiques et programmes qui accroissent la valeur ajoutée générée par le secteur minier, aussi bien au niveau des communautés qu’au niveau régional ou national pour l’ensemble du secteur. Au premier niveau, il s’agit principalement de développer les capacités humaines et institutionnelles dont les communautés ont besoin pour tirer profit des nouveaux débouchés générés par une mine. Au second niveau, il s’agit de considérer le secteur des mines comme le premier élément d’une plateforme de développement intégré comprenant des infrastructures communes, une filière industrielle et, par la suite, le développement d’autres activités ou filières industrielles. Si l’essentiel des activités financées par la Banque mondiale en matière de réforme du secteur minier a porté sur des investissements à moyenne et grande échelle, des efforts ont été également déployés dans le domaine de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle. Dans ce secteur, la Banque mondiale s’est surtout attachée à formaliser le secteur en veillant particulièrement à améliorer les conditions de vie des populations et à accroître sa productivité et sa performance environnementale. Enfin, la réalisation de l’ensemble de ces objectifs passe par l’élimination des « minerais de la guerre », à savoir le trafic de ressources minières qui alimentent les conflits. À cet égard, la Banque mondiale coopère avec les gouvernements, le secteur industriel, les communautés et la société civile en vue d’appuyer des programmes de certification et d’assurer que ceux-ci prennent en considération leurs conséquences possibles sur les mineurs artisanaux.
Les pays passent ordinairement par cinq stades dans le processus de transformation de leurs richesses minières en un facteur de développement durable : i) la législation, avec notamment l’attribution des contrats et des concessions et le régime fiscal, est suffisamment attractive pour induire des investissements dans le secteur ; ii) le cadre réglementaire est clair et détaillé et le pays dispose de capacités adéquates pour en assurer le contrôle et l’application effective ; iii) la collecte des taxes et redevances est assurée de manière transparente et efficiente ; iv) les autorités publiques sont capables et disposées à gérer et à répartir les recettes budgétaires de manière rationnelle ; et v) le secteur minier contribue au développement durable du pays sur le plan social, économique et environnemental, notamment dans les communautés et régions abritant les sites d’exploitation. L’appui de la Banque mondiale au secteur minier a franchi au fil du temps plusieurs stades le long de la chaîne de valeur des industries extractives et elle intensifie actuellement ses efforts pour fournir une approche plus intégrée et plus globale de la gestion de l’ensemble de cette chaîne.