Défi
Dans cette région, le défi premier consiste à faire reculer la pauvreté et à établir une paix durable, afin de parvenir à une croissance sans exclus. Les provinces de l’ARMM (Maguindanao, Lanao del Sur, Sulu, Basilan et Tawi-Tawi) comptent parmi les plus défavorisées des Philippines : en 2009, l’incidence de la pauvreté y était comprise entre 29,8 % et 53,7 % en 2009, contre 26,5 % pour l’ensemble du pays.
La région pâtit d’une infrastructure déficiente et de services de base inadéquats, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation, d’une mauvaise gouvernance locale et d’un secteur privé précaire. Les conflits armés (en particulier la lutte pour l’autodétermination menée par le Front moro islamique de libération), les tensions claniques, la guérilla communiste et le banditisme, entre autres, perturbent gravement l’économie et la société. À son tour, cette situation engendre durablement pauvreté et manque de structures scolaires et sanitaires. Elle pousse aussi les habitants à vendre leurs biens de valeur ou à s’endetter encore plus pour pouvoir satisfaire leurs besoins essentiels. En 2000 et 2008, les hostilités ont provoqué le déplacement d’environ 900 000 personnes.
Solution
Selon une approche de développement axée sur les communautés, la population identifie elle-même les problèmes auxquels elle est confrontée et conçoit et met en œuvre ses propres solutions pour des projets dans différents domaines : alimentation en eau et assainissement, petits travaux d’irrigation, dispensaires, écoles, installations post-récolte, routes d’accès aux marchés pour les produits agricoles, ponts et remise en état des habitations endommagées par les conflits. Non seulement ce programme développe l’infrastructure collective, mais il apprend aussi à lire, écrire et compter aux veuves et aux femmes d’un certain âge, ainsi qu’aux orphelins et aux jeunes déscolarisés.
Une autre approche tout aussi importante pour améliorer la gouvernance et renforcer les institutions, surtout dans les zones touchées par les conflits, a consisté à reconnaître les efforts accomplis par les autorités locales en faveur de la transparence et de la redevabilité concernant la mise en œuvre du projet. Une de ces composantes a notamment consisté à verser une somme aux autorités locales qui ont su allouer et gérer avec efficacité et transparence les ressources publiques liées au projet. Approuvé en 2002, le projet visait de fait à renforcer l’ARMM dans le cadre de l’engagement pris par le gouvernement national de promouvoir une autonomie accrue et une amélioration de la gouvernance locale dans le Mindanao musulman et d’y favoriser la paix et le développement.
Résultats
Déployé par le bureau de gestion du projet local, sous la houlette des autorités de l’ARMM, ce projet a jusqu’ici produit les résultats suivants :
- Quelque 755 656 personnes vivant dans des zones en conflit disposent d’un plus large accès aux services sociaux et économiques après l’achèvement de projets communautaires dans divers domaines : alimentation en eau et assainissement, routes permettant la commercialisation des produits agricoles, centres d’apprentissage et écoles...
- Environ 23 000 femmes d’un certain âge, dont des veuves et des membres des communautés autochtones, ainsi que près de 5 000 orphelins et jeunes déscolarisés, ont suivi des cours qui leur ont permis d’apprendre à lire, écrire et compter pour obtenir un emploi et améliorer leur revenu.
- 13 projets d’infrastructure ont été menés à bien : construction ou remise en état de cinq hôpitaux, trois installations portuaires, trois centres d’enseignement et de développement de la main-d’œuvre, une structure d’aide sociale et un bâtiment pour les technologies de l’information et des communications (TIC). Cette infrastructure inclut un grand centre de formation professionnelle, destiné à l’autorité chargée de l’enseignement technique et du développement des compétences dans l’ARMM, afin de proposer une formation aux jeunes dans la région.
- L’apport d’une assistance technique à un nombre de personnes estimé à 28 000 (principalement des femmes) soutient la planification d’activités de subsistance à petite échelle, telles que la vente de produits agricoles ou le fonctionnement de petits commerces.
- Le projet encourage l’autosuffisance alimentaire et la consommation d’aliments nutritifs via la création de potagers, l’élevage et l’aménagement d’étangs à poissons.