Résultats
L'aide de la Banque mondiale (BIRD, IDA et fonds fiduciaires) a permis d’obtenir, entre autres, les résultats décrits ci-dessous.
La clarification des conditions d’accès à la biodiversité, de son usage et de l’obtention des bénéfices correspondants est source d’incitations positives et de patrimoine pour les pauvres. Des modes de gouvernance défaillants et le libre accès aux richesses naturelles ont souvent entraîné la dégradation des ressources collectives. Pourtant, privilégier une gestion fondée sur les droits d’usage peut favoriser l’équilibre entre développement et préservation, mais aussi permettre aux pauvres d’accumuler des actifs pour sortir de la pauvreté. Ainsi, en Albanie, à la suite du succès d’un projet de gestion du secteur forestier précédemment mené sous l’égide de l’IDA, le Projet de développement des ressources naturelles (exercices 2006-2012) a consolidé les droits d’usufruit et lancé un programme de gestion collective des forêts et pâturages dans 251 communes, couvrant au total une superficie de 307 665 hectares. Dans le cadre de ce projet, 105 associations d’usagers des forêts et pâturages ont été créées pour veiller à la gestion durable de ces ressources communes. Les populations concernées ont vu leur revenu progresser de 8 % entre le début et la fin du projet. Celui-ci a aussi permis la reforestation de 1 634 hectares et, ainsi, de piéger environ 64 000 tonnes de CO2. Au Mexique, grâce au Deuxième projet de foresterie communautaire (ex. 2005-2009), la gestion d’1,78 million d’hectares de forêt a été encadrée par des plans de zonage communautaires. Devant le succès de cette opération, le gouvernement a élaboré 451 nouveaux plans de ce type pour couvrir une surface de 2,64 millions d’hectares. En Namibie, la création de réserves communautaires a eu un impact positif sur les conditions de vie des villageois grâce à l’augmentation des revenus tirés de l’exploitation des réserves, mais aussi en suscitant la création de nombreuses nouvelles réserves (Projet de gestion communautaire intégrée des écosystèmes, ex. 2005-2011). La gestion fondée sur les droits d’usage et la gestion communautaire ne sont pas des systèmes limités à la terre et peuvent être étendus à d’autres écosystèmes menacés. Par exemple, le libre accès aux zones de pêche et la surexploitation des ressources halieutiques a généré des pertes chiffrées en milliards de dollars qui ont affecté la qualité de vie des habitants de zones littorales et des pêcheurs du monde entier. Au Sénégal, la création d’aires en cogestion a permis de sauver de la faillite les pêcheurs du site de Ngaparou et, en l’espace de quatre ans, la hausse des revenus de la pêche a conduit à des investissements dans la chaîne des valeurs ajoutées (Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest, 2011-en cours).
La protection et la gestion de la biodiversité favorisent l’obtention de revenus et les possibilités de croissance, mais il reste du chemin à parcourir pour en appréhender et en exploiter tout le potentiel. En Zambie, l’appui de la Banque mondiale aux autorités en charge du parc national de Kafue a attiré des investissements privés qui ont permis de tripler le nombre de places d’hébergement du site. La fréquentation touristique a fortement augmenté et le parc a multiplié son chiffre d’affaires par dix en six ans (Projet d'appui à la croissance et la diversification, ex. 2005-2012). De même, en Afrique du Sud, un financement de 5,5 millions de dollars accordé au Grand parc national des éléphants d’Addo (ex. 2004-2011) a été suivi d’un investissement de 14,5 millions de dollars consenti par le secteur privé et de la création de 614 emplois. Grâce au Projet de développement des ressources naturelles en Albanie (ex. 2006-2011), le revenu des populations qui ont pu réhabiliter et assurer une gestion durable des forêts et des pâturages a progressé de 8 %. Dans l’État indien de l’Andhra Pradesh, la baisse de 23 % des migrations saisonnières a été attribuée à l’augmentation du revenu annuel moyen tiré des ressources forestières, qui est passé de 44 à 104 dollars à la suite de la mise en œuvre du Projet de gestion communautaire des forêts de l’Andhra Pradesh (ex. 2003-2010). Le Deuxième projet de foresterie communautaire (ex. 2005-2009) a permis d’obtenir des résultats similaires au Mexique, où l’on estime que 6 200 personnes n’ont pas quitté les États où le projet était mis en œuvre en raison de la progression de 27 % de l’emploi dans le secteur forestier et de l’augmentation de 36 % de la valeur nette des biens et services forestiers. Selon des estimations prudentes de l’impact du Projet pour la préservation et la gestion de l’Arc oriental mené en Tanzanie (ex. 2005-2010), les 273 sous-projets de gestion forestière participative ont bénéficié à 520 000 personnes et généré un gain moyen de 100 dollars supplémentaires par an et par personne.
La Banque mondiale est à présent le premier fournisseur de l’aide au développement destinée à combattre la criminalité liée à l’environnement et aux ressources naturelles. En 2006, elle a alloué plus de 310 millions de dollars au domaine de la gouvernance et de l’application de la législation forestière. Une étude récente a montré que le niveau de financement s’est maintenu : les engagements en cours s’élèvent à 300 millions de dollars environ et soutiennent 39 projets relatifs à la foresterie, la pêche et l’application de la législation sur les espèces sauvages. Les activités financées par la Banque mondiale dans ce domaine sont variées : création d’un service de police forestière en République démocratique populaire lao ; différents projets en Asie du Sud pour l’application de la législation sur la faune sauvage ; projets de renforcement de l’application des lois sur la pêche en Afrique de l’Ouest ; soutien à l’action des gardes forestiers dans les parcs nationaux et les aires protégées du Libéria, par le biais notamment de la formation et de la fourniture d’équipements, et mise en place de systèmes de traçage des grumes et de contrôle du secteur forestier ; mise en œuvre de systèmes de détection et de suivi des infractions forestières, ainsi que d’un organe indépendant de contrôle des atteintes au patrimoine forestier au Cambodge et dans d’autres pays. Le programme mis en place par la Banque mondiale pour renforcer l’intégrité du secteur financier contribue par ailleurs à mobiliser les outils de lutte contre le blanchiment d’argent dans le cadre des mesures d’application de la législation sur l’environnement et les ressources naturelles. La Banque mondiale s’est engagée dans ce secteur en organisant en 2001 une première réunion ministérielle en Asie de l’Est consacrée à ce sujet. D’autres réunions de ce type ont suivi, en Afrique, en Europe et en Asie du Nord. Grâce à une contribution accordée par l’Union européenne dans le cadre de son Instrument européen de voisinage et de partenariat, la Banque mondiale a déployé un programme d’aide aux pouvoirs publics, à la société civile et au secteur privé en Arménie, en Azerbaïdjan, au Bélarus, en Géorgie, en Moldova, en Russie et en Ukraine, afin de mettre en œuvre des pratiques saines et durables de gestion forestière, dont notamment la prévention des activités illicites. Par ailleurs, ses activités dans ce domaine peuvent aussi contribuer au développement des exportations légales et, par conséquent, à l’augmentation des recettes de l’État, à l’image de ce qui s’est produit au Libéria à la suite de la mise en place d’un système de traçabilité (Projet de développement de la gestion du secteur forestier, ex. 2007-2012).
Travailler à l’échelle des écopaysages stimule l’économie et bénéficie à la population. Le gouvernement de l’État de l’Acre, situé à l’extrême Nord-Ouest du Brésil, s’est employé à assurer la fourniture de services de base à sa population rurale très dispersée, tout en s’éloignant d’un modèle de croissance fondé sur l’exploitation des produits forestiers et l’agriculture extensive. Le projet a favorisé une meilleure intégration des communautés rurales à la vie économique, par l’amélioration de l’accès aux services de vulgarisation agricole et le renforcement des filières de commercialisation de certains produits. En outre, l’introduction de pratiques forestières plus durables garantit une meilleure gestion des ressources naturelles. Alors qu’auparavant 90 % des activités d’extraction du bois étaient illicites, aujourd’hui la majorité d’entre elles se déroulent dans le cadre de plans officiels de gestion des forêts. Cette planification plus efficace de l’utilisation des terres a permis de protéger les forêts et les habitats naturels. Le PIB réel a augmenté de plus de 44 % et le taux de déforestation à chuté de 70 %. L’Acre démontre ainsi que la sauvegarde de sa richesse naturelle contribue aussi à extraire ses habitants de la pauvreté (Projet d’intégration économique et sociale et de développement durable de l’Acre, 2009-en cours).