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La montée des incertitudes politiques et l’arrivée à maturité des chaînes de valeur freinent le commerce mondial


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Crédits photo. Red Ivory/Shutterstock

LES POINTS MARQUANTS
  • La croissance du commerce mondial est au ralenti pour la cinquième année consécutive et a même atteint en 2016 son plus bas niveau depuis la crise financière mondiale.
  • Contrairement aux années précédentes, l’atonie des échanges est généralisée en 2016 et concerne aussi bien les pays à revenu élevé que les économies en développement.
  • La décélération du commerce mondial, imputable à divers facteurs, s’explique notamment par la faible croissance de l’économie mondiale et le faible niveau des prix des matières premières, ainsi que par un climat politique plus incertain et l’arrivée à maturité des chaînes de valeur mondiales.

Vendredi 17 février 2017. Le commerce mondial a accusé en 2016 ses plus mauvaises performances depuis la crise financière mondiale de 2008, révèle une nouvelle étude de la Banque mondiale.

Selon des données préliminaires, les échanges mondiaux de marchandises ont progressé à un rythme d’un peu plus de 1 % en 2016, contre une croissance de 2 % en 2015 et de 2,7 % en 2014. En outre, contrairement à ce qui avait été observé dans le sillage de la crise, à savoir un ralentissement des échanges circonscrit soit aux pays à revenu élevé soit aux pays en développement, la tendance apparaît généralisée en 2016. Les échanges de services ont toutefois mieux résisté depuis la crise.

L’étude met en avant un certain nombre de facteurs structurels pour expliquer l’évolution du commerce mondial en 2016, dont notamment l’arrivée à maturité des chaînes de valeur mondiales et le ralentissement du processus de libéralisation des échanges. À cela s’ajoutent des facteurs conjoncturels, à savoir principalement la faible croissance de l’économie mondiale et le faible niveau des prix des matières premières. Il est probable également que le climat d’incertitude politique ait joué un rôle dans le coup de frein porté aux échanges. 

Selon le rapport, intitulé en anglais Global Trade Watch: Trade Developments in 2016 (a), « le ralentissement des échanges commerciaux, dans la mesure où il est imputable à la stagnation des chaînes de valeur mondiales, peut aussi expliquer en partie le ralentissement récent de la productivité ». Et de poursuivre : « L’essoufflement des chaînes de valeur mondiales est susceptible de réduire le potentiel de croissance de la productivité associé à une division internationale du travail plus efficace et à la diffusion des technologies. »

Les trois économistes du Groupe de la Banque mondiale qui signent le rapport, Cristina Constantinescu, Aaditya Mattoo et Michele Ruta, mettent en lumière la corrélation entre productivité du travail et chaînes de valeur mondiales à partir de données relatives à l’industrie manufacturière. Leur analyse de 13 secteurs dans 40 pays et sur une période de 15 ans révèle ainsi que la participation aux chaînes de valeur mondiales est un facteur important de la croissance de la productivité du travail.

Les chaînes de valeur mondiales dopent la croissance de la productivité

Les échanges commerciaux ont progressé à un rythme d’environ 3 % entre 2012 et 2016, contre une croissance de 7 % par an en moyenne avant la crise (de 1994 à 2008). La croissance annuelle de la productivité a quant à elle également ralenti, pour passer de 2 % en moyenne sur la période 1994-2008 à 1 % dans le sillage de la crise.

Si l’on examine le développement des chaînes de valeur mondiales sur à peu près la même période, les données font état d’une stagnation de la progression de la spécialisation verticale depuis 2011 alors que la participation aux réseaux de production internationaux avait augmenté tout au long des années 2000.

Les auteurs de l’étude ont cherché à déterminer si cette évolution de la spécialisation verticale peut expliquer l’actuel ralentissement de la productivité dans le monde. Et de conclure : bien que le taux de croissance de la productivité soit influencé par de nombreux facteurs, les résultats obtenus indiquent que le ralentissement observé dans l’expansion des chaînes de valeur mondiales contribue effectivement à celui que connaît la croissance de la productivité. 

L’essor des chaînes de valeur mondiales a été facilité par l’approfondissement des accords commerciaux, qui ont permis de réduire les coûts des échanges et fourni l’infrastructure institutionnelle nécessaire à la bonne marche du commerce transfrontalier. En préservant les accords commerciaux et en étendant leur portée, on favorisera par conséquent la croissance de la productivité.

Le Global Trade Watch est une publication du Groupe de la Banque mondiale produite conjointement par le pôle mondial d’expertise en Commerce et compétitivité et par l’équipe Commerce et intégration internationale du Groupe de recherche sur le développement. Cette publication périodique s’appuie sur des sources diverses pour fournir des données actualisées et offre une analyse détaillée de l’évolution récente des échanges mondiaux.




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