La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) est confrontée à une pénurie d’eau sans précédent, qui menace tant les vies des populations que leurs moyens de subsistance. Les agriculteurs et les villes sollicitent excessivement des systèmes d’alimentation en eau au bord de la rupture. D’ici 2030, la quantité d’eau disponible dans la région MENA tombera sous le seuil absolu de pénurie, fixé à 500 mètres cubes par personne et par an, sachant que le problème deviendra encore plus aigu à mesure que la population augmentera.
Les stratégies actuelles, qui visent principalement à investir massivement dans les infrastructures et le dessalement, ne sont viables ni sur le plan financier ni sur le plan environnemental. C’est pourquoi des réformes sont nécessaires pour faire en sorte que les institutions en place assurent une meilleure gestion de l’attribution des ressources en eau au regard des besoins concurrents. Un nouveau rapport, intitulé Aspects économiques de la pénurie d’eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : solutions institutionnelles, se penche sur la gravité de la problématique de l’eau dans la région et propose aux pays des pistes d’action pour mieux répartir et gérer la ressource. Ces solutions consistent notamment en un transfert de pouvoirs plus importants aux autorités locales, ce qui conférerait davantage de légitimité aux arbitrages difficiles autour de l’utilisation de l’eau que des décisions par le haut. L’octroi d’une plus grande autonomie aux entreprises de services d’eau pour qu'elles puissent se rapprocher de leurs clients et les informer des changements de prix pourrait par ailleurs permettre de mieux faire accepter et respecter les structures tarifaires, et donc limiter les risques de contestations et de troubles publics.
Ce type de réformes pourrait aider les gouvernements à renégocier le contrat social avec les populations de la région MENA et renforcer la légitimité de l’État ainsi que la confiance dans sa capacité à mieux gérer la pénurie d’eau.