OUAGADOUGOU, le 24 juillet, 2017—Les pays africains continuent de résister à une conjoncture économique difficile, notamment à des termes de l’échange dégradés, à une croissance mondiale molle et à des problèmes internes. En 2016, la croissance régionale a été insuffisante pour améliorer le produit intérieur brut (PIB) par habitant, et la pauvreté touche encore près de 41 % de la population de l’Afrique.
Cependant, des pays montrent une certaine résilience économique. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, de l’Éthiopie, du Kenya, du Rwanda, du Sénégal et de la Tanzanie, qui se caractérisent par des politiques et des institutions de meilleure qualité et en faveur d’une croissance solidaire et durable. Ils sont ainsi mieux à même de faire face aux chocs économiques.
Dans notre dernière Évaluation des politiques et des institutions nationales (CPIA) en Afrique, nous nous penchons sur les performances de l’Afrique subsaharienne pour proposer un cadre que la région pourra utiliser en vue de remédier à ses carences politiques et institutionnelles et suivre les progrès réalisés.
Cette année, la CPIA dresse un état des lieux assez préoccupant de la gestion économique, des politiques structurelles, des politiques d’inclusion sociale et d’équité, ainsi que de la gestion du secteur public.
En effet, même si certains pays continuent d’afficher de bons résultats, comme le Rwanda, le Sénégal et le Kenya, il est indéniable que la situation tend à se détériorer, ce qui indique que les réformes des politiques et des institutions sont trop lentes.
Les États fragiles, tout particulièrement, restent aux prises avec une multitude de problèmes qui compromettent l’efficacité des réformes des politiques et le renforcement des institutions nationales. Les États fragiles d’Afrique accusent toujours un retard sur ceux des autres régions du monde, surtout pour ce qui concerne la qualité de leurs institutions publiques et l’inclusion sociale (notamment l’égalité entre les sexes).
À l’heure où les pays, les organisations de développement et les organisations internationales unissent leurs forces dans l’objectif de mobiliser un financement sans précédent pour le développement de l’Afrique, les constats de la CPIA peuvent guider les efforts visant à renforcer les politiques et les institutions publiques locales.
Les pays d’Afrique devraient utiliser des outils de suivi tels que la CPIA pour améliorer leurs performances dans différents domaines : politiques publiques, transparence, efficacité des services publics, inclusion sociale et gestion économique. Grâce au système de notation et à la méthodologie de la CPIA, ils peuvent comparer les progrès qu’ils ont accomplis au fil des ans, mais aussi par rapport aux pays voisins ou aux pays dont la situation économique ou sociopolitique est similaire. Cette comparaison peut permettre d’explorer plus avant et de mettre en œuvre des politiques et des réformes propices à de réels changements positifs et durables.
Depuis 1980, les notes de la CPIA sont utilisées pour déterminer l’allocation de prêts à taux zéro et de dons aux pays éligibles au soutien de l’Association internationale de développement (IDA), l’institution du Groupe de la Banque mondiale qui apporte des financements à des conditions de faveur. Elles servent également de baromètre, qui peut influer sur la confiance des investisseurs et sur la perception du risque.
Des institutions solides et des opérations publiques transparentes, au service de la population, sont essentielles pour que le continent africain mette pleinement à profit les opportunités commerciales et de développement offertes par des initiatives telles que l’IDA 18, le partenariat « Compact with Africa » du G20 ou l’Alliance du Sahel, récemment constituée.
Nous espérons que toutes nos études et analyses reposant sur des données factuelles, comme la CPIA, aideront l’Afrique à améliorer nettement l’efficacité de ses politiques et la qualité de ses institutions, avec, à la clé, de meilleurs résultats de développement et la prospérité pour tous les Africains.
La dernière édition de la CPIA fait le point sur la situation et présente les notes les plus récentes obtenues par les pays d’Afrique.