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L’augmentation du cours des matières premières, l’essor des capitaux étrangers et la hausse de la consommation stimulent la croissance en Afrique

Dernier numéro: 
  • Volume 09


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LES POINTS MARQUANTS
  • La dernière édition d’Africa’s Pulse table sur une croissance économique de 4.7% en 2013 et 5.2% en 2014
  • La flambée de la demande en matières premières est l’un des facteurs clés de la croissance
  • Les dépenses des ménages sont en hausse du fait de la baisse du prix des aliments et du pétrole et d’une augmentation des transferts d’argent des migrants

WASHINGTON, le 7 avril 2014- L’Afrique subsaharienne est parvenue à maintenir le cap de la croissance au cours des 19 dernières années. Après 5 années de croissance mondiale faible, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne affichent une croissance relativement solide. L’activité économique de l’ensemble de la région continue de croître, malgré les difficultés émergentes. Africa’s Pulse, une publication semestrielle de la Banque mondiale qui étudie les enjeux qui façonnent l’avenir économique de l’Afrique et analyse les données les plus récentes, table sur une croissance du PIB de 5,2% pour 2014 (contre 4,7% en 2013) et de 5,4% en 2015.

Selon ce rapport, la croissance économique du continent est générale et continue d’être soutenue par une forte demande des investissements publics et privés et la consommation des ménages. Le rapport souligne que l’augmentation du cours des matières premières ainsi que l’essor des capitaux étrangers (lui-même favorisé par les politiques monétaires accommodantes des pays aux revenus élevés), sont les principaux facteurs de la croissance en Afrique depuis le milieu des années 90.

« Bien que les exportations de l’Afrique subsaharienne se concentrent sur quelques produits clés, les pays de la région sont parvenus à diversifier leurs partenaires commerciaux » a indiqué Francisco Ferreira, économiste en chef pour la Région Afrique de la Banque mondiale. « Au cours de la dernière décennie, les exportations vers les marchés des pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (BRICS) ont considérablement augmenté. Cela est dû principalement à la flambée de la demande en matières premières. En 2000,  seulement 9% des exportations du sous-continent africain étaient destinés aux BRICS. Une décennie plus tard, les BRICS représentaient 34% du volume total des exportations de l’Afrique ».

L’ensemble de la région a fait l’expérience d’un essor rapide des investissements directs étrangers (IDE). Deux facteurs expliquent cette tendance. D’une part, la hausse du marché des matières premières due au développement sans précèdent de l’Asie, et d’autre part, l’ampleur de la délocalisation des activités commerciales. La nouvelle vague d’investissements directs étrangers favorise la création d’emplois et d’investissements mais offre aussi de nouvelles opportunités par une intégration plus forte de l’Afrique dans le commerce mondial.

Les taux de croissance varient considérablement selon les pays, les pays riches en ressources naturelles affichant une croissance plus rapide que celle des pays qui en sont dénués. Les pays les plus performants ont enregistré des taux de croissance de 3,3% par an en moyenne entre 1995 et 2012 contre 0,9% en moyenne pour les pays à la croissance la plus faible. Parmi les pays les plus performants, les pays riches en ressources naturelles et ceux qui en sont dénués (comme le Rwanda et l'Ethiopie) enregistrent des taux de croissance similaires (plus de 4% par an).  

Les ressources naturelles et le secteur des services 

Le rapport Africa’s Pulse révèle que le secteur des ressources naturelles ainsi que celui des services sont les plus performants du sous-continent africain : la part du secteur des ressources naturelles est passée de 9% entre 1995 et 1999 à 12,5 % entre 2007 et 2011. Sur la même période, celle des services a augmenté de 40 à 47%.

Les exportations de l’Afrique subsaharienne se sont développées à un rythme soutenu grâce aux ressources naturelles. Entre 1995 et 2012, le volume total des exportations de la région a considérablement augmenté, passant de 68 à plus de 400 milliards de dollars. L’essentiel de cette forte augmentation provient des exportations de ressources naturelles.

À titre d’exemple, les exportations de pétrole, de minerais et de métaux ont explosé, passant de 38 à 300 milliards de dollars au cours de cette période. Si, ces dernières années, l’Afrique subsaharienne a bénéficié du prix élevé des matières premières, sa dépendance aux exportations de ressources minérales rend la région très vulnérable aux fluctuations de leur prix.

Croissance et structure des échanges commerciaux

Si la diversification des exportations a été limitée, l’Afrique subsaharienne est cependant parvenue à diversifier ses partenaires commerciaux. La croissance forte des pays de la région dépend en effet de leur structure de production, des avancées en matière de réformes structurelles, de leur poids dans l’économie mondiale et de la pertinence de leur gestion macroéconomique.

L’enjeu pour de nombreux pays africains, notamment exportateurs de pétrole, est donc désormais de diversifier leurs exportations. Les pays exportateurs de pétrole dépendent à l’excès de cette seule matière première comme source de revenu. Ainsi en moyenne, plus de 92% des recettes d’exportation de l’Angola, du Tchad, de la Guinée équatoriale, du Gabon et du Nigéria  provenaient du pétrole entre 2010 et 2013. Même pour les pays dénués de pétrole tels que le Botswana, la Mauritanie et la Sierra Leone, les minerais et les métaux représentent plus de la moitié de leurs revenus d’exportation.

Certains pays ont diversifié avec succès leurs exportations. La Tanzanie, par exemple, a augmenté et diversifié fortement sa production et ses exportations, alors que la part de l’agriculture traditionnelle de rente (les noix de cajou, le café, le coton, le thé, le sisal et le tabac) a considérablement diminué. La destination géographique des exportations tanzaniennes a également beaucoup évolué ces dix dernières années. Les exportations vers l’Union européenne se sont réduites au profit des échanges régionaux, notamment au sein de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (CEA) et avec l’Afrique du Sud.

Perspectives à long terme

Les gouvernements du sous-continent doivent investir dans de nombreux domaines pour assurer une croissance économique pérenne, profitant à toute la population.

Le rapport Africa’s Pulse souligne l’importance d’une bonne gouvernance et d’institutions solides mais aussi la nécessité d’investir dans le capital humain, en particulier les jeunes, et dans les infrastructures sur tout le continent.

Il faudra réduire davantage les obstacles au commerce et à l’investissement et s’assurer que des services soient mis en place pour répondre à l’urbanisation rapide des grandes et moyennes agglomérations africaines. Tout cela est indispensable pour maintenir et mieux partager les fruits de la croissance dans la région.

La mondialisation des services constitue un potentiel de croissance fort pour l’Afrique subsaharienne. Plusieurs tendances favorables y concourent : les échanges de services sont le secteur le plus dynamique du commerce mondial et la part des nouveaux services est en augmentation,  un fait sur lequel capitalisent les pays en développement.

Les technologies et le recours à la sous-traitance permettent à certains secteurs de surmonter les obstacles traditionnels liés au besoin de proximité physique et géographique. De nouveaux services comme le développement de logiciels, les centres d’appel et la sous-traitance de services administratifs aux entreprises peuvent désormais être échangés comme des biens manufacturés à forte valeur ajoutée. Cela constitue un nouveau vecteur de croissance pour les pays en développement qui décident de se focaliser sur de tels services.

L’Afrique subsaharienne a-t-elle aujourd’hui exploité tout ce potentiel ? Les exportations de service de la région, qui pèsent 50 milliards de dollars, sont bien inférieures à celles des autres régions en développement. Toutefois, elles augmentent de 12% en moyenne chaque année. La part des services traditionnels comme le transport et le voyage a diminué passant de 73% de l’ensemble des exportations des services en 2005 à moins de 64% en 2012. Sur la même période, la part des nouveaux services a augmenté de plus de 10 points passant de 26% à 36% du volume total des exportations du secteur.

Dans des pays tels que l’Ile Maurice, le Rwanda et la Tanzanie, les exportations des nouveaux services ont enregistré des taux de croissance annuelle de plus de 10% entre 2005 et 2012. Le Rwanda, par exemple, a commencé avec seulement 40 millions de dollars d’exportations de services en 2005 pour atteindre plus du double en 2012 à près de 85 millions de dollars. À l’Ile Maurice aussi bien qu’au Rwanda,  cet accroissement rapide des nouveaux services reflète le fort dynamisme des activités commerciales et des services financiers. Plus de 60% des personnes employées dans les grandes entreprises de l’Ile Maurice travaillent dans le secteur des services qui offre plus d’opportunités d’emploi que l’agriculture et l’industrie manufacturière.

« Tandis que l’Ile Maurice, le Rwanda et la Tanzanie ont enregistré la croissance la plus rapide en la  matière, d’autres pays tels que le Kenya se tournent progressivement vers le secteur des nouveaux services qui devient un moteur de croissance et de développement. C’est une excellente nouvelle pour les autres pays africains qui cherchent à se développer sur le marché mondial des services », a souligné Punam Chuhan-Pole, économiste principale pour la région Afrique de la Banque mondiale et auteur du rapport Africa’s Pulse.

 



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