Il est nécessaire de renforcer les systèmes de santé
Les pays IDA d’Afrique subsaharienne ont dû faire face à la pandémie de COVID-19 alors qu’ils étaient mal préparés à la gestion d’une telle crise sanitaire, du fait d’une faible couverture sanitaire, de l’insuffisance des dépenses publiques dans la santé et du niveau élevé des coûts supportés par les patients. Ils présentent dans l’ensemble des failles importantes dans leur capacité à prévenir, détecter et répondre à une situation d’urgence sanitaire. Leurs systèmes de santé accusent globalement de graves lacunes en matière de capacités de soins dans les dispensaires et les hôpitaux, de déploiement des personnels soignants, d’accès aux soins et de pratiques de lutte contre les infections.
Indice mondial de sécurité sanitaire, 2019
Il est important de protéger le capital humain
La pandémie de COVID-19 aura probablement des effets néfastes sur le capital humain en raison des perturbations causées à des services de santé essentiels, des pertes de revenus et des mesures de fermeture des établissements scolaires. Pour un grand nombre de pays IDA en Afrique subsaharienne, la lutte contre la pandémie aura pour conséquence de détourner des ressources publiques au détriment d’autres services de santé essentiels en raison d’une marge de manœuvre budgétaire limitée, tandis que dans la plupart d’entre eux la mise en place de mesures de confinement a imposé la fermeture des écoles et entraîné des pertes de revenus chez les familles pauvres qui travaillent dans l’économie informelle et sont privées de ce fait d’une protection sociale. L’interruption des services de santé maternelle et infantile, en particulier, risque de se traduire par une hausse des décès chez les enfants de moins de cinq ans. Les estimations indiquent que la fermeture des établissements d'enseignement a concerné environ 252 millions de jeunes dans l’ensemble de la région, ce qui devrait détériorer encore davantage le niveau des apprentissages. Les perturbations infligées à des services de santé et d’éducation essentiels mettent en péril la capacité des pays IDA d’Afrique subsaharienne à se doter du capital humain indispensable à leur développement. En s’attachant à préserver leur capital humain aujourd’hui, ces pays seront en mesure de se rétablir et de poursuivre leur croissance après la pandémie. Ils devront pour cela mettre en œuvre des politiques visant à soutenir les ménages vulnérables, protéger les moyens de subsistance, garantir l'accès à l’éducation et renforcer la connectivité numérique.
Indice du capital humain, 2018
Source: The Human Capital Project, World Bank, 2018.
Remarque: les scores des pays varient entre 0,1 (le plus bas) et 1,0 (le plus élevé).
Des avancées positives sur les politiques budgétaires et la gestion de la dette, sur fond de hausse des risques de surendettement
L’évaluation CPIA repose sur 16 indicateurs regroupés en quatre catégories : gestion économique ; politiques structurelles ; politiques d’inclusion sociale et d’équité ; gestion et institutions du secteur public. En ce qui concerne le groupe A, qui porte sur les indicateurs de gestion économique, les notes régionales moyennes n’ont pas évolué par rapport à l'année dernière, ce qui rend compte des avancées enregistrées par plusieurs pays en matière de politique budgétaire et de gestion de la dette. Plus précisément, la région conserve sa note de 3 sur 6 pour la politique budgétaire, s’inscrivant ainsi dans une dynamique de stabilisation. Les scores obtenus sur le front de la gestion de la dette, qui avaient été marqués par une tendance à la détérioration ces dernières années, se sont également stabilisés en 2019. De nombreux pays se sont en effet dotés d'une stratégie nationale d’endettement à moyen terme et ont accru leurs capacités de mise en œuvre, avec à la clé un renforcement des fonctions de gestion de la dette. Les vulnérabilités liées à la dette publique restent cependant considérables, de nombreux pays présentant un risque élevé de surendettement. Les incohérences entre cadres de politique monétaire et objectifs de stabilité des prix ont contribué à une baisse des notes moyennes relatives aux politiques monétaires et de taux de change.
Les scores moyens obtenus dans les autres catégories sont en déclin. La détérioration du cadre de la politique commerciale ainsi que la poursuite de l’affaiblissement du secteur financier dans plusieurs pays ont conduit à une dégradation des notes moyennes obtenues sur le front des politiques structurelles (groupe B), après plusieurs années de stabilisation. La baisse enregistrée dans le domaine de l’inclusion sociale (groupe C) s’explique quant à elle par une détérioration des résultats sur le plan du développement du capital humain, liée notamment à la qualité des services de santé. Enfin, le domaine gestion et institutions du secteur public (groupe D), déjà à la traîne par rapport aux trois autres groupes d’indicateurs, a continué de reculer en 2019 sous l’effet des moins bonnes performances enregistrées par plusieurs pays en matière d’efficacité de la mobilisation des recettes et de qualité de l'administration publique.
Tendances des groupes de la CPIA
Source: Base de données CPIA.
Les pays fragiles toujours à la traîne dans tous les groupes d’indicateurs
Le fossé entre les États fragiles et les autres pays est particulièrement grand dans les domaines de la gestion économique et des politiques structurelles. Il est imputable dans le groupe A à la qualité des politiques monétaires et de taux de change et à celle des cadres de gestion de la dette, tandis que dans le groupe B les écarts de notes sont les plus élevés en matière commerciale. Les pays fragiles obtiennent également des scores particulièrement plus faibles en ce qui concerne les droits de propriété et les règles de gouvernance.
Figure 25: Scores CPIA, par groupe de pays et cluster, 2019
Source: Base de données CPIA.