“La proportion de travaux scientifiques provenant de l’Est, de l’Ouest et du Sud de l’Afrique croît de manière constante,” observe Andreas Blom, économiste principal au sein du pôle éducation de la Banque mondiale et coauteur du rapport intitulé ”Une décennie de développement : la recherche en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques en Afrique subsaharienne ». En outre, «les gouvernements africains ont compris que la production et le partage du savoir sont déterminants pour renforcer le capital humain et la croissance économique», ajoute-t-il.
La majorité des travaux de recherche porte sur les domaines de l’agriculture et des sciences de la santé, le continent devant faire face à terribles maladies telles que le VIH/SIDA, le paludisme et plus récemment l’épidémie d’Ebola. Néanmoins, les sciences et technologies de l’ingénierie et mathématiques (STIM) sont les grandes absentes de cette équation, puisqu’elles ne représentent que 29% des recherches scientifiques en Afrique subsaharienne. Cela nuit fortement au développement des secteurs de l’énergie, des transports, des industries légères et extractives dans de nombreux pays. Or, il s’agit de secteurs clés susceptibles de transformer les économies africaines et de contribuer à la lutte contre la pauvreté.
Beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne sont confrontés aux mêmes difficultés: une faible qualité de l’enseignement de base en sciences et mathématiques et un enseignement supérieur trop axé sur les sciences humaines et sociales. À cela s’ajoutent des financements internationaux insuffisants, et qui se concentrent de manière excessive sur la recherche en agronomie et en sciences de la santé.
« Nous ne sommes pas en train de dire que l’agriculture et la santé ne sont pas des domaines de recherche importants », précise George Lan, coauteur du rapport. « Mais plutôt que la recherche dans les STIM doit devenir aussi une priorité. Renforcer les capacités des institutions à produire une recherche scientifique de qualité dans ces domaines contribuerait à transformer l’Afrique au bénéfice de la société dans son ensemble. L’Afrique dispose en effet d’immenses ressources naturelles mais ses capacités sont trop faibles pour pouvoir tirer parti de leur extraction, de leur production et de leur vente.»
Améliorer la qualité de l’enseignement supérieur en STIM serait bénéfique aux pays, mais aussi aux millions de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail. Aujourd’hui, plus de 50% de la population africaine a moins de 25 ans. Pour que le continent bénéficie pleinement de cet atout démographique, il faut que les jeunes soient formés aux besoins du marché des technologies de l’information et de la communication, ainsi qu’en agronomie.
Le rapport constate que certains pays ont fait des progrès dans ce sens. En Ouganda, l’initiative « Millenium science » représente un investissement de 33,4 millions de dollars visant à produire des diplômés plus nombreux et mieux qualifiés en sciences et en ingénierie. Elle a permis d’augmenter le nombre de chercheurs de manière significative (720 aujourd’hui contre 261 auparavant). Le nombre d’étudiants en doctorat a augmenté de 24 à 41 et celui des étudiants en Master de 245 à 633.