Les pays en tête du classement
La note globale de la CPIA a progressé pour huit pays d’Afrique subsaharienne. De nouvelles réformes ont permis au Rwanda de porter sa note à 3,9, ce qui le place en tête du classement de la CPIA, aux côtés de Cabo Verde et du Kenya. Le Burkina Faso, le Sénégal et la Tanzanie sont juste derrière, affichant chacun une note de 3,8. C’est la République démocratique du Congo (RDC) qui a le plus progressé : sa note est passée de 2,7 à 2,9.
La situation est également positive pour les pays qui sortent de plusieurs années de conflit. Les réformes politiques dans ces pays et dans d’autres États fragiles expliquent la majeure partie de l’amélioration de la note globale de la CPIA dans le rapport de cette année. La Côte d’Ivoire, par exemple, a vu sa note progresser pour la troisième année consécutive grâce à des réformes touchant à de multiples domaines. Les réformes en cours, notamment en matière de gouvernance, ont permis de rehausser la note du Tchad, tandis que la RDC a obtenu une meilleure note grâce aux progrès enregistrés dans l’élaboration de ses politiques publiques.
Le Soudan du Sud et l’Érythrée, deux pays aux prises avec des difficultés politiques et institutionnelles, obtiennent les scores les plus bas (respectivement 2,1 et 2,0). Dans le même temps, la note de la CPIA pour la République centrafricaine a nettement baissé, ce qui montre qu’un conflit annihile rapidement les avancées enregistrées sur le plan de la politique publique.
Le rapport de cette année inclut Djibouti et le Yémen, dont la note n’a quasiment pas évolué depuis 2012. Malgré des conditions instables dans la région et une conjoncture économique mondiale toujours difficile, la stabilité de ces deux pays indique qu’au sein de la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord de la Banque mondiale, les pays pouvant bénéficier d’un financement de l’IDA ont généralement choisi de conserver le cadre de politique existant. Djibouti a obtenu une note légèrement supérieure à la moyenne de la région MENA (3,1, contre 3,0 pour la région), tandis que le Yémen arrive exactement à la moyenne.
La gestion économique reste solide
C’est dans le domaine de la gestion économique que les pays d’Afrique subsaharienne obtiennent les meilleures notes. Cette tendance découle de plusieurs facteurs. En particulier, les décideurs politiques en Afrique s’accordent à penser que la stabilité macroéconomique crée généralement les conditions d’un secteur privé productif. Parallèlement, la gestion de la politique macroéconomique a moins de conséquences sur la scène politique que la transformation des institutions (par exemple du système judiciaire).
« Les performances enregistrées par les pays africains en ce qui concerne leur gestion économique sont très hétérogènes », remarque Punam Chuhan-Pole (a), économiste principale pour la Région Afrique de la Banque mondiale et auteur de ce rapport. « Les notes de cette année témoignent de dérapages dans la gestion économique et de faiblesses dans le cadre budgétaire dans de nombreux pays, notamment le Ghana et la Zambie. À l’inverse, plusieurs pays, tels que la RDC, la République du Congo, la Côte d’Ivoire, le Nigéria et le Rwanda, ont progressé dans leur gestion et leur politique de la dette. »
Écarts dans les politiques commerciales et sur l’égalité des sexes
Les pays d’Afrique continuent d’améliorer leurs programmes ayant trait au commerce, au secteur financier et à l’environnement d’affaires, trois indicateurs servant à mesurer les politiques structurelles, avec une moyenne régionale de 3,2.
Quatre pays ont vu leur note globale pour le commerce progresser : la RDC, le Lesotho, le Libéria et le Rwanda.
Toutefois, la note moyenne de la CPIA relative au commerce pour l’ensemble de l’Afrique est de 3,7, juste en dessous de la note moyenne des pays d’autres régions du monde. Si tous les pays d’Afrique ont encore une importante marge de progression en ce qui concerne leurs politiques commerciales, les résultats montrent qu’en Afrique, ce sont surtout les États fragiles qui rencontrent des difficultés commerciales.
Les avancées enregistrées sur le plan de la législation et des politiques publiques favorisant l’égalité hommes-femmes restent en deçà de celles observées dans la plupart des autres régions. Quelques pays affichent des progrès sur ce plan ; ainsi, la première place revient à Cabo Verde (4,5) tous les ans depuis 2005, et cinq pays obtiennent une note moyenne de 4,0 : le Burundi, le Ghana, le Lesotho, la Mauritanie et le Rwanda.
Huit pays affichant le maigre score de 2,5 pour l’égalité des sexes enregistrent également un taux de mortalité maternelle extrêmement élevé, un faible pourcentage de naissances assistées par du personnel de santé qualifié, une faible prévalence de la contraception et une forte disparité filles-garçons dans les taux de scolarisation au secondaire.
Ce qu’il faut retenir de la CPIA
- Plus de 40 % des pays de la région d’Afrique subsaharienne (16 sur 39) ont vu leur note globale évoluer, pour moitié à la hausse et pour moitié à la baisse.
- Plusieurs pays fragiles ont consolidé leurs politiques publiques, un pays sur cinq a enregistré une hausse de sa note globale.
- Les conflits et l’instabilité politique continuent de peser sur les politiques publiques et l’environnement institutionnel dans certains pays.
- Des faiblesses persistent dans la gouvernance du secteur public. Les résultats dans ce domaine sont d’ailleurs inférieurs à ceux de tous les autres domaines évalués par la CPIA.
Le rapport conclut que la note moyenne globale de la CPIA dans les pays d’Afrique non fragiles est désormais analogue à celle d’autres États non fragiles en dehors de l’Afrique. En revanche, il existe toujours un écart entre les États fragiles de la région et des pays dans la même situation dans d’autres régions, ce qui montre qu’il reste beaucoup à faire pour aboutir à des politiques qui stimuleront la croissance et feront reculer la pauvreté en Afrique.