Inclusion productive et autonomisation des femmes
Pour améliorer la résilience des ménages bénéficiaires de filets sociaux, la Banque mondiale et les gouvernements des pays du Sahel collaborent à la mise en place d’un programme d’inclusion productive visant à faciliter le développement d’activités génératrices de revenu. Ce programme, dont la phase pilote a touché plus de 50 000 bénéficiaires à travers 4 pays, a fait l’objet d’évaluations d'impacts et de processus. Sur la base des résultats obtenus, plusieurs pays sont actuellement en phase de mise à l’échelle. Des ressources et outils utiles pour la mise en œuvre du programme sont mis à disposition.
1. Pilote régional et dispositifs de mise en œuvre
Sur la base d'une évaluation des principales contraintes auxquelles sont confrontés les ménages pauvres et vulnérables, les programmes de protection sociale au Burkina Faso, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad ont été enrichis, dès 2017, par un ensemble intégré de mesures d'inclusion productive qui a été mis en œuvre dans le cadre d’un pilote régional.
1.1. En fonction des contextes et des capacités, les gouvernements ont adapté leurs dispositifs de mise en œuvre du programme. Les données de suivi ont montré que ces différents dispositifs se sont tous révélés efficaces pour assurer une bonne mise en œuvre des activités et une forte participation des bénéficiaires.
1.2. La mise en œuvre des mesures d'inclusion productive par le biais des systèmes de filets sociaux a montré une forte efficacité par rapport aux coûts.
Le coût du programme est bien plus bas (250$-575$ par bénéficiaire) que le coût moyen des programmes de « graduation » mis en œuvre par des ONGs (souvent supérieur à 1000$ par bénéficiaire). L’intégration du programme dans les filets sociaux permet de contenir le coût mais celui-ci peut varier en fonction de plusieurs facteurs (dispositif de mise en œuvre, taille du programme et économie d’échelle, ratios d’encadrement). La subvention productive représente 42 à 69% du coût total.
2. Évaluation multi-pays et résultats d’impacts
La mise en œuvre du programme pilote régional a fait l’objet d’une évaluation d’impact multi-pays (Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Sénégal). L’étude a été enregistrée ainsi que son plan de pré-analyse. L’objectif est de mesurer l’efficacité du programme et de déterminer le contenu optimum des mesures d’accompagnement pour les activités productives.
Les résultats d'évaluation d’impact ont démontré l’efficacité des mesures d'inclusion productive mises en œuvre par les programmes nationaux de filets sociaux adaptatifs dans le Sahel. Les mesures productives ont eu des impacts substantiels sur des indicateurs économiques tels que la consommation, la sécurité alimentaire, les investissements, l’épargne ou les revenus des activités génératrices de revenus des femmes. Les mesures productives ont aidé les ménages à diversifier leurs activités économiques et l'augmentation des investissements dans des activités non agricoles a entraîné une forte croissance des revenus. La diversification de leurs activités en dehors de l'agriculture a également aidé les femmes à renforcer leur résilience aux chocs climatiques, car les revenus non agricoles sont généralement moins exposés aux risques climatiques.
Les impacts économiques sont souvent de forte ampleur, et les mesures productives sont donc très efficaces par rapport à leurs coûts. Par exemple, au Niger et au Sénégal, les programmes d’inclusion productive ont déjà des impacts sur la consommation supérieure aux coûts 18 mois après la fin du programme productif. Les impacts sur la consommation des bénéficiaires sont au moins 1.2 à 2.1 fois supérieurs au coût du programme, démontrant un fort retour sur investissement. Des effets positifs sur les non-bénéficiaires et l’économie locale ont aussi été observés au Tchad.
Des impacts positifs sur le bien-être psychologique, la cohésion sociale, ou l’autonomisation des femmes ont été observés dans différents contextes. Au niveau individuel, les participants ont bénéficié d'une meilleure santé mentale et d'un sentiment plus fort de valeur sociale. Ils ont également indiqué qu'ils avaient davantage confiance en leur communauté. Au niveau communautaire, le programme a amélioré les attitudes à l'égard du genre et les perceptions sur la participation économique des femmes. Les femmes ont déclaré avoir un plus grand pouvoir de décision sur leurs ressources. Toutefois, quelques nuances dans ces effets entre les contextes sont apparues. Par exemple, l’augmentation du bien-être psychologique et social est plus marquée en zones rurales, en particulier au Niger.
Les évaluations d’impact fournissent également des informations sur l’optimisation du paquet de mesures productives. Les composantes psychosociales (sensibilisation communautaire et ateliers de compétences de vie) ont une forte valeur ajoutée en augmentant les impacts économiques dans les contextes ruraux au Niger et en Mauritanie. Le retour sur investissement est particulièrement fort pour les paquets avec composantes psychosociales au Niger et au Sénégal. Cela montre que ce ne sont pas seulement les subventions productives qui expliquent les impacts, et souligne l’importance d'aborder à la fois les contraintes psychosociales ainsi que les contraintes financières auxquelles font face les ménages les plus pauvres.
Des différences entre contextes sont apparues, soulignant l’importance d’adapter les contenus du paquet d’inclusion productif. Par exemple, dans le contexte du Burkina Faso marqué par les conflits et l’insécurité, l’impact du programme sur l’épargne est plus fort que sur les investissements.
Les résultats du Niger ont été publiés en 2022 dans la revue scientifique Nature ("Tackling psychosocial and capital constraints to alleviate poverty"), accompagné d’un résumé synthétique (Addressing social, psychological and economic barriers helps people out of extreme poverty). Les résultats pour les autres pays sont en voie de publication.
2.1. Les évaluations qualitatives des processus de mise en œuvre
Trois évaluations qualitatives des processus de mise en œuvre du programme pilote ont été menées au Niger, au Sénégal et en Mauritanie. Ces études ont permis d’avoir une meilleure compréhension de la conception et de la mise en œuvre des différentes activités. Elles ont contribué à l’interprétation des résultats de l’évaluation d’impact multi-pays, et ont permis d’appuyer la formulation de recommandations pour les mises à l’échelle.
2.2. Les rapports suivi-évaluation
Les données administratives de suivi-évaluation du programme pilote ont été analysées dans un rapport mettant notamment en lumière le taux important de participation des bénéficiaires aux différentes activités.
3. Mise à l’échelle du programme réaménagé
La mise à l’échelle du programme productif est en cours ou prévue dans les différents pays du Sahel, et couvrira plus de 315000 ménages dans la région d’ici 2027
Dans cette perspective, le Sénégal et le Tchad ont réaménagé le paquet de mesures d’accompagnement productives comme suit :
4.Boîtes à outils pour la mise en œuvre des mesures productives
Ressources et outils
Les outils présentés permettent d’inspirer la conception et/ou les diverses adaptations du projet d’inclusion productive. Ils ont été conçus dans le cadre de la mise à l’échelle du projet au Sénégal et au Tchad :
- Vidéo de présentation du projet YKK (Sénégal) & vidéo de présentation du projet MP (Tchad) – Version française
- Vidéo 3D AVEC – Version française (disponible en langues locales – arabe, wolof...)
- Note de synthèse sur les mesures d'inclusion productive (version en anglais)
- Vidéos de sensibilisation communautaire au Sénégal et au Niger