Le Sahel – vaste région semi-aride de l’Afrique séparant le désert du Sahara au nord et la savane tropicale au sud – abrite certains des pays les plus pauvres du monde. La région est confrontée à des défis multiples, notamment une croissance démographique rapide (la population devrait doubler d’ici 2045), des niveaux extrêmement faibles de capital humain, une vulnérabilité géographique et climatique, une insécurité alimentaire et des fragilités. Dans une région où plus de 40 % de la population vit déjà en dessous du seuil de pauvreté, les chocs peuvent encore contribuer à la persistance de la pauvreté, entravant la gestion des chocs futurs.
Quand le changement climatique est une réalité
Les températures dans le Sahel augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale. Les chocs climatiques, comme les sécheresses et les inondations, sont plus fréquents et plus sévères, et environ 80 % des terres cultivables du Sahel sont dégradées. Tout cela exacerbe les conflits et aggrave les déplacements forcés, ainsi que les vulnérabilités préexistantes. Alors que la crise climatique mondiale progresse, les habitants de la région du Sahel subissent directement son impact et ses conséquences dramatiques sur leurs moyens de subsistance.
Le Sahel abrite certains des pays
les plus pauvres du monde et la région est
frappée de plein fouet par le changement climatique.
Renforcer la résilience au Sahel grâce à la protection sociale adaptative
La protection sociale adaptative (PSA) est un outil crucial pour soutenir les gouvernements nationaux dans le développement de systèmes qui aident les ménages et les communautés pauvres et vulnérables à mieux s’adapter et à renforcer leur résilience au changement climatique et à d’autres chocs covariants. L’approche adaptative intègre des interventions de protection sociale et des mesures de gestion des risques de catastrophe et d’adaptation au changement climatique, afin de mieux anticiper les chocs et y répondre.
Les systèmes de protection sociale adaptative naissants au Sahel aident les ménages pauvres et vulnérables à renforcer leur résilience, réduisent l’impact du changement climatique et d’autres chocs (comme la pandémie de COVID-19) et promeuvent l’accès à des opportunités de génération de revenus. Les transferts monétaires ainsi que les interventions complémentaires d’inclusion productive – comme les groupes communautaires d’épargne et de crédit, les formations sur les compétences de base ou à l’entrepreneuriat – renforcent les capacités d’adaptation des ménages en les aidant à diversifier leurs moyens de subsistance.
En s’appuyant sur des systèmes d’alerte précoce climatiques soutenus par des stratégies de financement des risques de catastrophes, les pays peuvent anticiper des événements climatiques comme les sécheresses, et augmenter rapidement les transferts monétaires à travers leurs programmes de filets sociaux, offrant ainsi une réponse globale efficiente face aux besoins croissants. Les interventions axées sur la protection sociale adaptative ont également le potentiel d’améliorer la cohésion sociale et de renforcer les relations au sein des communautés et entre elles, ainsi que la présence de l’État.
La capacité des systèmes de protection sociale adaptative à atteindre rapidement les personnes affectées par des chocs dépend essentiellement des systèmes de mise en œuvre de protection sociale sous-jacents. Ces systèmes incluent des éléments clés tels que des systèmes d’identification personnelle unique, des registres sociaux des ménages pauvres et vulnérables (ou de populations entières dans les régions sujettes aux chocs climatiques), des systèmes de paiement pour transférer des espèces aux personnes concernées et des mécanismes de règlement des griefs pour accroître l’efficacité et résoudre les erreurs de ciblage.
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Des systèmes de protection sociale adaptative au Sahel ont été mis à profit pour l’aide d’urgence à l’apparition de la pandémie de COVID-19
Le cadre de réponse du Groupe de la Banque mondiale au choc de la COVID-19 s’articule autour de trois étapes : aide d’urgence, restructuration et reprise résiliente. Les systèmes de protection sociale adaptative au Sahel sont essentiels pour ces trois phases et couvrent les différents piliers et étapes du cadre de réponse du Groupe de la Banque mondiale.
Alors que le Programme de protection social adaptative au Sahel (PPSAS, ou SASPP, pour son acronyme en anglais) cible principalement les chocs climatiques, les systèmes de PSA dans le Sahel ont été mis à profit en 2020 pour l’aide immédiate après le début de la crise. Les pays ont élargi la couverture des transferts monétaires en réponse aux chocs aux ménages affectés par la pandémie. Le PPSAS a soutenu ces efforts à court terme par le biais de systèmes de protection sociale adaptative — renforçant ainsi ces systèmes et leur capacité à répondre aux chocs climatiques futurs. Dans ce blog de 2020, vous trouverez de plus amples informations sur la COVID-19 en Afrique et la contribution des filets sociaux à l’atténuation les impacts sociaux et économiques.
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Combiner l’assistance technique et financière dans l’ensemble de la région
Le PPSAS met l’accent sur des activités au niveau de la région et des pays. La majeure partie du financement du PPSAS est déboursée sous forme de dons directs à des gouvernements pour piloter des programmes innovants de protection sociale adaptative. Ces programmes sont intégrés aux projets en cours de la Banque mondiale soutenus par l’Association internationale de développement (IDA) afin de renforcer les systèmes de filets sociaux adaptatifs. Les autres ressources gérées par la Banque mondiale sont utilisées pour financer des initiatives d’assistance technique dans chaque pays et pour créer et diffuser des connaissances et des enseignements tirés des bonnes pratiques dans toute la région.
Les thèmes régionaux couvrent cinq domaines :
A. Pauvreté, vulnérabilité et résilience
B. Systèmes de mise en œuvre en réponse aux chocs climatiques
C. Inclusion productive et autonomisation des femmes
D. Fragilité et déplacements forcés
E. Protection sociale adaptative et capital humain
Au niveau national, les activités aident les pays à renforcer leurs systèmes de protection sociale adaptative à travers les quatre « éléments constitutifs » de la PSA:
À cette fin, le PPSAS fournit une assistance technique et un renforcement des capacités et finance des interventions pilotes.
Celles-ci couvrent un éventail d’éléments axés sur l’amélioration de la capacité d’adaptation des systèmes et de la résilience des ménages pauvres et vulnérables, notamment :
- Des programmes de filets sociaux adaptatifs qui aident les ménages pauvres à satisfaire leurs besoins fondamentaux et à diversifier leurs moyens de subsistance, et qui peuvent être facilement mis à l’échelle pour répondre aux chocs,
- Des interventions d’inclusion productive (par ex. les groupes communautaires d’épargne et de crédit ou les formations aux compétences de base ou à l’entrepreneuriat) qui permettent aux bénéficiaires de renforcer leurs capacités d’adaptation.
- Des systèmes de mise en œuvre (systems d’identification unique, registres sociaux, paiements numériques), en tant que fondements essentiels pour que les personnes touchées puissent bénéficier des filets sociaux.
- Des systèmes d’alerte précoce et d’information climatique pour concevoir une réponse d’urgence et des programmes d’adaptation efficaces.
- Des mécanismes de financement des imprévus (risques) pour permettre un financement efficient et en temps opportun des programmes de protection sociale adaptative.
- Des mécanismes de ciblage pour identifier ex ante les personnes les plus vulnérables aux risques liés aux catastrophes naturelles et au changement climatique, et mettre rapidement à l’échelle un programme en cas de besoin.