Le principe de l'économie bleue consiste à utiliser durablement les ressources marines pour favoriser la croissance économique et améliorer les moyens de subsistance et l'emploi, tout en préservant la santé des écosystèmes océaniques. Les secteurs concernés, tels que la pêche, le transport maritime, les énergies renouvelables offshore et le tourisme, fournissent des emplois et des revenus à des millions de personnes dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Au Maroc, 59 % du produit intérieur brut (PIB) dépend directement de l’exploitation des ressources océaniques et des activités exercées sur le littoral. En Tunisie, le tourisme et la pêche pourvoient à eux seuls environ 450 000 emplois.
Cependant, la durabilité des ressources marines est compromise. La Méditerranée atteint un point de non-retour en raison de la surpêche, de la pollution marine, de l'élévation du niveau de la mer et du réchauffement des eaux. Les habitations des zones côtières sont de plus en plus souvent emportées par des inondations et par l'érosion des côtes, car les villes ne cessent de s'étendre alors même que la hausse du niveau de la mer menace leur existence.
Pourtant, la dégradation des océans coûte cher à la société. La pollution des mers par les déchets plastiques nuit à l'attrait des destinations touristiques, tandis que la montée des eaux et l'érosion côtière risquent d'endommager les infrastructures urbaines. Au Maroc, le coût de la dégradation environnementale du littoral national s'élève à 260 millions de dollars par an, soit 0,27 % du PIB du pays. Il est donc urgent de mettre en œuvre des modèles économiques plus durables.
Le programme MENA Blue soutient la transition vers une économie océanique plus durable dans la région. L'objectif est de renforcer la capacité des pays à se saisir des opportunités de croissance de l'économie bleue et à réaliser des investissements côtiers résilients au climat, et ce à l'échelon national et régional. Dans le cadre de ce programme, la Banque mondiale aide les pays à déterminer les causes de la dégradation des écosystèmes marins et côtiers et à mettre au point des stratégies et des solutions politiques efficaces pour y faire face. Au niveau régional, MENA Blue analyse les effets de l'érosion côtière et ses conséquences économiques. Au Maroc, il aide les pouvoirs publics à évaluer l'état de la pollution marine et à élaborer une stratégie nationale pour « un littoral sans plastique ». Avec le concours du programme, les autorités s’emploient également à appliquer des méthodes de comptabilité du capital naturel et à renforcer les capacités de planification marine et côtière intégrée.
L’un des enjeux de MENA Blue aujourd’hui est d'aider les pays à faire de l'économie bleue un fondement de la relance après la pandémie de la COVID-19. En Tunisie, par exemple, la Banque mondiale collabore avec le gouvernement pour dresser un état des lieux des secteurs concernés. Au Maroc, elle aide les pouvoirs publics à analyser l'impact de la pandémie sur le secteur de la pêche.
Les activités liées aux ressources marines, si elles sont gérées durablement, peuvent favoriser la création d'emplois tout en préservant la santé des océans. Le moment est venu de réviser les modèles économiques en vigueur et de changer de paradigme pour bâtir une économie plus résiliente, inclusive, durable, efficace et bleue.