BERLIN, WASHINGTON, 15 juillet 2024 - La ministre fédérale allemande de la Coopération économique et du Développement, Svenja Schulze, et le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Ousmane Diagana, sont convenus de renforcer le partenariat dans le cadre d’une initiative conjointe pour soutenir l’éducation et le développement des compétences au Sahel.
Le Sahel est l’une des régions les plus jeunes au monde. Avec plus de 58 millions d’habitants de moins de 25 ans, la région peut mettre à profit le talent de sa jeunesse extraordinairement dynamique. Pourtant, la région est confrontée à une crise de l’apprentissage aggravée par les capacités limitées des États et la persistance de conflits et violences qui perturbent gravement la prestation de services d’éducation et d’autres services essentiels.
Dans la région, près de 40 % des enfants en âge de fréquenter le primaire ne sont pas scolarisés. Plus de 11 000 écoles ont fermé en raison de conflits ou de menaces directes contre le personnel éducatif. La qualité de l’éducation est également affectée. À la fin du primaire, près de 90 % des enfants ne savent pas lire et comprendre une phrase adaptée à leur âge, ce qui met en évidence un grave manque en matière d’alphabétisation et de calcul de base. De ce fait, sur les 1,4 million de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail au Sahel, nombreux sont ceux qui ne possèdent pas les compétences requises.
Nous devons agir maintenant. Les investissements dans l’éducation et la formation professionnelle sont essentiels pour équiper la jeune population du Sahel, en pleine expansion, pour le marché du travail de demain, ce qui pourrait générer des dividendes démographiques importants pour le développement de la région.
La Banque mondiale et l’Allemagne ont décidé d’unir leurs forces pour résoudre la crise de l’apprentissage au Sahel et promouvoir de meilleures opportunités pour les jeunes. Cette nouvelle initiative phare Alliance-Sahel aidera à : i) élargir l’accès à une éducation de qualité pour les jeunes, en mettant l’accent sur les filles, les réfugiés, les déplacés internes et les enfants nomades ; ii) augmenter le nombre d’éducateurs et de professionnels formés dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) ; iii) renforcer les systèmes éducatifs sahéliens et améliorer la collaboration régionale dans le secteur de l’éducation.
Cette initiative conjointe s’articule autour de trois grandes priorités :
- Construire des parcours flexibles et résilients pour les jeunes : l’initiative soutiendra le développement du programme école ouverte au Sahel afin d’améliorer l’accès à une éducation et à une formation de qualité pour les nomades, les travailleurs frontaliers, les personnes déplacées, les réfugiés, les jeunes ayant des besoins spéciaux et d’autres enfants non scolarisés. Il s’agit d’un modèle d’éducation alternatif, flexible et résilient qui garantit la continuité de la scolarité et de l’apprentissage au-delà des frontières et offre des passerelles supplémentaires vers l’éducation formelle grâce à la formation professionnelle et technique. Le programme ciblera deux millions d’enfants non scolarisés, en particulier les filles âgées de 12 à 16 ans.
- Former des spécialistes en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) par l’intermédiaire des Centres d’excellence africains (CEA) : en collaboration avec les centres d’excellence africains existants, cette initiative permettra d’offrir des services d’enseignement supérieur aux étudiants des cinq pays du Sahel afin de préparer la prochaine génération d’enseignants, de formateurs et de travailleurs dans les secteurs clés de la croissance.
- Accélérer les réformes de l’éducation et renforcer la coopération régionale : en réponse aux nombreux défis éducatifs auxquels la région du Sahel est confrontée, l’engagement conjoint aidera à créer et à rendre opérationnel un institut régional du Sahel. Cet institut combinera la recherche appliquée, la formation professionnelle, le conseil en matière de politiques et le partage des connaissances. Il aidera les pays à adopter des réformes de l’éducation à fort impact. L’initiative bénéficiera directement à un ensemble important de planificateurs et de gestionnaires de l’éducation dans l’ensemble des systèmes éducatifs sahéliens. Plus important encore, elle aura un impact sur des millions d’élèves sahéliens qui bénéficieront de meilleures opportunités de scolarisation et d’apprentissage.
À l’heure actuelle, le portefeuille de la Banque mondiale à l’appui des opportunités d’éducation au Sahel est important et comprend 1 635 millions de dollars de projets nationaux et régionaux spécifiquement destinés à combler les principales lacunes dans les secteurs de l’éducation, et du développement des compétences. Cette collaboration s’appuie également sur le Livre blanc sur l’éducation au Sahel, une analyse exhaustive du secteur de l’éducation au Sahel et la Stratégie régionale de l’éducation pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. L’Allemagne soutient l’éducation de base par le biais de fonds multilatéraux tels que L’éducation ne peut pas attendre (ECW) et le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE). Depuis 2017, l’Allemagne a versé 328,8 millions d’euros à l’ECW, dont elle est le principal bailleur. Avec une contribution de 321 millions d’euros pour la période 2021-2026, l’Allemagne est le quatrième bailleur de fonds du GPE dans sa phase stratégique actuelle (2021-2025).
Pour traduire cette collaboration dans les faits, la Banque mondiale, avec le soutien de l’Allemagne, a entrepris de mettre en place un nouveau Fonds pour les pays du Sahel et du littoral ouest-africain (SAWACC). Ce fonds s’emploiera à résoudre la crise de l’apprentissage dans la région et à faire avancer l’initiative conjointe sur l’éducation et le développement des compétences. Il fournira également une plateforme de financement aux membres de l’Alliance Sahel et à d’autres partenaires pour répondre à certaines des priorités les plus urgentes et s’attaquer aux causes profondes des conflits et de la fragilité, ainsi que construire des voies vers la résilience pour le Sahel et les pays côtiers voisins. L’Allemagne et la Banque mondiale invitent d’autres partenaires à rejoindre cette plateforme de financement afin d'en renforcer l'impact à grande échelle.
Des actions sont déjà en cours pour résoudre la crise de l’apprentissage au Sahel, mais des efforts plus concertés sont nécessaires pour promouvoir un avenir meilleur pour la jeunesse sahélienne. L’éducation est la clé de voûte du développement. C’est un moteur essentiel du capital humain, de la stabilité, de la cohésion sociale et de la paix. Nous sommes déterminés à travailler ensemble pour aider à réaliser les espoirs, les rêves et les aspirations des jeunes du Sahel.