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DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS 11 juillet 2021

Déclaration du président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, lors de la Conférence internationale sur le climat de Venise

Les réponses collectives que nous apportons à la pauvreté, aux inégalités et au changement climatique sont des choix décisifs de notre époque. Nous devons faire front ensemble pour avancer dans notre mission qui consiste à mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.

La pandémie de COVID-19 et les pertes économiques qu’elle a engendrées ont été dévastatrices. Nous apportons un soutien maximal aux économies en développement dans leurs réponses à la crise. Et nous les accompagnons aussi sur la voie d’un redressement qui sera durable, plus vert et plus prospère. Nous avons pu fournir des financements d’un montant record de 157 milliards de dollars en 15 mois.

Le plus gros de la tâche ardue qui nous attend devra s’effectuer dans les pays. Pour sa part, le Groupe de la Banque mondiale déploie son approche pour un développement vert, résilient et inclusif (GRID) en mettant à contribution une expertise pluridisciplinaire, en apportant des financements et en soutenant la mise en œuvre, en même temps qu’il s’emploie autant que possible à aider les populations des pays les plus pauvres à tirer avantage des retombées positives des actions dans les domaines du développement et du climat.

En 2020, les financements du Groupe de la Banque en faveur du climat ont atteint un niveau inédit, représentant ainsi plus de la moitié des financements multilatéraux de l’action climatique en direction des pays en développement et plus des deux tiers des financements des mesures d’adaptation. En 2021, nous entendons faire mieux. Le plan d’action sur le changement climatique 2021-2025 prévoit de consacrer 35 % en moyenne des financements du Groupe de la Banque à l’action climatique au cours des cinq prochaines années, la moitié au moins des financements de la Banque étant destinée aux efforts d’adaptation et de renforcement de la résilience. Les financements du Groupe de la Banque sont alignés sur les objectifs de l’Accord de Paris.

Notre deuxième plan d’action sur le changement climatique vise principalement à aider les pays en développement à intégrer les questions climatiques dans leurs stratégies de développement, et à employer le financement de l’action climatique de manière à obtenir les meilleurs résultats sur le plan de l’atténuation des effets du changement climatique et de l’adaptation à ce dernier. Nous accompagnerons les pays clients dans leurs efforts pour définir et appliquer leurs contributions déterminées au niveau national ainsi que leurs stratégies à long terme. Nous développons des produits d’analyse fondamentaux, comme les rapports sur le climat et le développement dans les pays introduits récemment ainsi que le mécanisme d’examen des dépenses publiques se rapportant au climat.

Il faut des diagnostics et une démarche fondée sur les données pour aider à hiérarchiser les interventions. L’un des principaux indicateurs est la mesure dans laquelle une intervention influe sur l’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À cet égard, nous avons conscience que nous devons encourager la transformation dans plusieurs secteurs importants, notamment l’énergie, l’agriculture, l’alimentation/l’eau et les terres, le transport et l’industrie manufacturière. Ces secteurs réunis émettent plus de 90 % des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale et font aussi face à des problèmes d’adaptation énormes. Ils contribuent dans une mesure importante à la croissance économique et au développement, de sorte qu’il est indispensable d’intégrer les objectifs et politiques en matière de climat et de développement. Notre plan d’action présente les domaines dans lesquels nous pensons que les pays et les acteurs du secteur privé clients peuvent obtenir des résultats et décrit les techniques pour y parvenir, tout en reconnaissant que les coûts de gestion de ces transitions dépasseront souvent les ressources disponibles.

Les rapports sur le climat et le développement dans les pays, outils que nous avons introduits récemment, seront déterminants dans la hiérarchisation et l’échelonnement de l’action climatique dans les pays clients. Ils permettront d’établir les effets du changement climatique sur la trajectoire de développement des pays et définiront les efforts d’atténuation, d’adaptation et de renforcement de la résilience nécessaires pour améliorer les résultats sur le plan du développement. L’année prochaine, nous prévoyons de produire dans le cadre de la première série pas moins de 25 rapports, centrés sur les pays en développement s’illustrant par des émissions de carbone particulièrement importantes ou une grande vulnérabilité aux aléas du climat.

Les pays les plus pauvres de la planète, les emprunteurs de notre Association internationale de développement (IDA), sont responsables de moins d’un dixième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais ils sont les plus vulnérables aux manifestations du changement climatique : sécheresse, inondations et érosion côtière. La plupart des émissions des pays IDA (environ 40 %) proviennent du secteur agricole qui est non seulement la composante la plus importante du PIB de ces pays, mais aussi la source des moyens de subsistance des personnes les plus démunies. En effet, 80 % des personnes pauvres dans le monde vivent en milieu rural et tirent leur subsistance de l’agriculture. Ces pays sont aussi ceux qui se caractérisent par les niveaux d’accès à l’énergie les plus bas et la faiblesse du tissu industriel.

Nous devons réfléchir aux interventions climatiques nécessaires dans les pays en fonction de leurs différents niveaux de développement. Certains des plus gros émetteurs doivent réaliser une transition équitable en abandonnant le charbon et trouver les moyens de réduire les émissions des industries lourdes en faisant appel à des technologies nouvelles comme le piégeage et le stockage du carbone. En ce qui concerne les pays les plus pauvres, tout en continuant de soutenir les secteurs essentiels à leur croissance économique, nous devons trouver les moyens de rendre cette croissance et leurs pratiques environnementales durables. Par exemple, le projet agricole que nous avons financé à Maharashtra (Inde) à hauteur de 420 millions de dollars a aidé 310 000 exploitants à adopter des pratiques agricoles climato-intelligentes. Ce projet devrait réduire les mauvaises récoltes dues au climat et bénéficier finalement à 7 millions de personnes dans une région sujette à des sécheresses graves.  

Alors que nous intensifions nos financements et nous intéressons davantage aux résultats, il nous faut trouver des solutions équitables et pratiques nous permettant de concilier les exigences de la croissance et les impératifs climatiques. Pour cette raison, dans notre plan d’action et conformément à notre engagement d’aligner nos financements sur les objectifs de l’Accord de Paris, il est prévu de relever le soutien que nous apportons aux pays afin qu’ils préparent des contributions déterminées au niveau national et des stratégies à long terme rationnelles et efficaces qui tiennent compte de leurs besoins de développement.  À ce jour, nous avons aidé plus de 50 pays à préparer leurs contributions déterminées au niveau national, de la Mongolie au Mozambique et du Congo au Chili.  Et nous prévoyons de consacrer davantage de ressources à cette activité dans les années à venir.  Je me félicite par conséquent de l’initiative des banques multilatérales de développement (BMD) sur les stratégies à long terme, qui permettra de mieux coordonner les actions des BMD et des pays en ce qui concerne l’élaboration des stratégies à long terme.

Nous devons parallèlement nous employer à protéger notre capital naturel et notre biodiversité, afin que les solutions adoptées soient autant bénéfiques aux personnes qu’à la planète. La nature nous offre quelques-unes des meilleures solutions à la crise climatique.

Par exemple, les forêts de mangrove permettent de séquestrer le carbone et d’éviter plus de 80 millions de dollars de pertes par an dues aux inondations côtières, tout en protégeant des millions de personnes. En Inde, nous avons soutenu les initiatives de replantation de milliers d’hectares de mangrove, qui devraient bénéficier directement à des millions de personnes.

Face à la menace que le changement climatique et la désertification font peser sur les moyens de subsistance dans l’ensemble du Sahel, la Banque mondiale prévoit d’investir plus de 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années afin d’aider à remettre en état les paysages dégradés et améliorer la productivité agricole dans 11 pays, sur un territoire allant du Sénégal jusqu’à Djibouti.

En tant que communauté mondiale, nous devons être prêts à résoudre quelques-uns des problèmes climatiques les plus épineux.

Par exemple,  des centrales à charbon de plus de 250 gigawatts devraient devenir opérationnelles à court ou à moyen terme, pour la plupart en Asie. Arrêter ces projets ou démanteler les centrales à charbon polluantes existantes sera coûteux.  Qui supportera ces coûts ou les pertes éventuelles ?

Au total, 50 %, ou presque, des émissions mondiales d’équivalent CO2 proviennent des secteurs combinés de l’énergie et des industries lourdes de la Chine, des États-Unis et de l’Inde.  Comment encourager et financer les transformations ?

Si les sociétés publiques décident de se défaire de leurs actifs à l’énergie fossile, ces actifs passeront-ils simplement aux mains de nouveaux propriétaires ?  Et si les sources d’émissions de combustible fossile sont fermées, comment s’assurer que la matière première n’est pas simplement exportée et émise ailleurs ?

Alors que le monde s’emploie à développer des sources d’énergie faibles en carbone qui sont fiables, faciles à stocker et à déployer pour l’usage domestique et à grande échelle, comment aider les pays les plus pauvres à réaliser leurs objectifs d’accès à l’énergie et l’ODD 7 ?

Comment mobiliser le secteur privé et l’inciter à fournir des biens publics mondiaux, par exemple, en abandonnant le charbon ; ou en finançant les mesures d’adaptation, pour lesquelles les coûts de départ ne sont recouvrés qu’au fil du temps ?

Comme je le disais déjà vendredi de façon plus détaillée, le problème majeur et l’enjeu c’est comment changer les incitations offertes au travers des taxes et subventions. L’application de taxes carbone et la réduction des subventions sont apparues comme les instruments de tarification explicite du carbone les plus efficaces, mais elles ne vont pas sans volonté et consensus politiques.  

Les secteurs public et privé peuvent tous les deux contribuer dans une mesure importante à trouver des solutions. Nous devons engager les actions faciles à mener, comme investir dans l’agriculture et l’élevage climato-intelligents, améliorer la réglementation sur les voitures d’occasion hautement polluantes, gérer les flottes de véhicules, investir dans l’efficacité énergétique, entre autres ; et promouvoir un cadre favorable aux idées innovantes.

Les améliorations technologiques, notamment l’efficacité énergétique, le stockage par batterie, l’hydrogène, les développements nucléaires, le stockage du carbone et les techniques de décarbonisation seront des facteurs importants de la transition vers un monde utilisant moins de carbone.

IFC et la MIGA mobilisent des financements du secteur privé et aident les sociétés à réduire leurs émissions.  Tout récemment, IFC a financé l’un des plus gros projets de réduction du torchage du gaz au monde en Irak, où huit banques internationales ont été mobilisées pour financer le tout premier prêt écologique dans le monde dédié à la réduction du torchage du gaz.  Dans ce contexte, je me félicite aussi du projet d’initiative pour la mobilisation du secteur privé en faveur du climat dans les pays, qui devrait permettre d’utiliser des plateformes nationales pour améliorer la coordination entre le secteur privé, le secteur public et les partenaires de développement en ce qui concerne l’action climatique.

Bref, je me réjouis particulièrement d’être ici ce jour pour réitérer notre engagement ferme à collaborer avec tous les acteurs concernés, secteurs public et privé confondus, afin de mieux intégrer le climat et le développement.

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