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DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS 20 mai 2021

Remarques du président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass préparées à l’occasion de la table ronde régionale avec les médias d’Afrique centrale et de l’Ouest

Bonjour à toutes et à tous, je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui, et de vous voir nombreux, venus de tous les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. C’est également un plaisir d’être aux côtés de notre vice-président pour la région, Ousmane Diagana, que certains d’entre vous ont déjà eu l’occasion de rencontrer.

Comme vous le savez, la pandémie de COVID-19 a porté un coup dur aux économies du continent ainsi qu’au quotidien et aux moyens de subsistance des Africains. Elle a eu un impact dévastateur sur les pauvres, a entraîné des pertes d’emplois, fait reculer les acquis scolaires, et augmenté les niveaux d’endettement.

Au cours des dix dernières années, le Groupe de la Banque mondiale a investi plus de 200 milliards de dollars en Afrique subsaharienne, et, comme je l’ai annoncé mardi à l’occasion du Sommet de Paris consacré au financement des économies africaines, rien que pour les cinq années à venir, nous prévoyons d’investir et de mobiliser environ 150 milliards de dollars en Afrique afin de soutenir la reprise économique post-pandémie mais aussi le développement à long terme du continent. Une part importante de ces engagements se fera sous forme de dons et de prêts de longue durée à taux zéro de l’Association internationale de développement (IDA), qui continue à fournir d’importants flux nets positifs de financement à l’Afrique. Il est essentiel que l’ambitieuse reconstitution des ressources d’IDA-20 soit un succès pour permettre de fournir les financements concessionnels et les dons dont les pays les plus pauvres d’Afrique ont grand besoin.

Dans le cadre de notre réponse d’urgence à la crise, le Groupe de la Banque mondiale aide les pays à acheter et distribuer les vaccins. La Société financière internationale (IFC) appuie le secteur privé dans la région pour créer des emplois dans des secteurs essentiels comme les industries manufacturière et agroalimentaire. L’IFC aide aussi les sociétés pharmaceutiques à développer leurs capacités de production de vaccins dans la région et soutient des modèles économiques innovants pour élargir l’offre en matière de tests et de traitements.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la Banque mondiale a mis à la disposition des pays africains plus de 24 milliards de dollars pour soutenir leurs systèmes sanitaires et la reprise économique. Notre Conseil des administrateurs a accordé 12 milliards de dollars pour appuyer les efforts de vaccination à travers le monde. À ce jour, 38 pays d’Afrique (dont 18 en Afrique de l’Ouest et centrale) ont demandé l’appui de la Banque mondiale pour des projets de financement des vaccins. Six de ces projets ont déjà été approuvé en Afrique, notamment pour le Cabo Verde, la Côte d’Ivoire et la Gambie, et pour de nombreux autres cas, l’approbation est prévue dans le mois à venir.

Malheureusement, l’offre de vaccins dans la région constitue un obstacle encore plus contraignant que la question des ressources. De nombreux pays disposent de fonds pour acheter des doses de vaccin, mais aucune livraison rapide n’est disponible.

Le retard pris dans le déploiement des campagnes de vaccinations dans les pays en développement accentue les inégalités mondiales, laissant des centaines de millions de personnes âgées et vulnérables exposées au risque. J’ai appelé à plusieurs reprises les pays qui devraient avoir des stocks de vaccins excédentaires à partager dès que possible leur surplus avec les pays en développement qui disposent de programmes de distribution.

J’ai également insisté sur le besoin d’une plus grande transparence dans l’établissement des contrats entre les gouvernements, les compagnies pharmaceutiques, ainsi que les organisations impliquées dans la production et la distribution des vaccins pour que les financements puissent être alloués efficacement, et que les pays soient en mesure de planifier la livraison et le déploiement.

Dans cet esprit, la Banque mondiale a lancé hier un portail en ligne complet pour accéder facilement aux informations concernant nos projets, y compris les opérations de financement au niveau de chaque pays. Ce portail comprend également les résultats de l’évaluation de l’état de préparation des pays pour le déploiement des vaccins, que nous avons accompagnée dans plus de 140 pays au cours des six derniers mois. J’encourage chacun d’entre vous à consulter ce portail et à nous faire part de vos commentaires.

La viabilité et la transparence de la dette s’avérera indispensable pour attirer de nouveaux financements et investissements. En Afrique de l’Ouest et centrale, la dette publique a presque triplé au cours des dix dernières années, passant de 109 milliards de dollars en 2010 à 306 milliards de dollars en 2019, soit une augmentation en part du PIB de 34,1 % à 56,4 %. Le nombre de pays estimés à haut risque de surendettement extérieur ou déjà surendettés a également triplé, passant de trois en 2010 à neuf en 2019.

Alors que les effets de la pandémie continueront de se faire sentir en 2021, la situation de la dette va certainement s’aggraver encore. Des solutions globales au problème de la dette devront inclure au moins quatre éléments – la suspension de la dette, la réduction de la dette, la restructuration de la dette, et la transparence de la dette.

Nous avons soutenu l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 – ou ISSD – qui a donné une marge de manœuvre budgétaire aux pays afin qu’ils puissent faire face à l’impact de la pandémie. En avril 2021, 16 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale avaient demandé à participer à l’ISSD. Cependant, la participation de certains des principaux créanciers n’a été que partielle, ce qui leur permet de dégager encore de larges bénéfices en Afrique, y compris en cette période de crise, et sans perspective d’annulation de dettes.

Il est nécessaire de trouver une solution permanente en vue de réduire l’encours de la dette des pays les plus pauvres. La Banque mondiale et le FMI travaillent en étroite collaboration pour aider le G20 à mettre en œuvre son Cadre commun pour le traitement de la dette.

Le succès du Cadre commun pour le traitement de la dette repose sur la pleine participation du secteur privé et dépend des progrès en matière de transparence de la dette – deux domaines cruciaux dont les récents progrès restent limités comme on a pu le voir à l’occasion de l’ISSD. Un grand nombre de contrats incluent des dispositions qui rendent difficiles un allègement substantiel de la dette, en raison notamment de clauses de collatéralisation, de clauses de non-divulgation, et du refus de traitement comparable.

La divulgation et le rapprochement des données joueront un rôle essentiel pour faciliter les débats autour du traitement de la dette et pour renforcer la confiance entre les parties impliquées dans le processus de restructuration de la dette.

La pleine participation du secteur privé est un élément essentiel de toute solution durable au problème de la viabilité de la dette. En effet, il ne suffira pas au Tchad ou à l’Éthiopie de simplement chercher à obtenir un traitement comparable de leurs créanciers privés. Avec le Cadre commun, les créanciers privés devront contribuer équitablement et accorder un allègement de la dette dans un délai raisonnable, et selon des termes totalement comparables à ceux proposés par les créanciers bilatéraux officiels.

Un exercice de rééchelonnement dans lequel les créanciers bilatéraux devraient assumer la majeure partie de l’effort nécessaire d’allègement de la dette en faveur d’un gouvernement dans le besoin reviendrait à accorder une subvention des pays donateurs aux investisseurs privés. Ce n’est pas dans ces termes qu’est envisagé le Cadre commun.

Les créanciers privés doivent reconnaître qu’une restructuration de la dette réussie constitue la meilleure solution pour toutes les parties concernées – elle apporte soulagement aux Tchadiens mais bénéficie aussi au secteur privé, étant donné que cela permet de limiter ses pertes par rapport à un scénario de complet défaut. À long terme, des économies stables et vigoureuses peuvent offrir des opportunités aux investisseurs.

Sans l’appui total du secteur privé, le Cadre commun n’apportera pas de solution viable pour l’Éthiopie, le Tchad ou la Zambie. Cela pourrait décourager d’autres pays de régler leurs problèmes de dette à temps, et entraîner la perte d’années de développement économique, une augmentation de la pauvreté et une baisse des niveaux de vie.

Le Groupe de la Banque mondiale joue le rôle qui est le sien. IDA devrait rester le principal fournisseur de flux nets positifs de financement pour le Tchad au cours des dix prochaines années, pour un montant d’environ 1,4 milliard de dollars, renforçant la capacité du pays à assumer une charge modérée de dette, si cela est possible. Ce nouveau financement de la Banque mondiale viendrait renforcer un programme pays déjà conséquent. Au cours des cinq dernières années, IDA a engagé plus de 1 milliard de dollars au Tchad, sous forme de dons, ce qui s’est traduit pas un flux net positif de 500 millions de dollars, permettant de faire face à certains des défis de développement les plus urgents du pays, tels que l’énergie, la santé et la protection sociale. Les décaissements d’IDA sont passés de 21 millions de dollars pour l’exercice 2015 à 181 millions de dollars pour l’exercice 2020, soit un montant huit fois plus élevé. Nous sommes également déterminés à appuyer d’autres pays qui passeraient par le processus du Cadre commun en vue d’assurer leur viabilité budgétaire.

Au-delà de la dette, alors que les pays travaillent à la reprise, la région devra s’attaquer en priorité au changement climatique : d’ici 2030, 26 millions de personnes supplémentaires risquent de basculer dans la pauvreté en Afrique de l’Ouest et centrale, en raison du changement climatique. Les sécheresses, les inondations, l’érosion côtière ont un impact dévastateur sur les populations et les économies.

Nous collaborons avec les pays pour renforcer leur capacité à faire face, s’adapter et transformer leurs systèmes en réponse au changement climatique. Des indicateurs de résilience climatique mesurables ont été ajoutés à nos programmes et nous augmenterons la part des bénéfices partagés de nos financements climatiques à 35 % d’ici 2024. Pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, il sera fondamental de parvenir à s’adapter et atteindre la résilience climatique pour garantir la sécurité alimentaire, hydrique et environnementale, toutes trois indispensables, et pouvoir faire face aux chocs climatiques.

Nous nous employons également à lutter contre la fragilité, les conflits et la violence (FCV) : 11 des 22 pays de la région sont actuellement concernés par la fragilité, les conflits et la violence, et plus de 70 % des habitants de la région vivent à présent dans des pays affectés par ces fléaux. C’est la raison pour laquelle nous avons par exemple accru notre appui financier aux pays du G5 Sahel – le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger – à travers l’appui d’IDA en matière de prévention des conflits, de résilience et de réponses d’urgence, à hauteur de 8,5 milliards de dollars au cours des trois prochains exercices (2021 à 2023).

Je voudrais conclure en soulignant que, même si le chemin vers la reprise sera long, nous le savons, les pays de la région ont su appliquer les leçons tirées de crises passées tels que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014. De nombreux pays ont renforcé leurs filets sociaux pour protéger les pauvres qui ont été les plus touchés par la crise, et pour aller de l’avant en matière de réformes urgentes et d’investissements qui joueront un rôle majeur pour le développement à long terme.

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