Merci Mamta.
Je me réjouis d’être avec vous tous ce matin pour discuter de l’importance d’« investir dans le capital humain en vue d’un redressement vert, résilient et inclusif » après la crise de COVID.
Comme Mamta l’a brièvement rappelé, la COVID-19 a eu des répercussions considérables sur le capital humain dans tous les pays du monde et si des solutions urgentes n’y sont pas apportées, certains des dégâts risqueraient de devenir irréversibles.
Pour ouvrir ce conclave, je voudrais relever trois mesures importantes et les soumettre à votre réflexion :
- premièrement, l’investissement dans les populations ;
- deuxièmement, l’efficacité des dépenses et la bonne gouvernance ; et
- troisièmement, l’augmentation de la marge de manœuvre budgétaire.
Je commencerais par l’investissement dans les populations : à court terme, les pays devraient s’employer à protéger les personnes qui ont le plus souffert durant la pandémie. Il convient en priorité de s’assurer, entre autres, que les élèves, particulièrement les filles, peuvent retourner à l’école, que les personnes ayant des problèmes de santé autres que la COVID peuvent accéder aux soins de santé, que les jeunes enfants sont nourris convenablement et que les personnes qui ont perdu leurs emplois et des sources de revenus possibles peuvent retomber sur leurs pieds.
Avec le temps, les pays devront s’attaquer à leurs déficits chroniques en matière d’accumulation du capital humain. Par exemple, dans le domaine de l’éducation, les pays devront trouver le moyen de scolariser quelque 258 millions d’enfants qui étaient déscolarisés avant la pandémie. La plupart sont des filles, et nous ne saurions les laisser à la traîne.
J’en viens à mon deuxième point, qui est l’importance de l’efficacité des dépenses et de la bonne gouvernance pour optimiser les ressources.
Dans la plupart des cas, la mise en œuvre de ces priorités en matière de capital humain devra passer par des actions intersectorielles. Il faudra un niveau élevé de direction et une coordination efficace pour éviter la fragmentation des dépenses à travers les secteurs.
Grâce aux avancées technologiques, il nous est possible de repenser la manière de fournir les services publics, en les « centrant sur les populations ».
Une plateforme technologique pourrait aider les gouvernements à cibler les personnes en mal d’aide que les instruments traditionnels n’ont pas réussi à prendre en compte, comme les travailleurs migrants en Inde. Des outils comme l’identité numérique et les paiements mobiles pourraient ouvrir l’accès au crédit, aux terres et aux avantages monétaires aux personnes marginalisées, dont les femmes pauvres et leurs familles.
Passons à mon troisième et dernier point, comment obtenir les ressources qui permettront de mettre en œuvre les priorités en matière de capital humain. Peut-être l’une des plus grandes difficultés auxquelles se heurtent les pays aujourd’hui est de dégager une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour couvrir les dépenses publiques prioritaires, particulièrement les investissements dans le capital humain.
Bon nombre de pays devront traverser une période de consolidation budgétaire douloureuse et auront besoin, pour y parvenir, de concilier harmonieusement la nécessité d’atteindre une situation financière viable, facteur important d’une croissance à long terme, et le besoin immédiat de protéger les dépenses essentielles à la fourniture des services de base en vue du développement du capital humain, comme les budgets de fonctionnement des écoles ou les fonds pour les vaccins des enfants.
Donner la priorité aux investissements dans le capital humain en période d’ajustement budgétaire signifie réduire les éléments les moins productifs. C’est un choix difficile, qui variera en fonction des pays. Dans certains, la réduction des subventions à l’énergie peut être une solution. Ces subventions sont généralement onéreuses, le plus souvent bénéfiques aux non-pauvres plutôt qu’aux pauvres, et elles encouragent le recours à des énergies fossiles nocives pour l’environnement. D’une manière générale, les pays dépensent 0,6 % de leur PIB en subventions à l’énergie, et il est possible de réduire largement ce type de dépenses.
Des pays comme l’Égypte et l’Indonésie, parmi d’autres, ont pris l’option courageuse de réduire les subventions à l’énergie et de financer des programmes de transfert monétaire ciblant parfaitement les pauvres ainsi que d’autres dépenses sociales.
Certains pays n’ont simplement pas une base de revenus suffisante pour couvrir les dépenses voulues, du moins dans l’immédiat. Ces pays auront besoin d’améliorer leurs systèmes de revenus de manière à favoriser la croissance et les investissements ; et, en attendant, une aide financière internationale est indispensable pour contribuer à financer les dépenses prioritaires, notamment les investissements dans le capital humain.
Le Groupe de la Banque mondiale poursuivra sa collaboration avec le FMI, le G20 et d’autres partenaires internationaux pour trouver des solutions pérennes au problème urgent de la gestion du surendettement sous lequel ploient aujourd’hui certains pays. Nous espérons aussi résoudre le vieux problème de la quête de financements durables pour les grandes priorités stratégiques, notamment les investissements dans le capital humain.
Merci une fois encore de participer à ce conclave, qui offre l’occasion de partager les expériences des pays, et pour votre rôle de chef de file du programme d’action sur le capital humain. Ce programme d’action est crucial pour réduire l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée ; et il est encore plus primordial aujourd’hui de poser les bases d’un redressement résilient. Je remets à présent la parole au président.
Lien associé : Human Capital Project