Monsieur le président, je vous remercie.
Je remercie également le ministre Al-Jaadan et l’Arabie saoudite pour le travail abattu au G20 cette année, et pour les progrès substantiels accomplis sur le front de l’allègement du fardeau de la dette des pays les plus pauvres, notamment le prolongement du moratoire sur la dette, l’ajout de nouvelles dispositions aux modalités de départ et l’adoption d’un cadre commun, qui sont autant de mesures utiles.
Alors que certains pays se rétablissent, la pandémie continue de causer des dégâts terribles, les taux de pauvreté augmentant de façon drastique. Les inégalités et le changement climatique engendrent une instabilité politique et accentuent la fragilité, les crises de réfugiés et la violence à l’égard des femmes.
Jamais la coopération internationale n’a revêtu une telle importance, et le Groupe de la Banque mondiale est au centre de nombreuses initiatives capitales pour le développement international.
Avec l’appui que vous manifestez au sein de notre Conseil, nous sommes bien partis pour des engagements et des décaissements record. Nous avons doublé les volumes de décaissement durant le trimestre se terminant le 30 septembre, comparativement à la même période l’année dernière, et nous portons au maximum les dons et les financements à des conditions très favorables.
Nous avons mis en place des programmes d’intervention en cas d’urgence sanitaire dans 112 pays à travers un mécanisme accéléré qui peut désormais recourir à un guichet supplémentaire de 12 milliards de dollars pour financer l’achat et la distribution de vaccins. En coopération avec l’OMS, l’UNICEF, le Fonds mondial et GAVI, nous procédons déjà à l’évaluation de l’état de préparation au déploiement rapide des vaccins dans 100 pays. En outre, IFC cherche à investir 4 milliards de dollars de plus dans la fabrication et la distribution de vaccins et de fournitures utilisées par les programmes de vaccination, cela en coordination avec la CEPI.
Nous travaillons certes avec tous les clients, mais nous sommes conscients que les pays en situation de fragilité, de conflit et de violence sont les plus dans le besoin. C’est ainsi que nous intervenons au Soudan, en Somalie, au Liban, en Éthiopie, en Cisjordanie et Gaza, dans le Sahel et dans bien d’autres pays. Au Soudan, j’ai bon espoir que l’apurement des arriérés pourra commencer dans les plus brefs délais. Cela est particulièrement urgent compte tenu de l’afflux de réfugiés en provenance d’Éthiopie ; et cela ouvrirait presque immédiatement la voie à des financements substantiels de la Banque mondiale.
Nous travaillons à un relèvement des pays qui soit plus respectueux de l’environnement et plus durable. Le Groupe de la Banque mondiale a été la plus importante source internationale de financement de l’action climatique durant les cinq dernières années. Et je suis fier que sous ma présidence, le Groupe de la Banque ait investi plus dans ce domaine qu’à aucun autre moment de son histoire. Alors que nous nous tournons vers l’avenir, l’un de nos principaux objectifs est à la fois d’accroître le financement de l’action climatique et d’améliorer les résultats dans ce domaine, notamment en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en aidant les pays à honorer leurs contributions déterminées au niveau national.
L’IDA concentre ses financements en début de cycle pour mettre plus de ressources à la disposition des pays les plus pauvres, mais cela devrait entraîner une chute drastique des disponibilités en 2022 et 2023. Nous nous félicitons par conséquent des appels lancés par le Japon, l’Inde et d’autres pays afin de renforcer les ressources de l’Association.
La transparence sera essentielle pour que l’aide que nous apportons soit aussi efficace que possible. Je me réjouis des progrès accomplis sous la présidence de l’Arabie saoudite, dont un jalon important a été l’appel du G20 invitant les pays admis à bénéficier de la DSSI à divulguer tous les engagements financiers du secteur public. Nous collaborons étroitement avec les pays débiteurs sur cette question et nous publions nettement plus de données que par le passé. Cela dit, le processus de rapprochement voulu par le G20 exige la publication de plus d’informations, et nous exhortons tous les pays du G20 à demander à leurs organismes publics de prêt de divulguer les contrats d’emprunt, les accords de refinancement et les conditions de restructuration de dettes.
Je tiens à saluer la déclaration détaillée faite cette semaine par le Secrétaire général des Nations Unies sur l’allègement et la transparence de la dette. Nous sommes confrontés à d’énormes défis liés à la dette, comme en Angola et en Éthiopie où, faute d’un allègement permanent de la dette, les perspectives en matière de pauvreté demeurent sombres. Je me réjouis de voir qu’en Zambie, des créanciers non-membres du Club de Paris, comme l’Exim Bank chinoise, appliquent les nouvelles modalités de la DSSI et ont suspendu les paiements au titre du service de la dette. Il s’agit d’une mesure importante et de bon aloi.
Je sais que certains créanciers se sont montrés réticents à offrir un allègement de dette substantiel, permanent, au motif que cela déclencherait tout simplement un nouveau cycle d’endettement non transparent. Nous devrions éviter de nous retrouver dans une telle situation en favorisant la transparence et en prenant des mesures rigoureuses fondées sur l’expérience de la crise actuelle de la dette. Cependant, compte tenu de la gravité de la crise, nous devons d’ores et déjà poursuivre les efforts d’allègement entrepris.
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été déçu par l’incapacité des créanciers privés et de leurs regroupements à donner suite aux appels du G20. Je vous invite instamment à encourager tous les créanciers relevant de votre juridiction, qu’ils soient publics ou privés, à prendre pleinement part aux efforts d’allègement du fardeau de la dette. On ne saurait envisager de remettre le problème à plus tard. La Banque mondiale est disposée à fournir des avis juridiques aux débiteurs et à ouvrir un dialogue entre créanciers et débiteurs dans le cadre du Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA.
Le Comité du développement a chargé la Banque et le FMI de proposer d’autres mesures en vue de remédier au problème posé par le poids insoutenable de la dette des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. De grands pays pourraient être amenés à opérer des changements législatifs pour accélérer les progrès si les créanciers privés ne sont pas en mesure d’avancer de leur propre chef. Là où des efforts de bonne foi sont en cours pour parvenir à une entente avec les créanciers, il peut s’avérer nécessaire de tolérer l’accumulation d’arriérés en vue de soutenir les dépenses liées à la lutte contre la COVID. Quant aux pays en développement, ils doivent solliciter un allègement de dette, et entreprendre de mettre en place des politiques nationales transparentes et durables qui attirent de nouveaux investissements dans des secteurs productifs. Une plus grande transparence est le seul moyen de concilier les intérêts des populations et ceux des signataires des contrats d’emprunt et d’investissement. Je voudrais une fois de plus remercier le G20 sous la présidence de l’Arabie saoudite pour les progrès accomplis, et je me réjouis à la perspective de travailler avec la présidence italienne l’année prochaine.
Je vous remercie de votre très aimable attention.