Vice-première ministre du Canada Chrystia Freeland,
Ministre des Finances de la Jamaïque Nigel Clarke,
Vice-secrétaire générale Amina Mohammed,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Il me fait plaisir d'être ici aujourd'hui à titre de représentant du Groupe de la Banque mondiale.
Le financement du développement est l'un des principaux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui : nous devons trouver les moyens d'atteindre les Objectifs de développement durable et lutter résolument contre la pandémie de COVID-19.
Je suis très heureux de vous annoncer que d’ici quelques semaines, la Banque mondiale atteindra la marque symbolique de 2 000 milliards de dollars, en prix de 2020, pour l’aide au financement du développement versée au cours des 75 dernières années.
Cette histoire a débuté avec le premier prêt d'après-guerre consenti à la France, et s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Il convient de souligner que nous avons engagé plus de 6,6 milliards de dollars, depuis avril, dans le cadre de notre riposte à COVID-19, et que plus de 40 % de cette aide a déjà été décaissée.
Cela montre que nous devons nous engager à long terme, être persévérants, et nous concentrer sur ce qui compte le plus, à savoir les résultats, en particulier en matière de réduction de la pauvreté et de développement humain et durable.
Il importe que des ressources suffisantes soient mobilisées au niveau national, par les pays et par la communauté internationale. Au cours des dernières années, nous avons montré que grâce à l'innovation financière et à l’application de politiques financières efficaces, nous pouvons renforcer nos bilans. Par exemple, grâce aux innovations les plus importantes introduites dans les finances de l'Association internationale de développement (IDA) depuis 1960, nous avons pu augmenter les ressources disponibles de l'IDA18 de 50 %, soit 25 milliards de dollars. Et nous avons réussi à faire de même dans l'IDA19.
Les ressources supplémentaires générées par l'IDA et l'augmentation du capital de la BIRD ont permis à la Banque mondiale d'augmenter de 75 % — soit de plus de 11 milliards de dollars par an – son aide financière combinée moyenne sur trois ans consacrée au changement climatique, à l'éducation et à la santé, par rapport au triennat précédent. Nous continuons par ailleurs à renforcer notre action, notamment en matière de changement climatique.
Encouragés par la mise en œuvre réussie de notre riposte sanitaire à COVID-19, nous étudions maintenant activement les moyens de soutenir la campagne de vaccination, et notamment de financer la production des vaccins le cas échéant. À ce propos, nous avons déjà eu l'occasion de soutenir avec succès des campagnes sanitaires de grande envergure dont ont bénéficié des dizaines de millions de personnes.
La Banque mondiale poursuivra sa collaboration avec la communauté internationale, dans un contexte où les ODD fournissent un cadre d’intervention très utile avec lequel nos financements sont très harmonisés.
La crise de COVID-19 entravera nos progrès vers la réalisation des ODD. Nos estimations montrent que la pandémie pourrait précipiter plus de 100 millions de personnes dans l'extrême pauvreté et qu’elle contribue à creuser les inégalités partout dans le monde.
Il est temps d'agir d'urgence. L'an dernier, la Banque mondiale a mis en place le programme de prêt le plus important de son histoire, doté d’un budget de 59 milliards de dollars. L’IFC, l’institution du Groupe de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé, a appuyé ce programme avec des engagements à long et à court terme totalisant 28,5 milliards de dollars.
Nos décaissements ont par ailleurs atteint cette année un niveau record de plus de 41 milliards de dollars (dont 21,2 milliards de l’IDA).
Et nos ambitions vont encore plus loin : pour l’exercice se terminant en juillet 2021, la Banque mondiale compte fournir de 70 à 80 milliards de dollars de financements aux pays en développement.
Nous mettons l'accent sur les transferts positifs nets consentis à des conditions très concessionnelles aux pays clients, ce qui signifie qu’au cours de l’exercice 21, pour chaque dollar consacré au service de la dette, la Banque mondiale fournira 11 dollars de nouveaux engagements aux pays admissibles à l'IDA. Pour les petits États insulaires en développement, la Banque mondiale a engagé environ un milliard de dollars pour l'exercice 21, soit 10 fois plus que leurs paiements prévus au titre du service de la dette.
Je me permets de le mentionner car les enjeux de la dette ont fait l’objet d’un large débat dans les groupes de réflexion qui se sont penchés sur l’Initiative de financement du développement. Nous demandons instamment au G20 de prolonger jusqu'en décembre 2021 le moratoire prévu en vertu de l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD), et nous appelons toujours le secteur privé et tous les créanciers du G20 non membres du Club de Paris à adhérer à cette initiative.
La Banque mondiale travaille avec le FMI à la mise en œuvre et au suivi de l'ISSD afin de s'assurer que les économies réalisées sont affectées à des investissements essentiels. La transparence de la dette doit être une priorité dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les conditions, les restrictions de garantie et les clauses de non-divulgation qui pèsent sur les contrats souverains.
Excellences, nous nous félicitons des efforts déployés par les Nations unies, le Canada, la Jamaïque et tant d'autres pour organiser l'Initiative de financement du développement. L’IDA fournit un exemple concret de mise en œuvre réussie de ce programme de financement.
L’aptitude de l'IDA à attirer les marchés de capitaux et des taux d’intérêt plus faibles, avec son nouveau modèle de financement hybride, repose sur l'engagement des donateurs et sur la capacité démontrée des emprunteurs à honorer leurs obligations. En offrant 50 % de plus de financements aux clients de l'IDA, et à des conditions plus concessionnelles [(les financements de l'IDA sont désormais constitués de 20 % de dons !)], nous pouvons fournir à nos clients les transferts nets les plus importants à un moment où ils en ont le plus besoin en cette période de crise.
Le temps est venu d'agir rapidement et de manière coordonnée, en partenariat, pour venir en aide aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables. Les Nations unies jouent un rôle important dans ces efforts, et nous collaborons avec plusieurs agences onusiennes pour améliorer les résultats dans les pays concernés — plus récemment dans le cadre de la reconstruction du Liban, où le Groupe de la Banque mondiale collabore étroitement avec les Nations unies et l'UE.
Nous agissons, mais il faut faire plus encore. Nous avons besoin de votre solidarité et de votre soutien financier pour les pays qui sont en difficulté. Je vous remercie.