Table ronde des partenaires au développement et des investisseurs privés du Bénin
Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique
17 – 19 juin 2014, Paris, France
Discours tel que préparé pour l’allocution
Monsieur le Président de la République du Bénin,
Madame la Secrétaire d’État au Commerce,
Distingués invités et participants en vos rangs et qualités,
Mesdames et Messieurs,
C’est un plaisir d'être ce matin à Paris, et de prendre part à cette importante conférence pour le développement du Bénin aux côtés d’éminentes personnalités.
Cette conférence se tient à un moment crucial pour l’Afrique subsaharienne et à une période charnière pour le Bénin.
Après avoir été pendant plusieurs décennies le continent des conflits armés, de la pauvreté galopante et de la malnutrition endémique, l’Afrique connait désormais un sursaut économique sans précèdent. Nos prévisions indiquent que le taux de croissance économique de l’ Afrique subsaharienne devrait atteindre 5,2% en 2014, soit 0,5% de mieux qu’en 2013, porté pour l’essentiel par la hausse des investissements dans les ressources minières et les infrastructures.
La forte croissance enregistrée sur le continent trouve aussi ses racines dans le développement de l’agriculture commerciale, les efforts de transformation et de création de valeur qui sont entrepris localement, ainsi qu’à la forte consommation des ménages qui a augmenté de près de 3,7% par an au cours de la dernière décennie. Consommation des ménages stimulée également par les transferts de fonds des migrants qui ont représenté 32 milliards de dollars en 2013, soit une augmentation de 6,2%, dépassant ainsi le record de 30 milliards de dollars atteint en 2011. Ceci est aussi le reflet de l’émergence d’une classe moyenne dans nombre de pays du continent.
Monsieur le Président,
L’Afrique a une population jeune qui croît rapidement. 50 pour cent de ses habitants a moins de 25 ans. Chaque année, 11 millions de jeunes entrent dans le marché du travail. Cette forte croissance démographique, pour peu qu’elle soit bien accompagnée par une formation adéquate dans le domaine des sciences, de la technologie et des mathématiques, devrait permettre de positionner l’Afrique comme un centre de production et un pôle de développement durable pour le monde.
Monsieur le Président,
Des réformes courageuses entreprises ces dernières années par plusieurs pays africains, y compris le Bénin, sont à la base des performances macroéconomiques robustes que nous observons. Il importe de poursuivre cet élan pour que la croissance soit encore plus forte et plus inclusive. C’est la condition fondamentale pour une résilience des pays et des populations aux chocs divers, qu’ils soient dus à la volatilité des prix des matières premières ou aux effets du changement climatique.
C’est pourquoi mon institution a la ferme volonté de continuer à soutenir l’Afrique par des programmes transformateurs et à travers l’accès à des financements innovants, pour accroître significativement leur base de production de produits manufacturiers et diversifier leur économies, créer des emplois et éliminer l’extrême pauvreté.
Pour y parvenir, nous devons impérativement régler la question énergétique. Cette problématique est au cœur de notre vision pour l’Afrique. Accroître l'accès des populations et des opérateurs économiques à des services énergétiques modernes, efficaces et à moindre coût sera l’indicateur clé de performance de toutes les politiques publiques et des programmes que nous soutiendrons.
Monsieur le Président,
Permettez-moi de saluer les progrès enregistrés ces dernières décennies par votre pays dans le domaine économique. Les stratégies successives de croissance pour la réduction de la pauvreté, ont contribué à la réalisation d’un taux de croissance d’environ 4% par an sur la décennie précédente. Ce taux s’avère néanmoins insuffisant, pour réduire significativement la pauvreté en raison, entre autres, de la forte augmentation de la population qui est de l’ordre de 3,6%. Aussi, saluons–nous l’ambition affichée par les autorités, dans le cadre de sa nouvelle stratégie, d’accélérer la marche du Bénin vers le développement socio-économique à travers le renforcement des infrastructures ; l’amélioration du capital humain, l’offre de services sociaux de base, la bonne gouvernance pour une croissance forte qui doit se situer autour de 7 à 8 % dans les années à venir.
Je félicite donc le gouvernement béninois d’avoir pris l’initiative d’organiser cette table ronde pour mobiliser le financement nécessaire à la mise en œuvre de cette stratégie.
Monsieur le Président,
Nous nous réjouissons de constater que le Bénin arrive à cette table ronde avec des projets spécifiques et des choix clairs. En effet, il faut souligner que les ressources publiques sont limitées tandis que la demande en investissements publics pour le développement des filières économiques est immense. Dans ce contexte, la priorisation est essentielle.
Je voudrais aussi exhorter le Gouvernement à poursuivre les réformes nécessaires à l’amélioration du climat des investissements et la promotion des Partenariats Publics Privés.
Les projets phares qui seront présentés au cours de cette table ronde, notamment le projet d’épine dorsale et le programme d’investissement relatifs à l’infrastructure électrique du Bénin sont structurants, avec des effets induits sur des pans divers de l’économie nationale. Comme vous le savez, la Banque mondiale contribue au développement des infrastructures au Bénin en mettant l’accent sur les approches régionales, à travers des projets comme le Projet de Facilitation du Commerce et du Transport le long du Corridor Abidjan-Lagos, le système d’interconnexion électrique ouest africain (le WAPP), le projet hydroélectrique d’Adjarala, et le Programme régional d'infrastructures de communication, (le WARCIP), qui devrait révolutionner le coût et la vitesse de connexion internet au Bénin.
Nous notons enfin l’importance que votre stratégie accorde aux questions sociales. En effet, la forte croissance démographique pose des défis en termes de demande des services d’éducation, de santé, de nutrition, d’emploi, de logement et de gestion urbaine. Le Bénin se doit de transformer cette pression démographique en un avantage économique à moyen terme et bénéficier du dividende démographique.
Pour finir, permettez- moi de féliciter de nouveau les autorités béninoises pour cette initiative et souhaiter plein succès à la Table Ronde.
Je vous remercie.