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DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS

La ruée vers l’or africaine : forum économique africain 2014, NYU

26 avril 2014


Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique Forum économique africain 2014, NYU New York, États-Unis

Tel que préparé pour l'allocution



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Je vous remercie, Monsieur le doyen Henry, de votre aimable présentation. Merci également à l'École Stern de la NYU, aux étudiants de la Maison africaine « Stern in Africa » ainsi qu'à l'association étudiante Wagner d'avoir accueilli la réunion d'aujourd'hui. C'est toujours un plaisir que de séjourner à New York, et j'apprécie votre invitation.

NYU est bien placée pour accueillir cette conférence qui examinera les moyens de rendre plus inclusive la forte croissance affichée par l'Afrique au cours de la dernière décennie. Le programme de la Maison africaine, dirigé par Yaw Nyarko, économiste ghanéen estimé, est un pôle dynamique pour les études portant sur l'Afrique et sur la diaspora africaine. J'ai été impressionné par ce que j'ai appris au sujet de l’Accra Center de la NYU, et en particulier de l'intérêt qu'il porte aux études urbaines et métropolitaines. J'ai aussi été intrigué par le programme d’études à l’étranger axé sur l'Afrique du Sud et par l'importance qu'il attache à l’enseignement supérieur et aux réformes sociales. Ces deux initiatives offrent aux étudiants de la NYU des possibilités d’enrichir leur connaissance du continent.

Le thème de la conférence d'aujourd'hui, « La ruée vers l'or africaine », fournit l'occasion de dresser un bilan des progrès réalisés au cours de la dernière décennie tout en prenant acte des enjeux considérables qui persistent sur le continent.

Au cours de la dernière décennie, l’Afrique a connu une croissance économique exceptionnelle de 4,5 % en moyenne par an, à la faveur d’une gestion macroéconomique prudente et d'une hausse régulière des cours des produits de base. Elle doit désormais mettre l'accent sur la réduction de la pauvreté et des inégalités, et accroître l'apport en valeur ajoutée sur le continent. Dans un contexte où de nouveaux gisements de pétrole, de gaz ou de minéraux sont semble-t-il découverts tous les mois, il importe de renforcer la capacité des Africains à extraire, raffiner et commercialiser ces ressources. Dans le même temps, nous devons nous attaquer au défi que représente la croissance extraordinaire de l'urbanisation — qui devrait tripler d'ici 2050 — et aux enjeux qui en découlent, qu'il s'agisse du logement, de l'assainissement ou de la sécurité alimentaire. En résumé, il ne s’agit pas uniquement de veiller à une trajectoire de croissance économique soutenue, mais d'assurer également la durabilité de cette croissance et de se pencher sur la composition des économies africaines en pleine croissance.

Un exemple important vient à l'esprit. Une des grandes nouvelles qui a attiré l'attention au cours des récentes semaines est la décision du Nigéria de changer sa méthode de comptabilisation de la croissance du PIB — qui s'établit actuellement à plus de 500 milliards de dollars — ce qui lui a permis de se hisser au premier rang des économies africaines, devant l'Afrique du Sud. Cet exercice de « rebasement » a permis de révéler non seulement la taille véritable de l'économie nigériane — qui serait supérieure de 80 % à ce qu'on avait supposé —, mais aussi la composition de cette économie.


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L'importance du secteur des services dans l'économie nigériane a considérablement augmenté depuis les années 1990. Cette croissance s'est observée non seulement dans les grandes industries comme celles des banques et du divertissement — l'industrie cinématographique, ou « Nollywood » — mais également dans le secteur informel. Les entreprises familiales et autres petites entreprises du secteur informel ne sont d'ordinaire pas prises en compte dans le secteur salarié moderne, malgré le rôle important qu'elles jouent aujourd'hui dans l'économie du pays. L'industrie manufacturière a elle aussi progressé au Nigéria, passant de 2 à 7 % du PIB. L'augmentation de l’investissement direct étranger dans le secteur manufacturier et dans les industries produisant des biens de consommation destinés à une classe moyenne grandissante est un signe encourageant d'une diversification de l'économie et d'une diminution graduelle de la dépendance au pétrole.

D'autres pays africains — notamment le Ghana et le Kenya — ont également révisé leur méthode de calcul du PIB, et d'autres pourraient suivre leur exemple. Nous assisterons donc probablement à des hausses du PIB des économies africaines qui pourraient atteindre jusqu'à 30 %. Un tel chiffre est impressionnant, mais que signifie-t-il réellement ?

Ces exercices de « rebasement » laissent deviner une tendance importante dans la transformation structurelle des économies africaines. Cette question fait l'objet d'un débat passionné parmi les plus éminents économistes du développement : quelle voie la diversification des économies africaines devrait-elle choisir, et comment prendre en compte cette nouvelle mesure de l'activité économique ? 

Certains économistes jugent que seules l'industrialisation et le renforcement des capacités manufacturières permettront à l'Afrique d'accroître sa compétitivité et d'assurer son développement à long terme, comme l'ont déjà fait la Chine et les « tigres asiatiques ».

D'autres soutiennent que les pays africains devraient plutôt mettre l'accent sur la valeur ajoutée des produits et de l'agriculture (par exemple, raffinage et agro-industrie) et sur le renforcement de leurs secteurs des services (par exemple, TIC et services financiers).

Cependant, quelle que soit leur orientation future, les économies africaines resteront confrontées à plusieurs défis fondamentaux.

Les pays devront d'abord veiller à mettre en valeur leur ressource naturelle la plus précieuse : le capital humain. L'Afrique est le continent le plus jeune au monde : plus de la moitié de sa population est âgée de moins de 25 ans, et au cours de chacune des dix prochaines années, 11 millions de jeunes Africains devraient faire leur entrée sur le marché du travail. Cedividende démographique, comme on l’appelle, est une occasion formidable pour l’Afrique de constituer un capital humain précieux qui sera le moteur de la transformation économique du continent. En clair : ce ne sera effectivement un « dividende » que si ces jeunes sont éduqués, formés et prêts à l’emploi. Il nous faut doter cette nouvelle génération de jeunes Africains talentueux et ambitieux des compétences et connaissances modernes nécessaires pour concevoir et appliquer des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique. De ce point de vue, le défi pour nous est d’améliorer les acquis de l’apprentissage.

Après des décennies d’intervention limitée dans l’éducation postsecondaire, le Groupe de la Banque mondiale et d’autres partenaires mettent maintenant l’accent sur l’enseignement supérieur, et plus important encore, sur le contenu des études universitaires — y compris l'enseignement professionnel — et les aptitudes dont ont besoin les étudiants pour entrer sur le marché du travail et contribuer à la croissance et au développement de l’Afrique.

Nous constatons en particulier qu'il existe un décalage entre l'enseignement dispensé par l'université aux étudiants africains et les aptitudes que réclament les employeurs. La proportion des étudiants universitaires inscrits en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématiques est très faible, ne s'établissant en moyenne qu'à 25 %. La Banque mondiale a organisé le mois dernier au Rwanda, sous les auspices du président Paul Kagame, un Forum de haut niveau sur l’enseignement supérieur, les sciences et la technologie qui s’est conclu par un « appel à l’action » lancé par les ministres africains de l'Éducation participants. Les ministres ont fixé un objectif audacieux : doubler d’ici 2025 le pourcentage de diplômés universitaires africains dans les domaines des sciences et de la technologie.

Une main-d’œuvre hautement qualifiée peut stimuler la croissance économique, à condition que l'on puisse d'abord surmonter un autre défi incontournable : élargir l’accès à l’électricité. Le manque de fiabilité de l’approvisionnement électrique est l'obstacle le plus important qui se dresse à l'heure actuelle sur le chemin du développement économique en Afrique. Le tiers seulement des pays africain ont accès à l’électricité, et cette source d'énergie coûte typiquement quatre fois plus cher dans ces pays que dans les pays les plus riches du monde. Une récente étude a estimé que le coût économique des pannes de courant en Afrique du Sud, en Ouganda et au Malawi — pour ne citer que trois cas extrêmes — atteint chaque année plus de 5 % du PIB. Trente pays africains sont aux prises avec des interruptions régulières de l'approvisionnement en énergie, ce qui constitue un obstacle formidable à l'activité économique et à une croissance soutenue.

Il est clair qu'en raison du coût de la production d’électricité auquel ils sont confrontés (dans certains cas, jusqu'à 54 cents par kilowattheure), la plupart des pays africains auront du mal à réaliser les taux de croissance dont ils ont besoin pour réduire la pauvreté. La Banque mondiale attache une grande importance aux projets régionaux qui peuvent favoriser la création de sources d'énergie durables à un prix concurrentiel. Lom Pangar, Suapiti, Rusumo Falls, Ruzizi, Inga, et Banda constituent de bons exemples de tels projets régionaux de production d'énergie électrique. Cependant, pour tirer pleinement profit de ces investissements, améliorer la productivité et la compétitivité des économies africaines et accroître le bien-être des ménages africains, nous devons pouvoir compter sur des compagnies de distribution d’électricité efficaces et bien gérées.

Ceci nous amène à parler des enjeux de la conduite des affaires publiques et de la qualité des institutions. Aujourd'hui, un grand nombre de compagnies de distribution peinent à satisfaire aux normes reconnues de gestion efficace. La communauté internationale et les pays africains partagent la responsabilité de trouver des solutions aux problèmes d’économie politique qui font obstacle au développement du secteur énergétique. Les pays ont déjà fait des progrès sensibles en matière de renforcement des institutions de gestion macro-économique et financière, mais ils doivent désormais impérativement s'attaquer aux problèmes de gestion micro-économique (y compris la bonne exécution des contrats et la concurrence) afin d’améliorer le climat global de l’investissement.

S'agissant des enjeux énergétiques, l'Afrique pourrait également apporter une contribution non négligeable au programme d’action lié au changement climatique. Le continent africain dispose de ressources considérables en matière d'énergie électrique, géothermique et solaire qui ne demandent qu'à être exploitées et qui pourraient du même coup lui permettre de réduire considérablement les niveaux d'émissions de CO2. Rares sont les régions du monde qui sont en mesure d'en faire autant. Alors que la communauté internationale prépare la tenue du prochain Sommet sur le changement climatique, en septembre, et de la prochaine Conférence des parties (« CdP ») en France, en 2015, nous avons une occasion toute trouvée pour élargir plus rapidement l’accès à des services d’énergies modernes et de faire une percée dans le domaine des énergies propres, dans un des continents qui connaît la croissance la plus rapide du monde.

Lorsqu'elle pourra compter sur une main-d'œuvre qualifiée et sur des sources d'énergie fiables, il restera à l'Afrique à relever un troisième défi : celui de la gestion des finances publiques. Bien que de nombreuses administrations publiques africaines pratiquent déjà une gestion macroéconomique prudente, arrivent à maîtriser leurs déficits budgétaires, et mettent en œuvre des mesures impressionnantes pour juguler l'inflation et réduire leur niveau d'endettement, les marges sur les obligations des pays africains ne reflètent toujours pas ces fondamentaux macroéconomique. Les risques attachés à ces obligations ne reflètent pas correctement les fondamentaux économiques de ces pays qui ont ainsi du mal à attirer les capitaux étrangers, et où les investissements sont plus coûteux qu'ils ne le devraient normalement. Les sources de financement à court terme en devises augmentent sensiblement le coût du financement des infrastructures en Afrique.

Dans un tel contexte, les pays africains doivent porter leur attention sur la mobilisation des ressources intérieures. Le premier défi qui se pose est celui des recettes fiscales. À mesure que les exercices de « rebasement » entamés à travers la région conduisent à calculer des valeurs du PIB plus élevées, la part des recettes en pourcentage du PIB tend à baisser considérablement, ce qui risque de nuire à l'atteinte des objectifs de développement à long terme. Comment les pays peuvent-ils réformer leur fiscalité pour bien tenir compte de ces transformations structurelles ? Le deuxième défi est celui de la mobilisation de l'épargne intérieure en faveur de l'investissement. À quelles conditions les investisseurs institutionnels consentiront-ils à investir dans les véhicules conçus spécialement pour assurer le financement des économies africaines ? Troisièmement, à quelles conditions les pays pourront-ils accéder au financement non concessionnel à long terme requis pour combler l'écart existant entre l'épargne et l'investissement ? Enfin, le niveau de concurrence dans le secteur de l'intermédiation financière est-il suffisant pour assurer l'inclusion financière nécessaire à l'accélération de la croissance et à la réduction de la pauvreté ? Nous nous penchons sur ces enjeux en travaillant en très étroite collaboration avec nos États membres africains afin d'atteindre notre double objectif : mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.

Outre les efforts consacrés au financement des investissements, nous nous employons également à stimuler les échanges régionaux en Afrique. Le commerce intrarégional est en effet toujours très limité. En fait, plusieurs pays africains commercent davantage avec l'Europe et les États-Unis qu'avec leurs voisins. Dans le contexte actuel de persistance du climat d'incertitude et de stagnation qui caractérise les marchés européens, les nouvelles opportunités d’exploitation ducommerce transafricain sont énormes dans les secteurs de la production alimentaire, des produits manufacturés et des services de base. Or, les barrières frontalières qui persistent en Afrique empêchent les pays du continent de réaliser pleinement leur potentiel commercial.

Cette structure du commerce africain et les infrastructures en place sont un héritage de notre passé colonial. Ce n'est pas par hasard que les activités économiques du continent se déroulent pour une bonne part sur les côtes et autour des ports d'où sont exportés nos produits.

La chaîne de valeur régionale est aujourd'hui devenue un important moteur du commerce. À mesure que les économies africaines poursuivent leur transformation, chaque pays se spécialisera dans la production d'intrants débouchant sur la création d'un produit final. La mise en place de cette chaîne de valeur stimulera les échanges entre les pays et leur permettra de mettre l'accent sur leurs avantages concurrentiels. Nous encourageons nos clients à ne pas simplement se préoccuper du renforcement des infrastructures, mais de mettre l'accent la logistique commerciale : comment transporter les marchandises d'un point à l'autre le plus rapidement possible, et au coût le plus bas. Il faut bien sûr pour cela améliorer les infrastructures, mais aussi mettre en place de meilleures politiques et supprimer les barrières non tarifaires et les autres obstacles au commerce. L'intégration régionale contribuera également à accroître la part de l'Afrique dans le commerce mondial.

Outre la levée des obstacles et le renforcement des infrastructures, l'amélioration du climat général des affaires jouera un rôle essentiel dans la réalisation du potentiel de croissance de l'Afrique. L'accès au crédit, l'intégrité des droits de propriété, les exigences en matière de permis et les coûts de démarrage des entreprises comptent parmi les indicateurs importants du climat d’investissement qui peuvent attirer les investisseurs sur notre continent, ou les en chasser. Les problèmes degouvernance demeurent une préoccupation dans de nombreux pays — qu'il s'agisse de la petite corruption, de la responsabilité sociale à l'égard des citoyens, ou de la transparence des systèmes de passation des marchés et de gestion des finances publiques. L’amélioration continue de l'État de droit contribuera à accroître la confiance des investisseurs et à stimuler la croissance.

En revanche, les conflits et l'instabilité provoqués en grande partie par la pénurie de ressources et les inégalités au sein des pays et entre les pays constituent un autre facteur de risque. Les flambées de violence peuvent enrayer la croissance économique, et leurs effets peuvent se répercuter sur les pays voisins. Les conflits violents qui sévissent en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Somalie ont des effets dévastateurs non seulement sur les populations locales, mais également sur l'économie en général. En plus de provoquer des souffrances humaines sans nom, la guerre en République centrafricaine a entraîné une contraction de 36 % du PIB du pays. Les tournées historiques effectuées l'an dernier par le Secrétaire général des Nations Unies et par le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, d'abord dans la région des Grands Lacs, en mai, puis dans la région du Sahel, en novembre, ont servi à souligner l’importance d'aborder d'une manière globale les enjeux auxquels font face les sous-régions africaines. La sensibilisation à la pénurie de ressources et la résolution des vieux conflits doivent être au cœur des efforts de promotion de la paix et du développement, et ce travail nécessite l'intervention d'un éventail de partenaires qui collaboreront à définir des moyens de renforcer la prestation des services et la capacité de résistance aux changements climatiques, d'améliorer les résultats en matière de développement humain — par exemple, réduction des taux de fécondité et amélioration de la santé maternelle et infantile —, et d'améliorer l'irrigation pour accroître la sécurité alimentaire.

J'invite tous les gens ici présents, futurs diplômés en gestion des affaires qui auront le pouvoir d'influer sur le climat de l’investissement, à s'interroger sur le rôle qu'ils peuvent jouer dans la croissance du continent africain. La diaspora africaine basée ici aux États-Unis représente un puissant moteur pour la croissance de l'Afrique. Cependant, pour mobiliser sa précieuse contribution, il faudra l’appui d’un éventail de parties prenantes, à savoir les décideurs, les institutions financières internationales et les universitaires, ici comme en Afrique. Au cours de mes récentes visites dans les universités américaines, j'ai été impressionné par les étudiants africains qui sont impatients de terminer leurs études et de rentrer dans leurs pays respectifs. J'ai eu le plaisir de rencontrer plus tôt ce mois-ci un groupe d'étudiants africains diplômés de l'Université du Michigan. L'un d'eux m'a appris deux néologismes : « afropolitain » et « afropreneur ». Le premier de ces termes sert à désigner la génération d'émigrants africains qui ont étudié à l'étranger et qui ont acquis une vision globale au fil de leurs nombreux déplacements entre l'Afrique et le reste du monde. Le second terme a été adopté par un jeune Nigérien pour décrire la cohorte de jeunes africains technophiles, hommes et femmes, qui ont étudié à l'étranger et qui se passionnent pour l'innovation et pour la démarginalisation des collectivités locales à travers l'Afrique.

J'ai eu l'occasion plus tôt ce mois-ci de rencontrer l'un de ces « afropreneurs » à l'occasion des Réunions de printemps de la Banque mondiale, à Washington. Simbarashe Mhungu, un jeune Zimbabwéen, a quitté son pays pour poursuivre des études supérieures aux États-Unis. Après avoir travaillé pendant quelques années ici-même, à New York, il est rentré au Zimbabwe où il a fondé une florissante entreprise d'agrinégoce appelée Harvest Fresh. Le démarrage n'a pas été facile. Les conditions financières imposées par une banque commerciale locale étaient impossibles à satisfaire, et notre jeune entrepreneur devait faire face à la concurrence féroce de grandes entreprises chinoises. M. Mhungu savait pourtant qu'il y avait pour lui un créneau à exploiter, et il a persisté jusqu'à gagner les faveurs de ses premiers clients.

Dans un autre exemple, Alexandre Laure, un Tchadien qui a quitté son pays natal pour aller étudier la gestion des affaires en Europe, a fondé Green Bio Energy Ltd, une entreprise de production d'énergie renouvelable basée en Ouganda. M. Laure a recruté sur place tous ses employés et il a adapté les méthodes de gestion acquises à l'étranger au contexte ougandais. Son entreprise a créé des emplois et est toujours active aujourd'hui, mais il est intéressant de mentionner que nombre de ses employés qui ont quitté après quelques années ont su profiter des pratiques fondamentales en comptabilité, en finance et en gestion de projets qu'ils avaient acquises à Green Bio Energy pour créer leurs propres entreprises.

Pour finir, je tiens à vous souhaiter une fructueuse journée de débats sur les défis et les opportunités que représente la réalisation du plein potentiel économique de l'Afrique. Si nous apprenons à tirer parti de notre dividende démographique et à promouvoir la croissance économique en créant des emplois et en partageant la prospérité, nous serons en mesure non seulement de renforcer les échanges entre l'Afrique et le reste du monde, mais aussi le commerce entre chacun des pays africainsCela nous permettra de multiplier les occasions d'affaires pour les investisseurs africains et étrangers, et de permettre ainsi aux économies africaines — ainsi qu'à chacun de leurs citoyens — de véritablement partager les fruits de la « ruée vers l'or africaine ».

J'apprécie l’honneur qui m’a été conféré d’ouvrir la séance d’aujourd’hui, et je me réjouis à l'avance des occasions qui me seront données à l'avenir d'explorer ces enjeux avec la communauté de la NYU, ici-même sur le campus de New York, au Centre de la NYU à Washington, et peut-être même l’un de vos centres disséminés sur le continent.

Je vous remercie de votre attention.


Contacts médias
À Washington
Phil Hay
Téléphone : +1-202-473-1796
phay@worldbank.org

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