Monsieur le Président Hollande,
Monsieur le Président Sleiman,
Monsieur le sous-secrétaire général Feltman,
Excellences,
Permettez-moi d’abord de féliciter le Président Sleiman et le Liban d’être parvenus à un accord sur la formation d’un nouveau gouvernement.
Je voudrais aussi remercier le président François Hollande et le gouvernement français, ainsi que l’Organisation des Nations Unies, d’avoir organisé cette réunion à un moment aussi crucial. Comme vient de le rappeler Antonio Guterres, le conflit syrien est une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent. Il provoque un afflux massif de réfugiés syriens, de jour en jour plus nombreux, dans l’ensemble du Moyen Orient. C’est le Liban qui en accueille le plus grand nombre et la plus forte proportion relativement à sa population : le nombre de réfugiés syriens présents sur son sol équivaut à près du quart de sa population avant la crise.
La politique de frontières ouvertes du Liban et la générosité de sa population ont un coût que l’on ne peut pas demander au pays de supporter seul. Ce coût prend divers aspects : i) l’insécurité ; ii) la mise à rude épreuve des services publics et des infrastructures ; iii) l’intensification de la concurrence sur le marché de l’emploi. Nous avons dressé un tableau alarmant dans le rapport que nous avons présenté à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre : d’ici à la fin de 2014, 170 000 Libanais sombreront dans la pauvreté ; 300 000 perdront leur travail ; le coût économique total atteindra des montants considérables de l’ordre de plusieurs milliards de dollars.
Par le biais des Nations Unies et d’autres partenaires, la communauté internationale a mobilisé ses ressources en faveur des réfugiés syriens pour s’attaquer à la dimension humanitaire de la crise. Qu’il me soit permis de saluer ici l’admirable travail entrepris par le HCR[OL1] et toute la famille onusienne et aussi de me réjouir de la force de notre coopération.
Il faut toutefois instituer un nouveau paradigme. À mesure que la crise se prolonge et s’aggrave, il s’avère nécessaire de poursuivre simultanément un double engagement sur le front humanitaire et sur le terrain de la résilience afin de : 1) répondre aux besoins immédiats des réfugiés ; et 2) développer et renforcer la capacité de résilience des populations d’accueil. En étroite collaboration avec nos partenaires des Nations Unies et de la communauté des bailleurs de fonds, mes collègues et moi-même œuvrons simultanément au développement et au renforcement de l’offensive humanitaire et de l’effort de développement de manière à aider le Liban à faire face au danger existentiel qui le menace.
Conscients de cette urgence absolue, nous avons pris des initiatives et établi avec le Gouvernement libanais une feuille de route visant à stabiliser la situation économique et sociale du pays. Présenté lors des dernières Assemblées annuelles de la Banque mondiale, ce document constitue une référence pour la communauté internationale en ce qui concerne notre aide au Liban.
En réponse à l’appel lancé par le Gouvernement libanais en faveur de la création d’un mécanisme de financement qui permettra à la communauté internationale d’acheminer les fonds et d’aider le Liban au moment où ses besoins sont si grands, la Banque a créé un fonds fiduciaire multidonateurs vers lequel seront canalisés les dons des bailleurs de fonds et des partenaires. Mesdames et Messieurs, nous sommes prêts ! En gérant les ressources des bailleurs de fonds, nous soutiendrons les projets de développement et les projets de renforcement des capacités de résilience axés sur les populations les plus touchées par la crise des réfugiés.
J’aimerais remercier ici la Norvège d’avoir pris les devants avec sa généreuse contribution. J’encourage tous les partenaires à doter le mécanisme des moyens nécessaires pour qu’il achemine les financements de façon fiable, efficace et transparente. Toutes les transactions seront sécurisées par le sceau fiduciaire de la Banque mondiale. Notre engagement poursuit un objectif : atténuer les contraintes économiques et sociales qui s’exercent sur le Liban.
Nous nous réjouissons à la perspective de travailler ensemble pour aider le Liban à surmonter l’adversité. Au Liban, la famille onusienne travaille à l’unisson et mettra en place de solides mécanismes de coordination avec le nouveau gouvernement.
Il nous incombe à tous d’accroître notre soutien au Liban pour l’aider à affronter les répercussions de la crise syrienne. Cette démarche est cruciale pour le pays, mais aussi dans le contexte des efforts engagés pour contenir le conflit dans la région. Permettez-moi de citer les propos tenus par le Président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, lors de la première réunion du Groupe international de soutien au Liban à New York il y a quelques mois : « S’il est un moment où il faut aider le Liban, c’est bien maintenant. Si nous n’agissons pas de manière résolue, immédiate et rapide, le Liban de demain ne ressemblera plus au Liban d’aujourd’hui ».
Je vous remercie.