Monsieur le Président Kenyatta,
Mesdames et Messieurs membres du cabinet,
Monsieur Denny Kalyalya, Administrateur de la Banque mondiale,
Mesdames et Messieurs les Secrétaires généraux,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour nous un très grand honneur, Monsieur le Président, de vous compter parmi nous, ainsi que Monsieur le Vice-président et Mesdames et Messieurs membres du cabinet, aujourd’hui à l’occasion de cette inauguration. Cette cérémonie illustre la solidité des relations entre le Kenya et la Banque mondiale, dont ce bâtiment, plus grand édifice de la Banque mondiale après le siège de Washington, est le symbole physique. Les services de la Banque mondiale occuperont 12 étages de cette superbe construction d’une superficie de plus de 25 000 mètres carrés, où ils travailleront dans des espaces de travail entièrement écologiques et auront accès aux technologies de l’information les plus récentes.
Avant de poursuivre la célébration de cette heureuse occasion qui nous rassemble ici, permettez-moi d’exprimer ma tristesse suite au décès de Nelson Mandela, ce frère, ce leader dont nous pleurons la disparition. Madiba était un guide pour tous les Africains. Son influence et son inspiration se perpétueront. Aujourd’hui, tandis que sa dépouille est exposée solennellement à Pretoria, prenons le temps d’honorer sa mémoire.
Je souhaite aussi, Monsieur le Président, vous présenter mes condoléances à la suite des événements tragiques du Westgate. Nous avons eu le cœur serré en pensant aux victimes et nous sommes solidaires de votre épreuve.
En ce qui me concerne, Monsieur le Président, une visite au Kenya n’est pas une visite ordinaire : c’est véritablement un retour au pays.
Au moment où nous inaugurons ces bureaux, le Kenya fête le cinquantième anniversaire de son indépendance. C’est une excellente occasion de rappeler non seulement ce que la Banque a apporté au Kenya, mais aussi ce que le Kenya nous a apporté et appris.
Depuis 1960, le programme kenyan s’est traduit par 180 opérations financées par sept milliards de dollars d’engagements de l’IDA et près de 1,2 milliard de dollars de ressources de la BIRD. Mon collègue Oumar Seydi a déjà décrit le volume du soutien apporté par l’IFC au Kenya.
Monsieur le Président, la Banque mondiale démontre depuis longtemps l’importance qu’elle accorde à l’élimination de la pauvreté. Je me souviens d’un discours historique prononcé par Robert McNamara, ancien président de la Banque mondiale, ici à Nairobi en septembre 1973. Bien avant l’époque des allégements de dette de l’Initiative PPTE et des stratégies de réduction de la pauvreté, M. McNamara déclarait ceci : « Le problème fondamental de la pauvreté et de la croissance dans les pays en développement peut se résumer ainsi : la croissance ne profite pas équitablement aux pauvres et les pauvres ne contribuent pas de manière significative à la croissance ».
M. McNamara, en outre, a souligné combien il était important de développer les activités sectorielles pour promouvoir la croissance et la réduction de la pauvreté. Ce précepte garde toute sa pertinence aujourd’hui. Notre président, Jim Yong Kim, lui a donné un souffle nouveau en réaffirmant la mission de la Banque axée sur l’éradication de l’extrême pauvreté à l’horizon 2030 et la promotion d’une prospérité partagée.
À l’époque du discours de M. McNamara à Nairobi, le Kenya était le premier pays à avoir conçu une initiative destinée à conjuguer la croissance agricole et la réduction de la pauvreté. Les fameuses « routes du thé » ont inspiré les travaux de la Banque mondiale dans d’autres régions du monde pendant une génération selon la démarche consistant à aider les petits exploitants agricoles à accroître leur productivité et leurs revenus.
Aussi, le Groupe de la Banque mondiale est-il reconnaissant au Kenya d’avoir été à l’origine d’une stratégie qui a influé sur les travaux de la Banque dans la lutte contre la pauvreté au cours des cinquante dernières années.
Le bel exemple du Kenya, en outre, a contribué à nous renforcer dans la conviction que le secteur privé est le moteur de la croissance. Il convient de mettre en place toutes les conditions nécessaires à la création d’un environnement dans lequel ce secteur peut prospérer, créer des emplois et contribuer à la stabilité macroéconomique. Au moment où de nombreux pays africains hésitaient encore à accepter l’idée selon laquelle le secteur privé constitue un moteur de croissance, le Kenya avait déjà adopté ce concept. Le Kenya est parvenu à se hisser au rang de leader économique dans la sous-région en tirant parti du dynamisme de son secteur privé.
Aujourd’hui, tout le monde convient de la nécessité d’adopter des politiques macroéconomiques avisées, de même que tout le monde s’accorde à penser en Afrique que le secteur privé sera la locomotive de la croissance. Nous exprimons notre reconnaissance au Kenya pour avoir démontré que ce concept, accepté depuis longtemps en dehors du continent, pouvait aussi être appliqué en Afrique. De ce point de vue, Monsieur le Président, vous étiez en avance sur votre temps.
J’ajouterai, Monsieur le Président, que l’expérience du Kenya a démontré aussi le rôle fondamental du secteur privé intérieur. Le secteur privé kenyan est devenu un chef de file d’envergure mondiale dans les secteurs tels que celui de la production de fleurs, de thé et de café et un acteur important dans le domaine des services, des TIC et des transports aériens. Il est évident que ces développements influent sur nos interventions dans le secteur privé africain — s’agissant notamment de la façon de favoriser les investissements nationaux et étrangers.
Aujourd’hui, le Kenya est à la croisée des chemins et nous espérons qu’il passera prochainement dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire — ce qui implique aussi des défis.
Le Kenya nous a aussi montré l’importance des institutions d’inspiration nationale. Durant les vingt dernières années, il est devenu apparent que les institutions occupent une place centrale en matière de développement — toutes les institutions, et non pas seulement celles qui sont liées à l’activité économique. L’histoire de l’Afrique est imprégnée de l’héritage institutionnel de la colonisation. À la faveur de son processus d’examen constitutionnel, le Kenya a été en mesure — au terme de longues et solides consultations — d’intégrer le point de vue de ses citoyens dans l’organisation du pays et des institutions afin de tenir compte des réalités socioéconomiques, de la culture et de l’histoire kenyanes.
À l’issue de ce processus, des questions allant de la violence sexiste, aux droits de l’homme et à la décentralisation ont été inscrites dans la nouvelle constitution. Nous pensons que les institutions issues de ce processus répondront aux aspirations du peuple kenyan et les traduiront en actions tangibles.
L’examen de la contribution du Kenya à la réflexion sur le développement économique en Afrique nous offre l’occasion de nous pencher aussi sur les défis des prochaines décennies. Comme l’a montré le Kenya, la marche à suivre convenue est une politique de croissance entraînée par le secteur privé. Nous devons aussi œuvrer ensemble à l’accroissement et à l’accélération de la productivité et de la compétitivité de l’économie kenyane afin de permettre au secteur privé de continuer à jouer un rôle majeur.
Comme vous le soulignez souvent dans vos déclarations, Monsieur le Président, il sera important de réduire sensiblement les obstacles et les contraintes administratives — ces handicaps que l’on s’inflige à soi-même et qui entravent la croissance. Je voudrais vous féliciter pour les efforts que vous avez engagés en vue d’accélérer les réformes et l’amélioration du port de Mombasa : ils ont déjà d’importants effets positifs sur la réduction du coût de l’activité économique au Kenya et ailleurs dans la sous-région. Il sera nécessaire aussi d’accélérer les investissements dans les infrastructures pour combler l’écart avec les pays à revenu intermédiaire dont le Kenya devra affronter la concurrence. Dans ce contexte, les efforts déployés par le secteur public pour parvenir progressivement à un niveau d’investissement plus élevé donneront l’occasion au secteur privé de contribuer à la réduction du déficit d’infrastructure. Monsieur le Président, nous sommes heureux d’apprendre que d’importantes mesures ont été prises pour créer un cadre de PPP qui facilitera l’accroissement des investissements privés en infrastructure et nous nous réjouissons à la perspective de l’adoption des arrêtés qui permettront de concrétiser cette initiative.
L’accroissement de la compétitivité de l’économie nécessite des investissements en capital humain. Nous avons eu l’honneur d’être associés au programme gratuit d’éducation primaire pour tous, qui était en cours d’exécution il y a sept ans lorsque je me trouvais dans le pays. Nous nous associerons aussi à votre vision et à votre engagement manifeste en faveur de l’assurance maladie universelle. L’accès aux services de santé et d’éducation s’est nettement amélioré au Kenya et l’importance que vous accordez, Monsieur le Président, à la qualité et à la prestation des services est tout à fait louable. La Banque sera ravie de soutenir les efforts que vous déployez pour améliorer le capital humain grâce à l’amélioration de la qualité des services de santé et d’éducation offerts à la population et donc pour multiplier les possibilités d’activité productive au profit des plus pauvres, améliorer les indicateurs de développement humain et accéder au statut de pays à revenu intermédiaire tout en réduisant les inégalités et en évitant ainsi les embûches auxquelles se sont heurtés d’autres pays.
De même, les énormes progrès accomplis par le Kenya dans le domaine des TIC offrent une excellente occasion de réduire fortement les procédures administratives qui pèsent aujourd’hui sur le coût de l’activité économique dans le pays. Monsieur le Président, le peuple kenyan a élaboré une constitution qui accorde beaucoup de pouvoirs aux entités décentralisées. Dans tous les pays, la mise en place d’un tel processus est complexe et pose des problèmes. Tandis que le gouvernement kenyan formule ses lois d’application, nous sommes prêts à vous aider à mettre en œuvre ce processus pour éviter des perturbations dans les prestations de services, mais aussi, Monsieur le Président, à vous aider à évaluer et améliorer la capacité du pays à fournir des services à ses citoyens à l’échelle locale.
Monsieur le Président, permettez-moi de me joindre à tous ceux qui ont loué les bons résultats macroéconomiques obtenus par le Kenya au cours des dix dernières années à la faveur d’une politique budgétaire et d’une gestion de la dette prudentes. Dans les années à venir, le passage dans la catégorie des pays à revenu se fera de façon vertueuse, c’est-à-dire de manière durable et au bénéfice de tous. Il nécessitera aussi une saine gestion des ressources naturelles que le Kenya est en train de découvrir et s’apprête à exploiter. Des pays comme le Botswana nous montrent que cela est possible. Nous sommes convaincus que le Kenya peut faire de même et fera de même.
Je voudrais vous remercier à nouveau, Monsieur le Président, ainsi que le peuple kenyan, d’avoir associé le Groupe de la Banque mondiale à cette réussite économique et de nous permettre de jouer un rôle dans l’avenir prometteur du Kenya. Dans cette optique, permettez-moi de louer et de saluer les travaux du prix Nobel kenyan Wangari Maathai : nous sommes de plus en plus conscients de l’importance du changement climatique et d’une action durable dans le cadre de la croissance et du développement du Kenya.
De l’avis du Groupe de la Banque mondiale, Monsieur le Président, le Kenya est l’un des pays capables de passer rapidement dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.
Nous avons tiré beaucoup d’enseignements de votre réussite, et nous vous en remercions. Nous sommes heureux d’avoir la possibilité de poursuivre notre partenariat, de continuer à partager nos connaissances et d’œuvrer à l’amélioration des résultats du Kenya et de l’ensemble du continent.
Je vous présente à nouveau mes félicitations à l’occasion de votre Jubilé d’or. Nous sommes honorés de la présence du Président Kenyatta à l’inauguration de nos nouveaux bureaux.
J’aimerais maintenant céder la parole au Secrétaire du cabinet, Henry Rotich, pour qu’il présente Monsieur le Président.
Asante sana.