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DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS

Réunions de printemps 2013 de la Banque mondiale et du FMI - 4e Table ronde avec les investisseurs privés - Partenariats public-privé en Afrique : Transformer les opportunités en actions concrètes

19 avril 2013


Makhtar Diop Réunions de printemps 2013 de la Banque mondiale et du FMI - 4e Table ronde avec les investisseurs privés Washington, DC, États-Unis

Tel que préparé pour l'allocution

C’est un grand plaisir pour moi d’ouvrir cette quatrième table ronde. Cela fait quelques années que nous organisons diverses réunions importantes pour établir une base de dialogue stratégique entre secteurs public et privé. Cette réunion va permettre de poursuivre le dialogue entre les délégations africaines et les investisseurs actifs en matière de partenariats public-privé, ou PPP.

Succès récents

Comme nous le savons tous, les économies africaines traversent actuellement une période de croissance et de développement sans précédent. Abstraction faite de l’Afrique du Sud, les pays d’Afrique subsaharienne ont vu leurs économies progresser de près de 6 % en 2012 (5,8 %, très exactement), perpétuant ainsi plus de dix années de croissance à un rythme supérieur à 5 %, même si l’on tient compte du creux intervenu en 2009 sous l’effet de la crise mondiale.

L’Afrique a connu des taux de croissance sous l’effet de l’augmentation des prix des produits de base, mais aussi à la faveur d’améliorations en matière de gouvernance et de gestion macroéconomique. Ces améliorations ont également contribué à faire de l’Afrique un point d’attraction pour les investissements. Les apports d’investissement direct étranger viennent s’ajouter aux niveaux d’épargne plutôt limités dont dispose l’Afrique pour venir gonfler ses volumes d’investissement, qui sont ainsi passés d’un niveau inférieur à 16 % du PIB en 1997 à plus de 22 % l’an dernier.

Faire face aux enjeux à venir

L’enjeu majeur pour les pays africains consiste à faire en sorte que cette croissance se traduise par des emplois, ce qui exige pour eux de mettre l’accent sur les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, notamment l’agriculture et l’agro-industrie, les industries légères et les services. Il existe beaucoup d’éléments qui entravent la réalisation de taux de croissance supérieurs et la création d’emplois.

Je veux parler aujourd’hui de deux d’entre eux, à savoir le niveau insuffisant de l’offre en infrastructures et le rôle accru que doit jouer le secteur privé pour contribuer à remédier à cela.

Insuffisance de l’offre en infrastructures

La région a accumulé un déficit persistant et préoccupant en matière d’infrastructures, ce qui a entraîné pour elle un important coût économique. On estime par exemple que le coût économique des coupures de courant en Afrique du Sud, en Ouganda et au Malawi représente plus de 5 % du PIB par an. Au total, 30 pays d’Afrique connaissent des interruptions régulières de l’approvisionnement en électricité qui obligent les entreprises privées à réaliser de coûteux investissements dans des générateurs.

S’il est vrai que l’Afrique a une capacité installée de production d’électricité de l’ordre de 80 gigawatts, elle devrait en ajouter 1 gigawatt de plus tous les deux mois, au lieu de tous les ans comme c’est le cas actuellement. Elle dispose pourtant de 45 gigawatts de capacités réalisables sur le plan hydroélectrique, mais le fait que ces ressources soient inégalement réparties et situées loin des centres économiques empêche à l’heure actuelle la mise en valeur de ce potentiel.

Cela appelle manifestement des solutions à l’échelle régionale. Consciente de ce besoin, la Banque mondiale a entrepris de collaborer avec ses pays membres dans la région pour mettre au point et en œuvre des projets à fort effet transformateur, en particulier dans le domaine de l’électricité. Citons deux exemples : les projets d’énergie indépendante basés sur des centrales au gaz pour le Nigéria, et le projet hydroélectrique de Mphanda Nkuwa au Mozambique, d’un montant de 4,5 milliards de dollars.

Dans le même ordre d’idée, des infrastructures peuvent aussi s’avérer nécessaires dans des secteurs donnés. En agriculture, par exemple, l’amélioration de la productivité nécessite des investissements en matière d’irrigation et met également en jeu d’autres besoins en infrastructures — routes rurales, installations de stockage et de chaîne du froid, terminaux logistiques et autres.

Mais dans le même temps où les pays ont un besoin urgent d’infrastructures, la situation de leurs finances publiques est soumise à d’assez fortes contraintes. En dépit des apports croissants d’IDE dans les domaines d’activités liés aux produits de base, les dépenses publiques pour les investissements en infrastructures ont diminué en pourcentage du PIB, tombant d’environ 4 % sur la période 1980-85 à 1,6 % entre 2001 et 2008. Il convient de capter l’investissement privé comme moyen de suppléer le faible niveau actuel des dépenses publiques en infrastructures, en faisant appel à des partenariats public-privé.

Ces partenariats n’ont rien de nouveau pour les pays africains. Un certain nombre de pays ont mené à bien avec succès des projets phares de ce type. Mais le passage à une approche plus programmatique dans l’utilisation des projets de PPP pour combler les vides en matière d’infrastructures a été plus difficile à accomplir.

Actuellement, 5 % seulement des projets d’infrastructures en Afrique font appel à la formule des partenariats public-privé, ce qui constitue le plus faible niveau de toutes les régions du monde.

Je pense qu’il serait utile de se pencher, dans la réunion d’aujourd’hui, sur la question de savoir comment parvenir à cette approche plus programmatique des projets de PPP en améliorant les résultats dans trois domaines clés :

  1. Renforcer l’environnement porteur pour les PPP. L’élaboration d’un cadre de politique générale et sa mise en œuvre sont des impératifs majeurs à cet égard. Mais un aspect qui a posé problème dans cette optique est de faire en sorte que la passation des marchés publics se fasse d’une manière transparente, et que les négociations bilatérales sur des offres spontanées constituent l’exception plutôt que la règle. Il serait utile de discuter de la façon dont on pourrait renforcer encore la mise en œuvre du cadre de politique générale.
  2. Mettre au point une solide réserve de projets qui puissent trouver preneur sur le marché. Bien qu’il y ait eu ces derniers temps un appui croissant de la part des partenaires de développement pour la préparation des projets, un nombre insuffisant de projets pour lesquels la formule de PPP a été retenue aboutissent à un bouclage financier. Il y aurait lieu d’examiner ce qui peut être fait pour rendre ces projets plus bancables et attrayants pour les investisseurs privés.
  3. Mobiliser des capitaux privés à long terme. Bien qu’il y ait un niveau marqué d’intérêt de la part des investisseurs, aussi bien en Afrique qu’ailleurs, des problèmes se posent encore pour ce qui est de concilier la propension au risque des investisseurs institutionnels (tels que les fonds de pension) avec les risques inhérents à la mise en place d’infrastructures. Il serait utile de discuter de la façon dont on peut mieux structurer les transactions (en particulier durant la phase risquée de construction) dans le but de mieux affecter la part de risques aux investisseurs qui sont le plus disposés et aptes à assumer et gérer ces risques.

Observations finales

Il est clair que le moment est venu de faire un effort majeur pour accroître le recours aux partenariats public-privé en Afrique. Cela va nécessiter une meilleure coordination, et je voudrais que nous saisissions l’occasion de cette réunion d’aujourd’hui et du forum de collaboration qui s’offre à nous pour engager un dialogue actif et concret entre pays, promoteurs de projets et investisseurs potentiels, sans oublier les organisations régionales et les partenaires de développement.

Du côté du Groupe de la Banque mondiale, nous sommes prêts à jouer le rôle qui nous revient pour renforcer l’impact des formules de PPP et travailler à l’étape suivante du développement de l’Afrique, marquée par un nouvel ensemble d’opportunités pour les investisseurs africains et une véritable transformation de cette région.

Je vous remercie.

 



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