I. Introduction: l'arrogance fait place à l'humilité
George Bernard Shaw a prononcé ces mots devenus célèbres : « Même si tous les économistes étaient mis bout à bout, ils n'atteindraient pas une conclusion ».
Lorsque l'on analyse les causes et le déroulement de la crise la plus grave qui ait ébranlé l'économie mondiale depuis la Grande Dépression, on est en droit de se demander si l'on a péché par manque de conclusions ou par excès de certitudes.
Aujourd'hui, je vais m'efforcer de vous persuader que la science économique — surtout l'économie du développement — doit élargir la portée des questions qu'elle se pose afin de mieux relever les défis de notre époque. Elle doit aider les responsables de l'action publique à résoudre les problèmes complexes et multiformes auxquels ils sont confrontés.
Elle doit mettre à profit l'attention particulière qu'elle a consacrée récemment aux données empiriques — ce dont nous nous félicitons —, mais ne doit pas se contenter de recueillir des informations dans des domaines étroits.
Elle doit s'efforcer de mieux appréhender l'expérience des pays émergents les plus prospères, non pas à l'aide de modèles imposés, de canevas ou de prescriptions, mais en enquêtant, en coopérant et en s'ouvrant à l'extérieur.
II. Sommes-nous outillés pour résoudre les questions urgentes de notre époque ?
La science économique a beaucoup contribué à notre connaissance du monde, mais elle se trompe parfois. Il lui arrive même de s'égarer de façon spectaculaire, comme on l'a constaté à l'occasion de la crise récente : de mauvaises idées ont donné de mauvais résultats dont nous payons encore le prix.
Le prix Nobel d'économie a été attribué à de nombreux lauréats éminents, mais aussi à des personnes dont la fascination pour les modèles mathématiques reposait sur des hypothèses hasardeuses et irréalistes au sujet de l'humanité. Comme l'a fait remarquer un excellent physicien, le prix Nobel de physique récompense ceux qui obtiennent des résultats corrects, alors que le prix Nobel d'économie est souvent décerné à ceux qui se montrent brillants.
Les théories modernes du portefeuille, basées sur ces modèles, prétendaient maîtriser l'incertitude qui imprègne le monde. Cette arrogance s'est muée en humilité sous l'effet de la crise des prêts hypothécaires à risque de 2007, à l'origine de la crise économique mondiale. Une banque d'affaires a subi, pendant plusieurs jours consécutifs, des pertes qui, selon son propre modèle de risque, n'avaient de chances de se produire qu'une fois durant 14 fois la durée de vie de notre univers.
Comme les empires, les théories économiques prospèrent puis dépérissent. La science économique fait souvent montre d'une assurance péremptoire similaire à celle des sciences sociales, tout en nourrissant des ambitions scientifiques. Récemment, toutefois, elle a renforcé sensiblement ses liens avec deux autres disciplines, la psychologie et l'histoire. Il y a lieu de s'en féliciter.
L'économie du développement — une discipline spécialisée visant à définir les moyens de promouvoir le développement — a introduit dans la science économique une solide dose de marottes et de modes. Comme tout grand créateur, la Banque mondiale a contribué à ces modes.
Dans les années 50, c'est-à-dire durant les premières années des travaux de reconstruction et des projets d'ingénierie de la Banque mondiale, la mission du Département économique de l'institution était relativement restreinte : effectuer des études de faisabilité financière au sujet des projets. Le directeur adjoint du département, Paul Rosenstein-Rodan, chercha toutefois à conceptualiser la question du développement en élaborant la théorie du « Big Push » (forte impulsion) selon laquelle le développement dépendait de l'expansion simultanée des divers secteurs des économies nationales — cette expansion créant une demande pour la production de tous les secteurs. Peu après, certaines économies d'Asie de l'Est sont parties en flèche sur la base d'une croissance « plus étroite » tirée par les exportations.
C'était aussi l'époque où des spécialistes de l'économie du développement avançaient l'hypothèse selon laquelle les pays en développement « décolleraient » une fois qu'ils disposeraient des capitaux nécessaires pour mettre à profit leur main-d'œuvre sous-employée. Pour sa part, l'Union soviétique avait apparemment résolu le problème grâce à l'« épargne forcée ». S'agissant du tiers-monde, certains ont alors fait valoir que l'aide étrangère pouvait combler le « déficit d'épargne ».
Dans les années 60, la Banque mondiale a accru le nombre de ses études et élargi ses domaines de recherche. Durant la décennie 1970, elle s'est efforcée de mieux comprendre les causes de la pauvreté et de trouver des formules permettant de réduire ce fléau, en concentrant son attention sur les zones rurales. Comme l'a fait remarquer un historien, la Banque commençait à ressembler davantage à un organisme de développement qu'à une banque.
En 1972, Hollis Chenery devint le premier économiste en chef de la Banque. Influencé en partie par Simon Kuznets — qui avait reçu le prix Nobel en 1971 pour son interprétation empirique de la croissance et du développement —, il a élaboré le premier programme de recherche quantitative de la Banque basé sur une grande quantité de données.
Dans les années 80, la recherche s'est tournée vers les questions touchant aux incitations commerciales, au juste prix, à l'énergie et aux ajustements macroéconomiques.
Les questions relatives à l'environnement et à la parité des sexes ont fait leur apparition dans le programme de recherche de la Banque mondiale à la fin des années 80. La réforme des économies socialistes et le problème du sida sont devenus des domaines d'étude particuliers après 1989, époque à laquelle la Banque consacra aussi ses premières analyses au « miracle de l'Asie de l'Est ». La pauvreté, les inégalités et la corruption sont devenues à nouveau des sujets de recherche au cours des années 90.
Depuis le début des années 2000, une grande attention est portée aux pays émergents, notamment la Chine et l'Inde, ainsi qu'à leur influence sur l'économie mondiale et au rôle joué par l'infrastructure et l'agriculture — deux secteurs qui ne faisaient plus l'objet de financements depuis de nombreuses années. Il en est de même des problèmes des États fragiles, dont les carences institutionnelles favorisent les conflits et posent des problèmes de développement particuliers.
Ces travaux sont impressionnants et j'admire les efforts déployés pour mieux comprendre le développement même si les temples du savoir s'écroulent souvent à l'épreuve de la réalité.
Il convient néanmoins de se demander ce que l'économie du développement nous a apporté et si elle nous est utile.
Déjà avant la crise, les paradigmes prédominants étaient remis en question et il semblait nécessaire de repenser l'économie du développement. La crise n'a fait que renforcer ce sentiment.
Certes, d'importants progrès ont été accomplis durant les dernières décennies, aussi bien en matière de santé que d'éducation et de lutte contre la pauvreté. Dans les pays en développement, la proportion d'habitants vivant dans la pauvreté extrême a diminué de plus de moitié en 25 ans à compter de 1980 ; les taux mondiaux de mortalité infantile ont été réduits de près de 50 %.
Pour autant, les progrès sont inégaux. Les pays sont découragés par l'insuffisance des progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement pour le Millénaire (ODM), un bon outil d'évaluation des progrès réalisés. La majeure partie de la réduction de la pauvreté s'est produite en Asie de l'Est et du Sud et en Amérique latine. L'ODM consistant à réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté à l'horizon 2015 sera atteint, mais, bien que des améliorations importantes aient été enregistrées récemment, l'Afrique subsaharienne accuse encore du retard. Les progrès sont encore plus inégaux au niveau des pays : seulement 45 des 87 pays pour lesquels on dispose de données ont déjà atteint l'objectif relatif à la pauvreté ou sont bien placés pour l'atteindre.
La crise, en outre, a fait ressortir d'autres changements aux effets encore plus larges.
Tout en progressant sur le chemin de la reprise économique, de nombreux pays s'interrogent sur ce qu'ils considèrent comme le « piège du revenu intermédiaire » : ils craignent que la poussée de croissance initiale ne s'essouffle et qu'il leur faille attendre de nombreuses années et subir de pénibles revers avant de pouvoir rejoindre les rangs des pays à revenu élevé.
Les succès de la Chine et d'autres pays ont soulevé des questions sur le rôle de l'État. Quelle est sa mission véritable? Doit-il être un facilitateur? Un arbitre chargé de faire respecter des règles équitables et bien définies?
Un investisseur? Un propriétaire? Son rôle est-il de désigner des vainqueurs? De donner aux citoyens les moyens d'agir
Une grande partie des populations pauvres ne bénéficie pas encore des avantages de la mondialisation et des réformes. Beaucoup considèrent que les politiques économiques préconisées par les tenants du « Consensus de Washington » sont incomplètes et négligent les questions institutionnelles, environnementales et sociales ou laissent à désirer comme principes directeurs.
D'autres font valoir que la mise en œuvre de politiques économiques « orthodoxes » aide les pays en développement à surmonter la crise. Ils ajoutent que certains pays développés se sont écartés de l'orthodoxie financière et budgétaire à leurs risques et périls.
III. Un nouveau monde multipolaire a besoin d'un savoir multipolaire.
Au-delà de la remise en cause des anciennes hypothèses, des changements plus complexes sont en cours.
Les plaques tectoniques de la sphère économique s'étant déplacées, les paradigmes doivent évoluer aussi.
Les pays émergents constituent maintenant des variables majeures de l'équation de la croissance mondiale. Le monde en développement devient un des moteurs de l'économie planétaire. Une grande partie de la reprise des échanges mondiaux est due à la forte demande d'importations des pays en développement. Sous l'impulsion des pays émergents, ceux-ci représentent maintenant la moitié de la croissance mondiale et jouent un rôle prédominant dans le redressement du commerce.
On observe une tendance similaire dans le domaine du développement, où les pays en développement jouent un rôle important aux côtés des partenaires de développement traditionnels. Non seulement ils participent aux activités d'aide, mais, surtout, ils deviennent des partenaires commerciaux de premier plan ainsi que des sources d'investissement et de connaissances. Leur expérience est précieuse.
Or, les prescriptions économiques ont trop longtemps circulé à sens unique. Une nouvelle économie multipolaire a besoin d'un savoir multipolaire.
Tandis que disparaît le concept désuet de tiers-monde, les pays développés doivent s'ouvrir à la concurrence en matière d'idées et d'expériences.
Les connaissances ne circulent plus simplement du nord au sud, de l'ouest à l'est, des riches vers les pauvres.
Les économies qui montent en puissance apportent de nouvelles méthodes et de nouvelles solutions : l'Inde fournit des conseils à l'Afrique en matière de production laitière ; la Chine s'inspire des méthodes fondées sur un développement de proximité mises en œuvre avec efficacité au Ghana et au Nigéria ; les États-Unis cherchent à apprendre de l'expérience de la Chine dans le secteur des trains à grande vitesse ; et, pour la première fois depuis la création de la Banque mondiale il y a 66 ans, l'économiste en chef de l'institution est originaire d'un pays en développement : il s'agit de Justin Yifu Lin, qui a fréquenté les universités de Beijing et de Chicago.
Les analyses pertinentes exposées par Justin à l'occasion des conférences Marshall qu'il a données à l'université de Cambridge en 2007 — sur la question de savoir pourquoi tant de pays ne parviennent pas à se développer — illustrent l'influence nouvelle d'une réflexion basée sur des expériences plus diverses.
Il n'est plus question de « consensus de Washington ». Il n'est pas possible d'appliquer à l'ensemble du monde une économie politique conçue dans une seule ville. Il s'agit d'observer les expériences qui donnent de bons résultats — à New Delhi, à Sao Paolo, à Beijing, au Caire ou à Accra. L'expérience peut certes aboutir à un consensus, mais celui-ci doit être fermement ancré et largement soutenu.
IV. L'économie du développement s'est-elle égarée ?
L'économie du développement traite-t-elle aujourd'hui des problèmes les plus importants auxquels sont confrontés les pays en développement ou s'est-elle égarée ?
Je dois vous faire un aveu : je ne suis pas économiste. Alors, de quoi se mêle-t-il, direz-vous.
Pourquoi ouvrir cette boîte de Pandore ?
Pour la simple raison que les responsables de l'action publique se réfèrent à la science économique et que les décideurs des pays en développement s'appuient encore plus sur l'économie du développement. C'est important.
J'ai suivi mon premier cours d'économie du développement en 1973, une année de turbulences économiques marquée par l'embargo pétrolier des pays arabes, peu après la chute du système de taux de change de Bretton-Woods. Comme certains d'entre vous peut-être, j'étais attiré par l'économie du développement parce que cette discipline semblait importante pour quiconque s'intéressait aux relations internationales, au fonctionnement de la croissance économique et aux politiques publiques. Après tout, comme d'autres l'ont fait remarquer avant moi, les économistes classiques de la période allant du XVIIe siècle au début du XIXe ont eux aussi écrit sur la question du développement même si les universitaires n'ont formalisé cette discipline que beaucoup plus tard.
Depuis cette époque, les politiques publiques ont toujours été mon principal sujet d'intérêt. Dans mon cas, cette expérience s'est traduite par un mélange d'histoire, d'économie, d'histoire économique, de finance, de droit, de politique, d'administration et de psychologie. Elle m'a permis de me rendre compte de la complexité de notre monde. La pratique m'a rendu quelque peu sceptique à l'égard des grands concepts et méfiant vis-à-vis de l'ingénierie sociale. J'ai regardé avec inquiétude la science économique passer de l'économie politique à la théorie « pure ».
Je respecte les travaux universitaires, j'aime consulter de nouvelles études et j'ai tiré profit d'échanges enrichissants avec les universitaires au fil des années.
La science économique a créé chez moi le besoin de voir les résultats concrets de la recherche et de l'acquisition de connaissances. Je ne doute pas que beaucoup d'entre vous, dans cette grande université, éprouvent le même besoin.
Peut-être est-il donc permis à un non spécialiste de poser quelques questions sur la recherche au nom d'autres responsable de l'action publique.
Et pourrait-on imaginer un meilleur forum que Georgetown University pour tenter de marier la théorie à l'action publique ?
Je vous pose donc cette question : avons-nous navigué de fausse certitude en fausse certitude ?
Les déceptions causées par les grandes théories du développement ont-elles provoqué une réaction excessive, une retraite dans les laboratoires et dans de très petits foyers de développement ?
Au cours des dix dernières années, en même temps que s'affirmait le sentiment qu'il n'existe pas de recette simple pour promouvoir le développement, l'attention s'est tournée vers une recherche ayant une base plus empirique. Il faut se féliciter de cette évolution, très positive. Il y a 30 ans, Deng Xiaoping, autre praticien de l'économie du développement, recommandait d'émanciper l'esprit pour extraire la vérité des faits. Deux-cents ans plus tôt, le philosophe britannique David Hume écrivait qu'un homme sagace ne doit pas avoir de croyances plus intenses que ne l'autorise l'observation.
Toutefois, les considérables séries de données et d'outils d'analyse maintenant disponibles sont-elles bien conçues pour apporter des réponses aux questions les plus pressantes auxquelles sont confrontés les dirigeants des pays en développement, leurs conseillers, les investisseurs ?
Où bien servent-elles plutôt à tracer les contours d'un monde défini par l'étude approfondie de villages soigneusement sélectionnés, sans liens les uns avec les autres ?
Trop souvent, la production par les travaux de recherche de résultats intéressant les responsables de l'action publique semble être un sous-produit fortuit de cette recherche plutôt que son objectif initial.
Trop souvent les économistes poursuivant des travaux de recherche semblent ne pas s'attaquer en premier lieu aux principales lacunes au niveau des connaissances auxquelles se heurtent les praticiens du développement mais plutôt rechercher des questions auxquelles ils peuvent répondre avec les outils qui ont la faveur du moment.
Les grandes questions qui se posent aux responsables de l'action publique sont extrêmement complexes. Les travaux de recherche que nous menons actuellement sont-ils trop étroitement ciblés — trop peu validés en dehors de l'institution et trop difficilement applicables à une plus grande échelle — pour fournir les éléments d'appréciation dont ont besoin les décideurs ?
Je pense que nous devons adopter une démarche plus pratique — une démarche plus résolument axée sur les importantes lacunes qui caractérisent nos connaissances en matière de politique de développement.
Une approche adaptée aux besoins des responsables de l'action publique et des praticiens — conçue dès le départ dans ce but et non pas après coup, dans le prolongement des travaux des théoriciens.
Une approche qui ouvre grand les portes à tous ceux qui ont une expérience concrète.
V. Un nouveau regard sur les idées reçues
Sommes-nous devenus prisonniers de nos idées reçues ? Nos certitudes nous aveuglent-elles au point de nous empêcher de voir les opportunités qui se présentent ? La question mérite d'être posée ?
L'expérience que l'on a du développement montre qu'il n'existe pas de panacée. Nous avons parcouru un long chemin depuis les années 60 et l'arrogance qui caractérisait la science économique, sa foi dans les réglages de précision de type keynésien et dans l'allocation des capitaux, où sa conviction que la pauvreté pouvait être surmontée par la construction de cités modèles et par l'ingénierie sociale, le tout dans le cadre d'un plan dûment organisé par des économistes du monde développé.
Le fait que ces idées ne sont maintenant plus jugées crédibles marque un progrès. Nous ne pouvons toutefois pas nous en tenir là. Nous devons poursuivre encore plus loin l'idée qu'il n'existe pas de panacée.
Oui, il existe des principes de base que nous pouvons suivre : la conviction du bien-fondé des droits de propriété ; du droit des contrats ; du recours aux marchés ; de la nécessité de fournir de bonnes incitations ; des avantages de la concurrence au sein d'une économie et entre pays ; de l'importance de l'éducation ; de la stabilité macroéconomique — mais l'histoire économique est peut-être plus instructive à ces égards que les modèles économiques.
Comme le montrent les rapports « Doing Business » de la Banque mondiale, les entreprises de petite taille et de taille intermédiaire peuvent prospérer dès lors qu'un cadre porteur existe, qui encourage l'esprit d'entreprise, au lieu de le bloquer ou de le brider.
Au-delà des principes fondamentaux, l'expérience suggère que nous pourrions devoir considérer des approches stratégiques différenciées.
Les politiques qu'il convient d'appliquer — par exemple la recherche d'une croissance tirée par les exportations par opposition à la demande intérieure ou le recours à différents types d'innovation selon la proximité à laquelle se trouvent les entreprises des frontières technologiques — peuvent différer selon la phase de développement.
Les politiques qu'il convient d'appliquer à présent peuvent être différentes de ce qu'elles étaient dans les années 70 en raison des transformations induites par l'internet et l'importance croissante des chaînes d'approvisionnement dans les transactions internationales
Les politiques qu'il convient d'appliquer dans le domaine de la réglementation financière peuvent différer selon la phase de développement — celles qui peuvent assurer une protection dans un contexte peuvent être un joug dans un autre.
Mais avant tout, il nous faut honnêtement admettre ce que nous ne savons pas. Les lacunes dans nos connaissances qui nous empêchent de progresser.
VI. Ce que nous avons besoin de savoir maintenant
Pour lancer la réflexion et sur la base de l'examen interne de nos propres programmes de développement, je dirais que quatre problématiques méritent d'être étudiées plus avant. Cette liste n'est pas exhaustive – d'autres contribueront au débat – mais elle constitue un point de départ.
Assurer les conditions d'une transformation
Premièrement, il nous faut mieux comprendre la manière dont s'opère la transformation de l'économie. Pourquoi certains pays parviennent-ils à afficher une croissance soutenue alors que d'autres semblent condamnés à la misère ?
La Commission sur la croissance présidée par Michael Spence, théoricien et praticien du développement, a identifié 13 pays qui ont maintenu un taux de croissance économique élevé sur une période de 25 ans. Pourquoi ces pays sont-ils si peu nombreux ?
Comment les pays transforment-ils leur économie pour réduire radicalement la pauvreté, créer des emplois, stimuler les investissements tant intérieurs qu'étrangers -- et, à la longue, améliorer les salaires et les conditions de vie, accroître les opportunités, encourager l'innovation, protéger les groupes vulnérable et absorber les chocs d'origine naturelle ou économique ?
Les pays opérant dans une économie mondiale, les modèles de développement peuvent varier en fonction de l'évolution du contexte global.
Il nous faut mieux comprendre le processus suivant lequel la structure d'une économie évolue.
Il ne s'agit pas seulement du processus qui transforme une économie agricole en économie industrielle, et, à la longue, en économie de services.
Il nous reste beaucoup à apprendre, au sein même du secteur agricole, industriel ou tertiaire, sur le processus d'amélioration de la qualité des biens et des services, sur ce qui détermine le dynamisme économique d'un pays et sur ce qui contribue à assouplir la structure de son économie.
Dans le cadre de ses travaux de recherche novateurs, Paul Collier a examiné la manière dont la gouvernance d'un pays peut permettre d'éviter la « malédiction des ressources naturelles » ou, mieux encore, de faire d'une position compétitive dans le secteur des ressources ou des produits primaires le fondement d'une croissance solidaire et durable.
Ces questions ne relèvent pas uniquement des politiques publiques ; elles concernent également la politique commerciale et le comportement des entreprises.
Nous devons éviter les raisonnements rigides qui brident la curiosité intellectuelle. Dans quasiment toutes les économies, les marchés, le secteur privé et l'État interagissent. Le plus important est de déterminer de quelle manière ils devraient le faire, à quelles fins, et de connaître les coûts et les avantages de ces interactions non seulement au plan économique, mais aussi au plan social.
Je maintiens qu'un marché compétitif est un mécanisme fondamental d'allocation des ressources dans une économie. Mais les marchés peuvent être défaillants. Les États aussi – en particulier lorsqu'ils ne sont pas en mesure de corriger les défaillances des marchés. La bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l'état de droit jouent un rôle important, et la gouvernance déborde le cadre de la simple efficience économique.
Ces questions relèvent de l'économie politique.
La plupart des gouvernements, qu'ils l'admettent ou non, tentent de promouvoir l'industrie d'une manière ou d'une autre – directement ou via la politique fiscale, des subventions, des incitations, des protections, des concours ou divers autres instruments. Les mesures de ce type alimentent de vives controverses, mais font rarement l'objet d'une évaluation sérieuse et rigoureuse. Il est urgent d'entreprendre de nouvelles recherches pour évaluer ces politiques, qu'elles soient de grande envergure ou qu'elles s'appliquent à des secteurs ou des entreprises spécifiques.
Élargir les opportunités
Deuxièmement, nous devons chercher à mieux comprendre comment l'accès aux opportunités économiques peut être élargi pour assurer un développement solidaire et durable de manière à ce que les sociétés puissent tirer parti de la créativité et de l'énergie de tous leurs membres. Nous devons mieux comprendre les obstacles à l'amélioration de la prestation de services et à l'élargissement de l'accès aux financements des populations pauvres.
Comment pouvons-nous aider les jeunes à apprendre — et les moins jeunes à continuer de le faire ? Quel est le meilleur moyen d'établir des passerelles entre l'éducation et l'emploi, et entre l'emploi et le développement du savoir-faire ;
J'ai vu le processus de développement retardé par le manque d'accès des pauvres aux marchés et aux financements. De nombreuses petites entreprises ne peuvent obtenir des crédits, les particuliers ne peuvent pas utiliser leurs biens mobiliers à titre de gage, il n'y a pas de concurrent qui pourrait faire baisser les prix. C'est d'un renforcement — et non d'un affaiblissement —du rôle du marché dont les communautés pauvres ont besoin, pour avoir plus d'opportunités. Mais comment gérer les risques que les marchés génèrent inévitablement ? Comment aider les membres des communautés à gérer le changement ?
Pour répondre à ces questions il nous faut approfondir certains points pour comprendre les interventions qui ont le plus d'impact ; pourquoi des programmes similaires donnent de meilleurs résultats dans certains pays que dans d'autres ; et quelles sont les rôles respectifs d'une bonne gouvernance, de la transparence, de la concurrence dans le secteur privé et de la participation des citoyens.
L'élargissement des opportunités a également d'importantes dimensions régionale et mondiale.
Comment pouvons-nous assurer un processus plus solidaire d'intégration à ce double niveau?
La crise économique a provoqué la contraction annuelle des échanges mondiaux la plus forte observée en 60 ans. De nombreux pays en développement — en partie sur les conseils de la Banque mondiale — ont fait de l'intégration mondiale un élément clé de leur stratégie de croissance. Le modèle de transformation par une croissance tirée par les exportations — adopté comment le sait par un certain nombre de pays d'Asie de l'Est — continuera-t-il de produire des résultats, en particulier si l'on considère l'évolution de la situation de la dette et de la structure démographique dans les pays développés, et les capacités exceptionnelles de la Chine dans le domaine des industries manufacturières ?
La situation actuelle ne laisse-t-elle pas présager que le croissance sera entraînée par la demande intérieure ou l'intégration régionale — et se heurtera à des obstacles différents, comme la nécessité d'améliorer la productivité agricole, de stimuler la demande locale et de construire des infrastructures régionales ?
Nous devons prêter plus d'attention à la contribution que peut avoir le secteur privé pour que l'intégration internationale produise des résultats au niveau mondial.
Dans les années 00, les entrées d'investissements étrangers directs (IED) étaient la principale source de capitaux des pays en développement et constituaient un support crucial aux transferts de technologie dans les entreprises des pays en développement.
Quelles sont les politiques qu'il convient de suivre pour attirer et maintenir les IED, tout en accroissant les opportunités d'investissements intérieurs, de manière à ce que les populations locales profitent de l'activité économique et y participent ? Les activités menées dans le cadre du secteur privé par l'IFC ont permis de fournir des éléments d'information pour les travaux de recherche économique en ces domaines, et suggèrent qu'il existe des possibilités de renforcer la coopération entre le secteur privé et le secteur public. Cette question revêt une importance cruciale pour l'Afrique, qui doit encourager les entrées d'investissements étrangers, constituer une épargne intérieure, établir des marchés des capitaux locaux et promouvoir les investissements intérieurs.
Faire face aux risques et aux vulnérabilités
Troisièmement, nous devons comprendre comment relever les nouveaux défis mondiaux qui consistent à faire face aux risques auxquels sont exposés les économies et les populations. Notre monde est plus dangereux que beaucoup ne le pensent.
Une grande partie de la population du monde en développement continue d'être particulièrement vulnérable aux chocs.
Les risques vont des catastrophes naturelles aux pandémies sanitaires, aux guerres et aux troubles civils, aux chocs exercés par le niveau des prix du pétrole et des denrées alimentaires, et aux crises économiques régionales et mondiales. Le changement climatique exacerbe encore ces risques.
Nos clients ont besoin de stratégies de protection sociale efficaces et d'un coût abordable pour contrer les nouveaux risques environnementaux, faire face aux vulnérabilités du secteur financier et gérer les risques macroéconomiques créés par la mondialisation.
À ce jour, l'attention a davantage porté sur les risques financiers que sur les risques humains. Nous devrons remédier à ce déséquilibre.
Nous avons besoin de poursuivre les recherches sur les moyens de réduire les conflits et de stabiliser les États fragiles — par le biais d'une stratégie intégrant mesures de sécurité, gouvernance et politiques de développement ; c'est le thème du prochain Rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale. Nous devons poursuivre les recherches sur les questions de parité hommes-femmes ; c'est le thème du rapport suivant.
Même les pays qui obtiennent de bons résultats peuvent fortement déraper par suite d'événements naturels qui sont imprévisibles, séparément, mais prévisibles, collectivement. Nous avons besoin de davantage de données et d'analyse climatiques et hydrologiques pour calibrer les systèmes d'alerte rapide en cas de sécheresse ou d'inondation ; et de davantage d'instruments d' « assurance » financière pour appuyer des phases de reprise bien précises tout en évitant de dangereux replis macroéconomiques.
Nous avons besoin de plus amples analyses portant sur la sécurité alimentaire, la croissance de la productivité agricole, les variétés de semences améliorées et une agriculture mieux à même de résister au changement climatique alors même que nous nous apprêtons à nourrir les trois milliards d'être humains supplémentaires que comptera la planète à l'horizon 2050.
Savoir ce qui donne de bons résultats
Quatrièmement, nous devons déterminer ce qui donne de bons résultats : il nous faut établir un programme de recherche axé sur l'obtention de résultats concrets. Pour ce faire, nous devrons collecter de plus amples informations afin d'évaluer l'efficacité des actions de développement, notamment de l'aide.
Comment les prêts et l'aide au développement peuvent-ils renforcer l'adhésion et la participation des populations locales ; tirer parti des savoirs locaux ; associer de plus larges pans de la société ; faire que le développement ne soit plus l'affaire d'une élite ; renforcer la concurrence ; et faciliter l'accession à la propriété ? Comment pouvons-nous combiner la fourniture de services publics avec l'offre de financements et de services privés ?
L'aide et les prêts, qu'ils soient de source publique ou privée, ne sont pas les principaux acteurs du développement. Le premier rôle revient à la population et au gouvernement du pays concerné.
Dans le domaine de l'économie du développement, il convient d'accorder beaucoup plus d'attention à l'évaluation des résultats.
Les clients de la Banque mondiale ont besoin d'une telle évaluation, les actionnaires l'exigent et, sans elle, l'économie appliquée du développement ne pourra pas porter ses fruits.
VII. De la tour d'ivoire à un nouveau modèle de recherche : ouvrir l'accès aux données, aux connaissances et aux solutions
Qu'est-ce que cela signifie pour la Banque mondiale ?
Rien moins qu'appliquer un modèle entièrement nouveau donnant libre accès aux données, aux connaissances et aux solutions.
Grâce à cette initiative, tout un chacun, depuis l'agent sanitaire de village jusqu'au chercheur, pourra consulter la riche base de données et de connaissances accumulées par la Banque mondiale.
Les économistes de la Banque mondiale sont à l'avant-garde de la recherche sur l'évaluation de la pauvreté et des inégalités, et leurs travaux notateurs sur la prestation des services d'éducation et de santé ont changé la manière dont nous appréhendons ces questions.
Par ses études, la Banque contribue activement à la réflexion sur la mondialisation et ses effets ; sur la relation entre croissance et pauvreté ; sur l'évaluation des politiques et des programmes ; et sur l'analyse de l'efficacité de l'aide.
Pourtant, on nous reproche aussi la manière dont ces recherches sont parfois utilisées pour promouvoir certaines idées au nom des principes de la Banque, sans toujours considérer les données d'observation de façon objective ou faire preuve de suffisamment de scepticisme. Et comme de nombreux travaux de recherche, les analyses de la Banque manquent souvent de transparence pour le simple citoyen – surtout pour ceux qui seront le plus touchés par les politiques publiques élaborées à partir de ces analyses.
Aujourd'hui, la Banque demeure la principale base de connaissances sur le développement. Mais ces connaissances doivent être mises à la disposition de tous.
Dans un monde où il n'existe pas de cadre de réflexion unique et universel ;
Dans un monde où les connaissances théoriques doivent être liées à la pratique ;
Dans un monde où les économies en développement ont autant à apporter que les économies développées ;
Nous devons démocratiser et démystifier l'économie du développement sachant que nous n'avons pas le monopole des réponses.
Nous devons ouvrir grand les portes, conscients que d'autres peuvent trouver et créer leurs propres solutions. La révolution de la recherche ouverte a commencé.
Nous devons reconnaître que le savoir en matière de développement n'est plus l'apanage du chercheur ou de l'universitaire ni l'exclusivité de la tour d'ivoire. C'est aussi l'affaire de l'agent sanitaire du Chiapas qui enregistre ses résultats ; c'est l'affaire de l'administrateur local qui affiche le budget de l'école sur la porte de la salle de classe pour que les parents puissent se plaindre du manque de moyens pour leurs enfants ; c'est l'affaire du ministre, de l'académicien, du statisticien et de l'entrepreneur qui confrontent leur analyse de l'impact des incitations.
La construction de ce savoir passe par la connaissance de domaines tels que l'économie politique, la gouvernance ou la transparence, et la reconnaissance que tous ces domaines sont pertinents et qu'aucun ne doit être exclu du champ de recherche.
Dans ce nouveau contexte, les chercheurs doivent savoir faire preuve de discernement, mais aussi oser innover.
Nous devons avoir une envergure mondiale doublée d'une sensibilité locale.
Nous devons rester humbles face à des problèmes dont la complexité exige de conduire des observations, des essais ou des expérimentations – et si, malgré les bonnes intentions et un engagement résolu, certaines initiatives ne donnent pas de bons résultats, il faut avoir l'honnêteté de le reconnaître.
Nous devons travailler avec des spécialistes dans différents domaines : histoire économique, administrations publiques, économie politique, anthropologie, psychologie, voire des disciplines scientifiques, telles que la physique et la biologie.
Surtout, nous devons aller au-delà d'un modèle de recherche destinée à « l'audience étroite d'une élite ».
Le modèle ne peut plus seulement être celui du chercheur qui étudie un problème particulier et rédige une étude à ce sujet dans l'espoir que quelqu'un la lira. Le nouveau modèle doit viser une « large audience » et opérer en réseau. Il doit mettre l'information et le savoir de plus en plus à la portée de tous en leur donnant les outils qui leur permettent de conduire leurs propres recherches économiques.
Avec ce modèle de recherche en réseau, chacun peut contribuer à la collecte et à la diffusion de données qui font aujourd'hui cruellement défaut. Il nous faut davantage de données de base sur différents pays et différentes périodes dans les domaines de la santé, de l'éducation, des infrastructures et de la parité hommes-femmes. Il nous faut des informations plus nombreuses et plus fiables sur les finances publiques, en particulier à l'échelon infranational, d'une importance cruciale pour améliorer la gouvernance. Il nous faut tirer parti des connaissances et de l'expérience du plus grand nombre pour déterminer si, dans les grands domaines de l'action publique, la théorie cadre avec les faits.
C'est dans cette direction que je souhaite orienter la Banque mondiale. Il s'agit de démocratiser l'économie du développement. Ainsi, nous changerons à tout jamais la manière dont nous menons les recherches dans ce domaine.
La Banque s'engage dans cette voie.
Au printemps dernier, nous avons lancé l'initiative Libre accès aux données qui met à la disposition du public – à titre gratuit – plus de 2 000 indicateurs sur plus de 200 pays. Ces indicateurs se rapportent à différents domaines (finances, économie, entreprises, santé et développement humain) et, pour certains d'entre eux, couvrent plusieurs décennies. Nous collaborons avec des sociétés de recherche sur l'internet, comme Google, pour assurer que ces données touchent un public plus large et diversifié et offrent davantage la possibilité à un plus grand nombre de personnes d'échanger des idées nouvelles.
Nous nous attachons à rendre l'emploi des outils d'analyse des données et de modélisation plus facile pour que les chercheurs, la société civile et les communautés locales puissent parvenir à leurs propres conclusions et les comparer aux nôtres.
Imaginez la scène : Dans un village, une personne travaillant comme agent sanitaire ou une mère d'élève accède à partir de son ordinateur portable ou de son téléphone mobile à des données sur le développement en temps réel, au moyen de codes ou de cartes de localisation géographique. Elle peut voir quelles écoles offrent ou non des repas scolaires et se renseigner sur la situation sanitaire locale. Elle peut consulter les statistiques de mortalité infantile des 20 dernières années dans son pays et les pays voisins. Elle peut approfondir ses recherches et comparer son village à d'autres. Elle peut télécharger ses propres données, réfléchir à l'impact que pourraient avoir de nouvelles interventions et mobiliser la collectivité pour exiger des programmes de santé de meilleure qualité ou mieux ciblés.
Le concours « Développeurs au service du développement » (Apps for Development Competition) que nous avons lancé encourage la conception de nouveaux outils et d'applications novatrices permettant d'exploiter les données que nous avons mises en libre accès.
L'entrée en vigueur en juillet dernier de la nouvelle politique d'accès à l'information inspirée par la législation indienne et la loi sur la liberté de l'information aux États-Unis permettra aux responsables publics, aux chercheurs et à la société civile de s'informer sur nos activités opérationnelles et d'en tirer des enseignements pour l'avenir.
L'année dernière, l'Institut de la Banque mondiale qui a pu observer que les solutions donnant les meilleurs résultats sont celles qui sont conçues collectivement par ceux qui se heurtent à des problèmes de développement similaire, a lancé un programme qui permet aux praticiens du monde entier d'échanger leurs expériences face aux grands défis du développement.
Notre plateforme interactive, PovcalNet, donne libre accès aux données de la Banque sur la pauvreté et permet aux usagers de reproduire les calculs de l'institution et d'établir leurs propres estimations sur la base d'hypothèses différentes.
Nous avons mis au point un nouveau logiciel, ADePT, qui doit permettre de générer de manière plus simple et rapide des tableaux et des graphiques types se rapportant à différents domaines de l'analyse économique. ADePT est un logiciel qui peut être téléchargé gratuitement partout dans le monde.
Avec Isimulate, nous avons mis notre modèle web d'établissement de prévisions sur plus de 100 pays à la disposition des usagers à l'extérieur de la Banque. Ces derniers pourront non seulement accéder à nos prévisions, mais aussi établir leurs propres projections et simulations et les partager avec d'autres.
À l'occasion des Assemblées annuelles qui se tiendront la semaine prochaine, nous organiserons pendant deux jours un forum en ligne qui permettra de discuter des grands thèmes de développement traités dans la journée. Nous tiendrons compte de ces échanges dans nos discussions avec les ministres réunis dans le cadre du Comité du développement.
Notre objectif est d'ouvrir l'accès aux données, aux connaissances et aux solutions.
Ces mots ne doivent pas être un simple slogan, mais exprimer un changement radical de la manière de rechercher des solutions aux problèmes de développement, dans une architecture en réseau où nul ne domine et où chacun peut contribuer.
VIII. Conclusion
Ce que la crise économique mondiale nous a appris – en nous infligeant la plus rude des leçons – c'est à remettre en cause certains présupposés. La crise a mis en lumière la montée en puissance des pays en développement. Elle a souligné les conséquences des politiques publiques – pour les pays développés et pour les pays en développement.
Il est devenu possible, et certainement urgent, de dynamiser l'économie du développement. Les logiciels ont apporté de nouveaux outils ; l'internet a ouvert de nouvelles voies de communication ; les économies montantes témoignent de nouvelles expériences.
Des questions se posent auxquelles nous devons répondre. Des questions qui n'émanent pas seulement des milieux universitaires, mais des responsables publics, de la société civile, des inventeurs, des entreprises, des agents des organismes d'aide, des ONG et des médias. Des questions qui transcendent les frontières, les continents et les générations.
Nous devons nous tenir à l'écoute et démocratiser l'économie du développement.