Mais trois personnes sur quatre dans les pays à faible revenu en sont toujours privées
WASHINGTON, 7 avril 2025 – Un nouveau rapport de la Banque mondiale présente les progrès réalisés dans le renforcement des systèmes de protection sociale et d’emploi dans les pays à revenu faible et intermédiaire ainsi que les défis qu'il reste à surmonter. Réalisé à partir d'enquêtes administratives et auprès des ménages, il montre qu’au cours de la dernière décennie, et en particulier à la suite de la pandémie de COVID-19, la protection sociale a été étendue à un nombre record de 4,7 milliards de personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Cependant, comme le révèle aussi le Rapport sur l’état de la protection sociale 2025, trois personnes sur quatre dans les pays à faible revenu n’ont toujours pas accès aux services sociaux. Malgré les progrès importants accomplis ces dix dernières années dans l’expansion des systèmes de protection sociale, deux milliards de personnes ne sont pas du tout ou insuffisamment couvertes. Au rythme actuel, il faudra encore attendre 18 ans pour assurer une protection sociale universelle aux personnes vivant dans l’extrême pauvreté.
La protection sociale va bien au-delà des aides directes monétaires ou en nature ; elle consiste aussi en des politiques et des programmes qui remédient aux inégalités touchant aux compétences, aux services financiers et à l'accès à l’information. Les trois piliers de la protection sociale, à savoir les programmes d’aide sociale, d’assurance sociale et pour l’emploi, jouent un rôle crucial en aidant les ménages et les travailleurs à gérer les crises, échapper à la pauvreté, surmonter les transitions et se saisir des opportunités d’emploi disponibles.
« Un dispositif de protection sociale bien conçu soutient les individus en difficulté, en les aidant à sortir de la pauvreté et en les accompagnant vers l'autonomie. Il fait en sorte que les familles n’aient pas à interrompre la scolarité de leurs enfants ou à vendre leurs biens productifs en cas de choc. Il aide les femmes à créer de petites entreprises, ou les jeunes à acquérir les compétences nécessaires pour s'insérer sur le marché du travail, explique Iffath Sharif, directrice du pôle Protection sociale et emploi de la Banque mondiale. Tous ces programmes aident les individus à aller de l’avant et réussir, avec des retombées positives sur leur communauté et l’économie de leur pays. »
Pendant la COVID, les mesures de protection sociale d’urgence ont bénéficié à 1,7 milliard de personnes dans les pays en développement, démontrant ainsi l’importance de systèmes réactifs aux chocs. Les pays qui disposaient d’une infrastructure sociale solide avant la pandémie ont pu répondre plus efficacement à la crise, ce qui souligne la nécessité d’investissements proactifs dans ce domaine.
Le rapport révèle en outre de fortes disparités dans les prestations de protection sociale. Sur un échantillon de 27 pays, les femmes perçoivent en moyenne 81 cents quand les hommes reçoivent un dollar. Les populations sans filet social sont davantage concentrées dans les régions fragiles, en conflit et en insécurité alimentaire d’Afrique, d’Asie du Sud et du Moyen-Orient.
Selon le rapport, les services sociaux et les programmes pour l’emploi peuvent considérablement améliorer les possibilités de travail des populations pauvres. Et des programmes tels que les chantiers de travaux publics, les dispositifs d’assurance-chômage et les services d’insertion peuvent fortement améliorer leurs revenus. Cependant, leur potentiel est souvent sous-exploité en raison de financements insuffisants et d’une conception mal adaptée.
Le rapport préconise, à l’intention des pouvoirs publics, trois axes d'action adaptés au contexte, aux capacités et aux contraintes budgétaires de chaque pays :
Élargir la couverture de la protection sociale en investissant des ressources limitées, en particulier dans les pays à faible revenu, dans des infrastructures qui permettent de soutenir efficacement les personnes qui en ont besoin (bases de données, paiements numériques, systèmes de gestion des cas, etc.).
Adapter les aides pour permettre aux individus, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire, de passer de la survie à l’autonomie.
Mettre en place des systèmes réactifs aux chocs en renforçant les données, les modes de paiement et les outils d’alerte précoce afin d’apporter un soutien rapide et d’assurer la stabilité de l’emploi en cas de crise.
S'agissant des financements nécessaires pour mettre en pratique ces recommandations, le rapport constate qu’une meilleure utilisation des ressources existantes pourrait véritablement changer la donne. La réorientation des transferts monétaires des ménages riches vers les populations défavorisées pourrait ainsi couvrir près de la moitié du coût de la protection sociale au profit des 20 % les plus pauvres.
Dans un monde en pleine mutation, le prix de l’inaction sera plus élevé que les investissements nécessaires. Il se chiffrera en pertes d’opportunités, creusement des inégalités et fragilité accrue pour les prochaines générations.
Pour télécharger le rapport : Rapport sur l’état de la protection sociale 2025 : Le défi des 2 milliards de personnes.
Pour plus de données, veuillez consulter l’Atlas des indicateurs de protection sociale, de résilience et d’équité (ASPIRE) (a) de la Banque mondiale
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