BAKOU, 20 novembre 2024 – Djibouti est de plus en plus exposé aux vagues de chaleur extrême, aux sécheresses et aux inondations, des phénomènes qui menacent les moyens de subsistance de sa population et compromettent son développement économique sur le long terme. D’après le premier Rapport national sur le climat et le développement à Djibouti (CCDR) (a) publié par le Groupe de la Banque mondiale, sans intervention rapide, le pays pourrait perdre jusqu’à 6 % de son PIB par an d’ici 2050, soit l’équivalent de près de quatre années de production économique.
Le rapport propose une feuille de route détaillée pour permettre à Djibouti de transformer ces défis climatiques en opportunités de croissance durable et de diversification économique, en mettant en avant l’importance des investissements dans les infrastructures, les initiatives de sécurité hydrique et alimentaire, et la réforme du secteur énergétique.
Bien que Djibouti partage certains risques climatiques avec ses voisins, son rôle de plaque tournante pour la Corne de l’Afrique renforce l’importance de la résilience de ses infrastructures de transport pour toute la région. En outre, la concentration de l’activité économique dans la ville côtière de Djibouti, située en zone de basse altitude, rend la protection contre les inondations marines dues à la montée des eaux, une priorité absolue.
« Le changement climatique n’est plus une menace lointaine, mais un défi immédiat pour Djibouti. En identifiant des investissements et des actions stratégiques, le pays pourra capitaliser sur ses réalisations récentes pour établir les fondations d’un développement durable et à faibles émissions de carbone , renforçant ainsi la résilience de sa population et de son économie face aux chocs climatiques, a déclaré Stéphane Guimbert, directeur des opérations de la Banque mondiale pour Djibouti. La Banque mondiale est résolue à soutenir Djibouti dans ses efforts pour relever ces défis et bâtir une économie résiliente, inclusive et bénéfique pour tous les Djiboutiens, en particulier les plus vulnérables. »
L’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays à faible revenu, a été un partenaire clé dans l’accompagnement de Djibouti dans son processus de développement. Le CCDR de Djibouti souligne le rôle central de l’aide de l’IDA pour mobiliser les investissements nécessaires à l’adaptation climatique au cours des 25 prochaines années.
« Ce rapport souligne l'opportunité pour Djibouti d'accélérer les investissements, alors que nous avançons vers l'objectif de 100 % d'énergies renouvelables, a déclaré Ilyas Moussa Dawaleh, Ministre de l'Économie et des Finances, chargé de l'Industrie – République de Djibouti. Notre objectif principal consiste à réduire les coûts de l'énergie tout en élargissant son accessibilité. Nous nous devons de garantir que tous les Djiboutiens puissent aient accès à uneénergie fiable et abordable. Djibouti regorge de nombreuses ressources en énergies renouvelables, dont le solaire, l’éolien, la géothermie et l’hydrogène vert. »
Djibouti a déjà réalisé des investissements majeurs dans les infrastructures, lui permettant de devenir une plaque tournante résiliente pour la région, de garantir l’habitabilité dans un climat de plus en plus chaud et sec, et de diversifier son économie. Ces investissements englobent notamment les ports, le chemin de fer, les routes, la production d’énergie propre, le dessalement de l’eau et les infrastructures de distribution d'eau. Le CCDR souligne toutefois que, pour maximiser les bénéfices de ces investissements, il sera nécessaire d’injecter de nouveaux fonds, de renforcer les capacités de gestion du secteur public et de mettre en place des politiques favorisant la participation du secteur privé.
Les besoins globaux d’investissement pourraient dépasser 2,8 milliards de dollars, tandis qu’un ensemble de mesures d’adaptation prioritaires nécessiterait 1,1 milliard de dollars supplémentaires. Ces investissements peuvent rester compatibles avec l’objectif de Djibouti d’assurer à la fois la croissance et la viabilité de la dette publique, à condition qu’ils s’accompagnent de réformes économiques et de financements concessionnels pour l’adaptation. Un soutien international est particulièrement justifié, compte tenu de l’importance régionale de la résilience économique de Djibouti.
« Les solutions apportées par le secteur privé sont essentielles pour soutenir les ambitions de Djibouti en matière d’adaptation et de résilience climatiques. En capitalisant sur des investissements récents, comme le parc éolien de Goubet, Djibouti peut libérer des ressources clés pour développer des infrastructures vertes, renforcer la sécurité hydrique et progresser dans sa transition énergétique grâce à un programme ambitieux de réformes du climat des affaires, a déclaré Cheick-Oumar Sylla, directeur d’IFC pour l’Afrique du Nord et la Corne de l’Afrique. IFC s’engage à travailler aux côtés de Djibouti pour constituer une réserve de projets finançables et climato-intelligents, qui stimuleront une croissance inclusive et préserveront l’économie contre les chocs climatiques futurs. »
Rapports nationaux sur le climat et le développement du Groupe de la Banque mondiale :
Les rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) du Groupe de la Banque mondiale sont des instruments diagnostiques qui visent à intégrer les enjeux liés au changement climatique dans les stratégies de développement. Ils aident les pays à hiérarchiser les actions les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et stimuler l’adaptation tout en réalisant des objectifs de développement plus larges Les CCDR s’appuient sur des données et des recherches rigoureuses et recensent les principaux moyens de réduire les émissions de GES et les vulnérabilités climatiques, notamment les coûts et les défis ainsi que les avantages et les possibilités qui en découlent. Ces rapports proposent des mesures concrètes et prioritaires pour soutenir la transition vers une économie sobre en carbone et résiliente. En tant que documents publics, les CCDR visent à informer les gouvernements, les citoyens, le secteur privé et les partenaires de développement et à favoriser la participation au programme de développement et de lutte contre le changement climatique. Les CCDR viendront étayer d’autres diagnostics fondamentaux du Groupe de la Banque, ainsi que ses interventions dans les pays et ses opérations, afin d’attirer des financements et d’orienter ces derniers.