TUNIS, 12 novembre 2024 — L'économie tunisienne a enregistré une croissance de 0,6 % au premier semestre 2024, marquant une légère amélioration par rapport à 2023, selon la dernière édition du rapport sur la conjoncture économique de la Banque mondiale. Des signes encourageants apparaissent, notamment une amélioration du solde extérieur et une réduction de l'inflation. Parallèlement, si le secteur agricole montre des signes de reprise, d’autres secteurs clés, dont le pétrole et le gaz, l'habillement et la construction, continuent rencontrer des obstacles.
Le rapport intitulé « Équité et efficience du système fiscal tunisien » prévoit une croissance de 1,2 % pour 2024. Cette performance intervient dans un contexte de ralentissement de la croissance économique au cours de la dernière décennie, marqué par des taux d'investissement et d'épargne modérés. Le rapport insiste sur la nécessité d’augmenter les investissements pour soutenir la croissance et renforcer la concurrence.
Les énergies renouvelables font figure de secteur dynamique où les investissements et la concurrence progressent, avec la mise en œuvre d’un ambitieux programme tunisien prévoyant la construction de 500 mégawatts de capacité via des projets solaires dans les régions de Kairouan, Sidi Bouzid et Tozeur. De plus, le gouvernement prévoit 1.700 mégawatts supplémentaires d'ici 2026, visant à porter la part des énergies renouvelables à 17 % du mix électrique et ainsi économiser 1 million de tonnes d'équivalent pétrole en importations de gaz, soit environ 30 % des importations totales de gaz en 2023.
La Tunisie est aussi parvenue à contenir son déficit courant, principalement grâce à une amélioration des termes de l'échange, dont la baisse des coûts d’importation d'énergie et la hausse des prix à l'exportation de l'huile d'olive, en plus du rebond du secteur touristique. Le déficit commercial a baissé de 3,4 % sur les neuf premiers mois de 2024 par rapport à l'année précédente, représentant désormais 7,8 % du PIB, contre 8,8 % en 2023. L'inflation est tombée à 6,7 % en septembre 2024, son niveau le plus bas depuis janvier 2022, tandis que l'inflation alimentaire reste stable à 9,2 %.
La Tunisie s’oriente de plus en plus vers des sources de financement internes, la dette intérieure étant passée de 29,7 % de la dette publique totale en 2019 à 51,7 % en août 2024. Cette tendance oriente une part croissante des financements des banques vers les besoins du gouvernement et les éloigne du reste de l'économie. Elle présente également des défis pour la monnaie et la stabilité des prix.
La seconde partie du rapport examine le système fiscal tunisien, soulignant l'importance d’un meilleur équilibre entre la fiscalité sur le travail et celle sur le capital pour promouvoir une approche plus équitable. Actuellement, la charge fiscale sur le travail, y compris les importantes cotisations sociales, même pour les personnes à faible revenu, peut encourager l'informalité, freiner l'embauche et limiter les salaires. Le rapport recommande aussi davantage de transparence au sein du système fiscal pour renforcer l'équité et la responsabilité. L’instauration d'une taxe foncière annuelle et l'augmentation des taxes sur les carburants en 2023 ont constitué des mesures positives, et un rééquilibrage de la structure fiscale et un renforcement de la taxe carbone contribueraient à un cadre économique plus stable et durable.
« Malgré des défis persistants, l'économie tunisienne continue de faire preuve de résilience, et de nouvelles opportunités se présentent, souligne Alexandre Arrobbio, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie. La Banque mondiale reste déterminée à soutenir la Tunisie à relever les défis soulignés dans le rapport, en particulier pour soutenir la croissance et le développement du secteur privé. »