LIBREVILLE, le 14 octobre, 2024 – Publiée aujourd'hui par la Banque mondiale, la Note de conjoncture économique du Gabon 2024 présente des réformes qui permettraient au pays d'optimiser les recettes fiscales tout en développant le potentiel de croissance verte de son industrie du bois. Intitulé ‘Concevoir des politiques fiscales pour une gestion durable des forêts’, ce rapport présente, une analyse de l’évolution économique récente et des perspectives pour l'économie gabonaise, suivie d'une exploration détaillée du rôle des instruments fiscaux dans la promotion de la gestion durable des forêts et de la croissance économique, le thème spécial choisi pour cette édition.
Le Gabon a connu une croissance plus faible en 2023, estimée à 2,4 %, en raison de perturbations des transports qui ont impacté l'exploitation du bois et du manganèse. À la suite de résultats électoraux contestés à la fin du mois d’août, un changement de régime pacifique a inauguré une période de transition politique, les nouvelles autorités annonçant leur intention de s'engager sur la voie du renforcement des institutions, d'une meilleure gouvernance et de la transparence des finances publiques, afin de créer davantage d'emplois et d'améliorer les conditions de vie pour les populations.
Le rapport note que la position fiscale du pays s'est légèrement détériorée en 2023. Pour répondre à des besoins sociaux élevés et combler les lacunes de longue date en matière d'infrastructures, le gouvernement a augmenté les dépenses publiques en renforçant les mesures de soutien social et les investissements dans les services publics. Dans le même temps, la collecte des recettes fiscales a augmenté, mais à un rythme plus lent. Combinées à la hausse des taux d'intérêt, ces pressions sur les dépenses ont entraîné une augmentation de la dette publique. Pour l'avenir, le rapport souligne l'importance d'accélérer les réformes et de mettre en place des contrôles pour assurer des dépenses publiques plus efficaces et un meilleur recouvrement des recettes, pour permettre au Gabon de continuer à améliorer les conditions de vie sans compromettre la viabilité de ses finances publiques.
Cette quatrième édition de la Note de conjoncture économique du Gabon affirme que, bien que le Gabon doive recevoir un soutien international adéquat pour les services climatiques essentiels fournis par ses forêts, les politiques fiscales peuvent servir comme un outil complémentaire pour promouvoir les objectifs économiques et en matière de conservation des forêts.
« Grâce à des efforts de conservation dévoués, le Gabon a réussi à développer une industrie du bois locale florissante qui respecte les normes de production et de certification durables. Cette réalisation positionne le Gabon comme un pionnier et un modèle d’inspiration pour toute la région. » a constaté Aissatou Diallo, représentante résidente de la Banque mondiale au Gabon.
Le rapport indique qu'un fort potentiel de croissance existe encore dans le secteur forestier. L'industrie du bois est devenue un acteur majeur de l'économie. Elle est la première source d'emplois privés formels et représentait 3,2 % du PIB et 6 % des exportations en 2023. Le secteur forestier a également gagné en importance pour les finances publiques, contribuant à hauteur de 41,9 milliards de francs CFA au budget de l’Etat en 2023, soit l'équivalent de 0,3 % du PIB et près de quatre fois plus qu'en 2016.
Le rapport souligne l'importance des réformes en cours telles que la révision du code forestier et la mise en place d'un système de traçabilité numérique du bois pour lutter contre l'exploitation illégale. Sonia Barbara Ondo Ndong, co-auteur du rapport, souligne que « ces réformes pourraient intégrer des politiques fiscales visant à générer davantage de recettes publiques tout en promouvant davantage les objectifs de conservation du pays. »
Selon Erick Tjong, co-auteur du rapport, « les politiques fiscales pour le secteur forestier pourraient faire partie d'une stratégie plus large visant à aligner les objectifs économiques et environnementaux, en augmentant les recettes de l'État tout en promouvant la création d'emploi et une plus grande valeur ajoutée dans une industrie du bois durable. »