Les instruments de tarification directe du carbone, un élément clé de la décarbonisation, couvrent aujourd’hui pratiquement le quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale
BILBAO, 23 mai 2023—Les recettes de la tarification du carbone et des systèmes d’échange de quotas d’émission ont atteint un montant sans précédent de 95 milliards de dollars environ, indique le rapport annuel de la Banque mondiale sur la situation et l’évolution de la tarification du carbone, State and Trends of Carbon Pricing, publié ce jour. Cette performance intervient en dépit d’une conjoncture difficile pour les États, confrontés à une forte inflation, des pressions budgétaires et des crises énergétiques.
« La tarification du carbone peut s’avérer un moyen efficace d’intégrer les coûts du changement climatique dans la prise de décisions économiques, encourageant ainsi l’action climatique » a affirmé Jennifer Sara, directrice mondiale pour le changement climatique à la Banque mondiale. « La bonne nouvelle qui nous vient du rapport est que malgré les difficultés économiques, les États privilégient les politiques de tarification directe du carbone pour réduire les émissions. Mais pour parvenir véritablement au niveau de transformation voulu, il faudra faire progresser considérablement la couverture et les prix. »
La Banque mondiale suit les marchés du carbone depuis bientôt 20 ans et son rapport annuel State and Trends of Carbon Pricing est aujourd’hui à sa dixième année. Lors de la publication du premier rapport il y a une décennie, 7 % seulement des émissions mondiales de CO2 étaient couvertes soit par une taxe carbone, soit par un système d’échange de quotas d’émission. Aujourd’hui, à en croire le rapport, un quart ou presque des émissions mondiales de gaz à effet de serre (23 %) est désormais couvert par 73 instruments. Un système d’échange de quotas d’émission permet de limiter le volume des émissions de gaz à effet de serre, de sorte que les petits émetteurs peuvent vendre leurs unités d’émission excédentaires (ou « marges ») à de gros émetteurs, fixant ainsi un prix courant pour les émissions. La taxe carbone, quant à elle, attribue directement un prix au carbone en définissant un taux d’imposition des émissions.
Si les économies émergentes utilisent de plus en plus les systèmes d’échange de quotas d’émission et les taxes carbone, le marché reste dominé par les pays à revenu élevé. De nouveaux instruments ont été mis en œuvre en Autriche et en Indonésie, de même que dans certains territoires des États-Unis et du Mexique. En juillet 2023, l’Australie devrait reprendre la tarification du carbone en appliquant un système d’échange de quotas d’émission reposant sur un taux, et des pays comme le Chili, la Malaisie, le Viet Nam, la Thaïlande et la Türkiye continuent de travailler à la mise en œuvre d’une tarification directe du carbone.
Les attributions et retraits de crédits carbone ont légèrement chuté par rapport à 2021. Les conditions macroéconomiques, les critiques à l’égard des systèmes de crédits et de compensation carbone et l’engorgement des attributions sont autant de causes qui expliquent ce petit ralentissement observé l’année dernière. Le rapport relève cependant des signes prometteurs de coopération entre les pays sur les marchés du carbone dans le cadre de l’Accord de Paris.
Il réaffirme que la tarification du carbone est un moyen important d’accroître les recettes, d’orienter les flux financiers internationaux et de promouvoir l’innovation. Dans le cadre d’un ensemble de mesures plus larges, ces politiques peuvent contribuer à réaliser les objectifs de durabilité et de développement. Ainsi, bon nombre des diagnostics de base de la Banque mondiale sur le climat, les Rapports nationaux sur le climat et le développement, indiquent que les politiques de tarification directe du carbone peuvent aider les pays dans leur quête de développement.
Le rapport State and Trends of Carbon Pricing a été présenté lors de la conférence Innovate4Climate, l’événement phare de l’action climatique du Groupe de la Banque mondiale, qui a eu lieu cette année à Bilbao (Espagne) du 23 au 25 mai. La Conférence I4C, qui en est à sa septième édition, encourage le dialogue entre les secteurs public et privé à travers le monde, mettant en lumière les possibilités et les innovations pour un développement résilient et sobre en carbone, et encourageant le partage de connaissances afin de favoriser les investissements dans des solutions transformatrices, respectueuses du climat.
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