WASHINGTON, 3 mars 2023 – Selon un rapport d’évaluation rapide publié aujourd’hui par la Banque mondiale, les tremblements de terre du 6 février dernier ont causé en Syrie des dégâts matériels directs estimés à 5,1 milliards de dollars. La valeur des biens endommagés ou détruits atteindrait l'équivalent d’environ 10 % du PIB. Les dégâts s'étendent sur quatre gouvernorats, où vivent environ 10 millions de personnes.
Le rapport GRADE (a), selon son acronyme anglais, fournit une évaluation préliminaire des dommages matériels directs et de leur répartition géographique. Il repose sur une méthode d'inventaire post-catastrophe à distance qui combine un modèle d'estimation des dommages sismiques, une modélisation des risques secondaires liés aux inondations, et une évaluation de la valeur de différents actifs et secteurs. Compte tenu du degré important d’incertitude entourant cette évaluation initiale, la fourchette d’estimation du montant total des dommages directs sur la base des coûts de remplacement s'établit entre 2,7 à 7,9 milliards de dollars. Ce montant ne rend pas compte en outre de l’impact plus large subi par l'économie syrienne, tel que les interruptions de production ou d’activité, les pertes de revenus, le coût des logements temporaires et les coûts de démolition, qui nécessite une évaluation plus approfondie.
Le gouvernorat d’Alep (4,2 millions d’habitants) a été le plus durement touché, avec 45 % des dégâts estimés (2,3 milliards de dollars), suivi des gouvernorats d’Idleb (37 %, soit 1,9 milliard de dollars) et de Lattaquié (11 %, soit 549 millions de dollars). Le séisme survenu le 20 février a par ailleurs causé des dégâts supplémentaires dans les régions frontalières de Lattaquié et d’Idleb, les plus touchées, ainsi qu’à Hama et Alep. Et les répliques sismiques qui se succèdent risquent probablement d’alourdir encore le bilan des dégâts au fil du temps.
Les dommages directs infligés aux bâtiments résidentiels représentent près de la moitié du total des destructions (48,5 % de l’estimation médiane, soit 2,5 milliards de dollars), tandis qu’un tiers des dégâts (33,5 %, soit 9,7 milliards de dollars) concerne des édifices non résidentiels (établissements de santé, écoles, bâtiments publics et du secteur privé, etc.), et 18 % (0,9 milliard de dollars) des infrastructures (transports, électricité, eau et télécommunications).
Les estimations des dégâts causés au secteur résidentiel et non résidentiel correspondent aux dommages directs subis par la totalité des bâtiments et structures, ce qui inclut le patrimoine culturel d’Alep, Margat et Kobané. Ces sites sont toutefois gravement sous-estimés, la valeur associée à la perte de patrimoine culturel étant complexe et difficile à quantifier.
« Nous sommes profondément attristés par la perte tragique de vies humaines et de moyens de subsistance causée par les tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé la Türkiye et la Syrie, déclare Jean-Christophe Carret, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le département Moyen-Orient. Ces pertes viennent s'ajouter aux destructions, aux souffrances et aux épreuves subies ces dernières années par le peuple syrien. La catastrophe provoquera un ralentissement de l’activité économique qui assombrira encore davantage les perspectives de croissance de la Syrie. »
La Banque mondiale entreprend également une évaluation rapide des dommages et des besoins en Syrie, qui permettra de dresser un état des lieux plus détaillé par secteur et de fournir des estimations sur les pertes économiques et les exigences de la reconstruction.
Le 27 février, la Banque avait déjà publié, selon la même méthodologie, une évaluation des dégâts matériels provoqués par le séisme en Türkiye.
Le rapport GRADE pour la Syrie a été réalisé et financé par la Facilité mondiale pour la prévention des catastrophes et le relèvement (GFDRR) (a).
Pour en savoir plus sur les travaux d’analyse de la Banque mondiale sur la Syrie : https://www.worldbank.org/en/country/syria (a)
La Banque mondiale et la gestion du risque de catastrophe
Les catastrophes naturelles touchent plus durement les populations pauvres et vulnérables. Ces dix dernières années, la Banque mondiale s’est imposée en chef de file mondial de la gestion du risque de catastrophe, en aidant les pays à évaluer leur degré d’exposition aux aléas naturels et à faire face aux risques. La méthode GRADE (a) permet de fournir une première estimation rapide des dommages matériels subis par les secteurs clés dans les deux semaines suivant une catastrophe.