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COMMUNIQUÉS DE PRESSE04 octobre 2022

L'invasion russe en Ukraine entrave la reprise post-COVID dans les économies émergentes d’Europe-Asie centrale

WASHINGTON, 4 octobre 2022 – La guerre qui se déroule en Ukraine a assombri les perspectives de reprise après la pandémie dans les économies émergentes et en développement en Europe et Asie centrale, comme le révèle le bulletin économique régional (a) publié aujourd'hui par la Banque mondiale.

L'activité économique restera profondément enlisée tout au long de l'année prochaine, avec une croissance minimale de 0,3 % attendue en 2023, car les chocs des prix de l'énergie continuent d'affecter la région. Jusqu'à présent toutefois, celle-ci a mieux résisté que prévu à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. On s'attend maintenant à ce que la production régionale se contracte de 0,2 % cette année, sous l'effet d’une croissance supérieure aux attentes dans certaines des plus grandes économies de la région, ainsi que du prolongement des programmes de relance post-COVID par certains gouvernements.

L'économie ukrainienne devrait se contracter de 35 % cette année, alors que l'activité est gravement perturbée par la destruction des capacités de production, les dommages causés aux terres agricoles et la diminution de la main-d'œuvre disponible, puisque plus de 14 millions de personnes auraient été déplacées. Selon des estimations récentes de la Banque mondiale, les besoins pour le redressement et la reconstruction dans les secteurs social, productif et des infrastructures s'élèvent à au moins 349 milliards de dollars, soit plus de 1,5 fois la taille de l'économie ukrainienne d'avant-guerre en 2021.

« L'invasion de l'Ukraine par la Russie a déclenché l'un des plus grands mouvements de personnes déplacées et a fait payer un lourd tribut à la vie humaine et économique, souligne Anna Bjerde, vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Europe et Asie centrale (a). L'Ukraine a toujours besoin d'un soutien financier massif tant que la guerre fait rage, ainsi que pour financer des projets de redressement et de reconstruction qui pourraient être lancés rapidement. »

L'économie mondiale demeure affaiblie par la guerre du fait des importantes perturbations du commerce et des chocs sur les prix des denrées alimentaires et des carburants, qui contribuent tous à une inflation élevée et au resserrement consécutif des conditions de financement mondiales. Dans la zone euro, principal partenaire économique des économies émergentes et en développement d'Europe et d'Asie centrale, l'activité s'est nettement détériorée au cours du second semestre 2022 en raison des problèmes sur les chaînes d'approvisionnement, de tensions financières accrues et d'une baisse de la confiance des consommateurs et des entreprises. Les conséquences les plus néfastes de l'invasion sont toutefois la flambée des prix de l'énergie dans un contexte de fortes réductions de l'offre énergétique russe.

Les révisions à la baisse des prévisions de croissance pour 2023 sont généralisées dans les pays émergents et en développement d'Europe et d'Asie centrale, alors que de grandes incertitudes planent sur les perspectives régionales. La prolongation ou l'intensification de la guerre pourrait causer des dommages économiques et environnementaux beaucoup plus importants, avec un possible accroissement de la fragmentation des échanges et des investissements internationaux. Le risque de tensions financières reste également important compte tenu des niveaux d'endettement et d'inflation élevés.

Un supplément au bulletin analyse l'impact de la crise énergétique. Alors que les cours mondiaux du pétrole, du gaz et du charbon étaient déjà en hausse depuis début 2021, ils ont explosé après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, propulsant l'inflation à des niveaux jamais atteints depuis des décennies dans la région. Cette crise sans précédent a des conséquences pour les consommateurs comme pour les gouvernements, car elle restreint les capacités budgétaires, la productivité des entreprises et le bien-être des ménages.

Les pays les plus durement touchés seront ceux qui dépendent moyennement ou fortement des importations de gaz naturel pour le chauffage (qui représente 30 % de la demande énergétique), l'industrie ou l'électricité, ainsi que ceux qui sont étroitement liés aux marchés énergétiques de l'Union européenne. Ces pays doivent se préparer à des pénuries de gaz et mettre en place des plans d'urgence pour en atténuer les répercussions les plus sévères sur les ménages et les entreprises, notamment en économisant l'énergie, en renforçant l'efficacité énergétique et en mettant en œuvre des quotas ou des mesures de rationnement. Les campagnes d'incitation à des changements de comportement qui mettent l'accent sur l'efficacité du chauffage dans les maisons et les bâtiments (calfeutrage des fenêtres et amélioration de l'isolation par exemple) ne nécessitent que peu d'investissement et ont des effets immédiats.

« Les crises qui se chevauchent, à savoir la guerre en Ukraine, la pandémie et la flambée des prix de l'alimentation et de l'énergie, rappellent douloureusement que les gouvernements doivent être prêts à gérer des chocs massifs et inattendus qui se déclenchent très rapidement, ajoute Anna Bjerde. Les systèmes de protection sociale, qui sont le socle des efforts de lutte contre la pauvreté, doivent être modernisés pour être plus efficaces face à de tels chocs ainsi qu'aux défis à plus long terme. »

Le bulletin se penche aussi en particulier sur les systèmes régionaux de protection sociale, qui ont joué un rôle essentiel dans le soutien aux ménages et aux entreprises pendant la pandémie et, plus récemment, face aux retombées de la guerre en Ukraine.

Dans la région, la riposte à la pandémie reposait sur deux grands types d'instruments politiques : la protection des revenus et la protection de l'emploi, dont le rapport évalue l'efficacité pour favoriser la croissance économique, réduire la pauvreté et préserver les emplois. On constate que, à court terme, l'augmentation des dépenses consacrées à la protection de l'emploi est associée à une hausse de l'emploi et à une baisse de la pauvreté. En revanche, l'effet de ces mesures sur la croissance est moins évident.

Les enseignements tirés de la pandémie sont instructifs pour les décideurs politiques qui doivent rendre les systèmes de protection sociale adaptables et inclusifs pour répondre efficacement aux chocs économiques à court terme et aux tendances à plus long terme de transformation des marchés du travail, qu'il s'agisse de la mondialisation, des évolutions démographiques, de l'innovation technologique et des effets du changement climatique et de l'action climatique.

Les interventions visant à construire des systèmes de protection sociale tournés vers l'avenir peuvent donc combiner plusieurs leviers : i) un revenu minimum garanti conçu pour protéger les individus et les ménages contre les chocs ; ii) des réformes réglementaires qui suppriment progressivement les contraintes en matière d'embauche et de licenciement pour les entreprises, et qui soutiennent à terme la création d'emplois formels dans le secteur privé et une réduction de l'économie informelle ; iii) la couverture et la protection renforcées des groupes vulnérables ; iv) le numérique pour améliorer l’offre de services publics en qualité et en quantité.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° : 2023/ECA/18

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