WASHINGTON, 27 septembre 2022 – Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, les mini-réseaux solaires pourraient offrir un approvisionnement ininterrompu en électricité de haute qualité à près d'un demi-milliard de personnes vivant dans des zones qui en sont privées et constituer une solution à moindre coût pour combler le déficit d'accès à l'énergie à l’horizon 2030. Mais si l'on veut exploiter pleinement le potentiel des mini-réseaux solaires, les pouvoirs publics et les acteurs du secteur doivent coopérer afin de repérer systématiquement les possibilités en la matière, de continuer à faire baisser les coûts et de lever les obstacles au financement.
Environ 733 millions de personnes dans le monde (principalement en Afrique subsaharienne) n'ont toujours pas accès à l'électricité. Le rythme de l'électrification s'est ralenti ces dernières années, en raison des difficultés à atteindre les populations les plus éloignées et les plus vulnérables, ainsi que des effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19. Au rythme actuel, 670 millions de personnes seront encore sans électricité d’ici 2030.
« Aujourd'hui plus que jamais, les mini-réseaux solaires constituent une solution essentielle pour combler le déficit d'accès à l'énergie, affirme Riccardo Puliti, vice-président de la Banque mondiale pour les Infrastructures. La Banque mondiale intensifie son appui aux mini-réseaux dans le cadre plus large de son soutien au développement de programmes complets d'électrification. Avec 1,4 milliard de dollars répartis sur 30 pays, nos engagements en faveur des mini-réseaux électriques représentent environ un quart de l'investissement total des secteurs public et privé dans nos pays clients. Pour que les mini-réseaux puissent desservir un demi-milliard de personnes à l’horizon 2030, tous les acteurs de la filière doivent passer à l’action, notamment en intégrant ces systèmes dans les plans d'électrification nationaux et en concevant des solutions de financement adaptées aux risques spécifiques que présentent de tels projets. »
Le déploiement des mini-réseaux solaires s’est fortement accéléré, passant d'environ 50 projets par pays et par an en 2018 à plus de 150 aujourd'hui, et ce plus particulièrement dans les pays où les taux d'accès à l'électricité sont les plus faibles. Un essor qui s’explique par la baisse des coûts des composants essentiels, l'introduction de nouvelles solutions numériques, la présence d’un vivier important et grandissant de promoteurs très compétents, et des économies d'échelle croissantes.
Les mini-réseaux solaires sont devenus le moyen le moins coûteux pour fournir de l'électricité de haute qualité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 aux centres urbains qui ne sont pas raccordés au réseau électrique ou qui subissent régulièrement des coupures de courant. Le coût de l'électricité ainsi produite est passé de 0,55 dollar/kWh en 2018 à 0,38 dollar/kWh aujourd'hui. Les mini-réseaux solaires modernes fournissent désormais suffisamment d'électricité pour des appareils électriques essentiels : réfrigérateurs, soudeuses, équipements de mouture ou véhicules électriques... Les opérateurs de mini-réseaux peuvent gérer leurs systèmes à distance et les compteurs intelligents permettent aux clients de payer au fur et à mesure de leur consommation. Connecter 490 millions de personnes à des mini-réseaux solaires permettrait d'éviter l’émission de 1,2 milliard de tonnes de CO2.
Il sera toutefois nécessaire d’accélérer le rythme de déploiement si l’on veut parvenir à l'Objectif de développement durable n° 7 (ODD 7). Afin d’approvisionner en électricité 490 millions de personnes à l’horizon 2030, il faudra construire plus de 217 000 mini-réseaux, pour un coût cumulé de 127 milliards de dollars. Au rythme actuel, seuls 44 800 nouveaux mini-réseaux desservant 80 millions de personnes seront construits d’ici là, pour un coût d'investissement total de 37 milliards de dollars.
Le nouveau rapport, intitulé Des mini-réseaux pour un demi-milliard de personnes - Perspectives du marché et guide pour les décideurs et produit par le Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) de la Banque mondiale, recense cinq « moteurs du marché » qui permettront de réaliser pleinement le potentiel de ce secteur et de favoriser sa contribution aux efforts d'électrification universelle :
- Ramener à 0,20 dollar/kWh le coût de l’électricité provenant de mini-réseaux solaires hybrides d’ici à 2030, ce qui changerait la vie d’un demi-milliard de personnes pour seulement 10 dollars par mois
- Accélérer le déploiement des mini-réseaux pour installer 2 000 mini-réseaux par pays et par an, grâce à la constitution de portefeuilles de mini-réseaux modernes plutôt que de projets ponctuels
- Fournir un service d’excellente qualité aux clients et aux collectivités en proposant un approvisionnement électrique fiable permettant à 3 millions d’équipements et de machines de fonctionner et desservant 200 000 établissements scolaires et de santé
- Utiliser l’effet de levier des fonds apportés par les partenaires du développement et par les pouvoirs publics pour mobiliser des financements auprès du secteur privé, avec l’objectif de réunir 127 milliards de dollars d’investissements cumulés à l’horizon 2030
- Créer un environnement commercial favorable aux mini-réseaux dans les principaux pays en déficit d’accès au moyen de réglementations souples et adaptées, de politiques de soutien et de la réduction des formalités administratives
Ce rapport, le plus complet à ce jour, constitue la publication de référence de la Banque mondiale sur les mini-réseaux.