NOUAKCHOTT, 21 JUIN 2022— Selon la cinquième édition du Rapport sur la Situation Economique en Mauritanie (RSEM) de la Banque mondiale, la reprise économique du pays en 2021 a été robuste mais inférieure au niveau et potentiel de croissance d'avant la COVID-19. La croissance a rebondi de 2,4 % en 2021 grâce à une augmentation de la consommation privée et de l'investissement, ainsi qu'à une amélioration des performances du secteur des services. De même, l'impact négatif de la pandémie sur les activités humaines, économiques et sociales a sensiblement diminué en 2021, traduisant la reprise de la croissance et l'efficacité des mesures d'atténuation mises en place par le gouvernement.
Le rapport note que la Mauritanie a présenté des évolutions économiques récentes positives, notamment un solde budgétaire excédentaire, une réduction du ratio dette publique totale/PIB et une politique monétaire favorable au retour de la croissance. Grâce au succès des campagnes de vaccination contre la COVID-19, à un secteur extractif florissant et à une augmentation attendue de la contribution du secteur public, le pays semble prêt pour une croissance plus optimiste en 2022.
Cependant, le pays reste vulnérable aux chocs tels qu'une pandémie de COVID-19 plus longue, les risques sécuritaires dans la région du Sahel, le conflit prolongé en Ukraine et la sécheresse qui pourraient entraîner une baisse de l'activité économique et une augmentation de la pauvreté. À moyen terme, le gouvernement devrait se focaliser sur la viabilité budgétaire ainsi que sur le développement d’une croissance inclusive notamment grâce à un partenariat plus solide avec le secteur privé. De plus, il serait important de poursuivre une amélioration du climat des affaires et une gestion prudente de la dette.
Cristina Isabel Panasco Santos, responsable des opérations pour la Banque mondiale en Mauritanie, souligne que «la viabilité budgétaire à moyen et long terme ainsi qu’un environnement propice à la transformation économique sont des conditions essentielles pour une croissance tirée par le secteur privé et donc une réduction de la pauvreté ».
La Mauritanie bénéficie d'un secteur privé formel résilient et créateur d'emplois. Cependant, en comparaison avec d'autres économies, les acteurs du secteur formel sont peu nombreux, ne représentant qu'une petite part de l'activité économique. Ces acteurs sont freinés par des contraintes telles que le manque d'accès au financement et les faibles niveaux d'innovation et d'adoption de la technologie.
Selon le rapport, seules 14 % des entreprises du pays ont déclaré avoir obtenu un prêt ces dernières années, tandis que 12 % ont déclaré avoir besoin d'un prêt pour développer leur production mais affirment ne pas y avoir accès. La plupart de ces prêts (plus de 80 %) ont été accordés à de grandes entreprises. L'adoption de la technologie par les petites et moyennes entreprises (PME) est restée faible en 2021, en particulier en ce qui concerne son utilisation pour aider les fonctions commerciales générales, telles que les ventes, l'approvisionnement, le contrôle qualité et le marketing. L'adoption de la technologie pour l’exécution de fonctions productives, telles que l'administration, le traitement des paiements et la planification de la production, est relativement répandue, bien que l'utilisation reste limitée.
Le rapport propose des actions politiques pour remédier à ces contraintes, notamment le renforcement de l'accès au financement pour les PME, la promotion d'une plus grande sensibilisation et l'adoption de technologies par les entreprises, ainsi que la réforme de la politique de concurrence pour favoriser le développement du secteur privé et des marchés plus compétitifs.